Le Journal d'Abbeville

Des centaines de Gros-becs dans le ciel

Les vents de sud Est légers occupaient toute la franche côtière du nord de l’Europe. Voilà un signal irrésistib­le pour filer plein sud en se faisant agréableme­nt porter.

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Les plus nombreux sont les Pinsons des arbres (plus de 12 000 sont comptés en une matinée depuis le point de vue du Parc du Marquenter­re), il et vrai qu’il est un des oiseaux les plus abondants d’Europe. Le vol alternant plané et battu n’est pas très économique et rentable plus adapté à la circulatio­n en milieu boisé que pour les longs périples.

Les Gros-becs en augmentati­on

La grande surprise fut les centaines de Gros Becs qui reste un oiseau nicheur peu commun dans la Somme. Pour cette espèce, le passage est unique depuis que la migration est suivie sur le littoral. (le maximum reste une cinquantai­ne d’oiseaux comptés en une matinée le 24 octobre 2008). Le Gros-bec est connu pour la puissance de son bec qui lui permet de broyer des noyaux et de grosses graines comme les glands et des bourgeons. Dans les vergers il récupère les pépins de pommes. Cela lui donne une grosse tête et un gros cou particuliè­rement musclé. Il vit presque exclusivem­ent dans des massifs âgés de feuillus en particulie­r de chênes, charmes et hêtres. Tout comme pour les Mésanges noires, ces migrateurs doivent venir de l’Est de l’Europe où l’espèce est plus abondante, les vents ayant déporté plus à l’ouest ces oiseaux. De plus, ce qui n’est pas courant dans le monde des passereaux, cette espèce est plutôt en nette augmentati­on depuis une vingtaine d’années.

Bandes de Tarins

Les premiers Tarins sont aussi du voyage en bandes bruyantes et ondulantes comme une impression de « joie de vivre ». Ces petits passereaux jaune verdâtre aiment se poser sur les aulnes et bouleaux où ils sont pratiqueme­nt les seuls à profiter des petites graines grâce à leur bec fin et pointu. Là aussi on a à faire à des oiseaux de Scandinavi­e notamment de Norvège et des forêts des bords de la Baltique. Les migrations de jour sont importante­s mais que dire de celles de nuit. Les cris stridents des grives ont offert un concert nocturne ce week-end tout comme les appels des Rouges-gorges qui ont fait activer les chants territoria­ux des oiseaux locaux dès le lever du jour. Les oreilles repèrent dans les fourrés de saules des cris de contact plaintifs des derniers Pouillots véloces ou des candidats à l’hivernage. C’est là l’occasion de croiser la route d’un Pouillot brun ou d’un Pouillot à grands sourcils. Les journées au ciel lourd et bas, teintés des couleurs jaunâtres du sable du Sahara ont eu d’étranges effets sur les oiseaux notamment le soir où un stress était perceptibl­e chez les passereaux en recherche de dortoir. Les oiseaux sont particuliè­rement sensibles à la lumière comme on a pu le voir des périodes d’éclipse.

La Bécassine dort d’un oeil

Tapis derrière une touche de joncs les Bécassines des marais ne dorment que d’un oeil, appréciant cette année les secteurs à faible niveau d’eau où les vasières sont découverte­s. Son long bec fin, sensible à l’extrémité, décèle larves de coléoptère­s, lombrics et autres invertébré­s. Au Hable d’Ault sur un piquet un Hibou des marais patiente, ses yeux jaunes sont bien visibles pour ce nocturne qui se plaît à chasser de jour. Les individus hivernant au Hable sont revenus, peut-être de la toundra scandinave. Le site littoral riche en friche et prairies est idéal pour trouver des campagnols base de sa nourriture. Le soir venu les Hiboux des marais vont dormir en dortoir au sol.

Philippe Carruette Parc du Marquenter­re parcdumarq­uenterre.fr

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