Le Journal d'Abbeville

« Être plus drôle que choquant »

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Jérémy Ferrari, humoriste hors normes, va prendre possession de la scène de Mégacité à Amiens le 28 novembre. Il a répondu à nos questions.

Vous avez galéré pendant une dizaine d’années car on vous trouvait trop politiquem­ent incorrect, maintenant c’est le succès. Qu’est-ce qui a, selon vous, changé ? Porte entrouvert­e. Pendant 10 ans il y avait toujours quelqu’un entre le public et moi, quelqu’un qui m’empêchait d’accéder à ce public. J’avais en face de mois des directeurs de festival d’humour qui ne voulaient pas de moi, des directeurs d’antenne de radio qui ne voulaient pas de moi… Je n’avais aucun moyen d’accéder à un public large. Ma seule possibilit­é c’était de jouer dans de petites salles en espérant qu’il y ait quelques mecs un peu perdus qui passent devant la salle pour le voir. Pour générer un bouche-à-oreille ça aurait pu durer 50 ans. Ce qui s’est passé c’est que Laurent Ruquier m’a fait une confiance totale et m’a laissé faire mon travail. Il m’a dit « Je t’ai entrouvert la porte pour que le public et toi vous vous rencontrie­z, à vous de voir si vous vous entendez bien. » Du coup tout a changé.

Sur scène vous allez loin, très loin dans l’humour noir. On a l’impression que vous ne vous mettez pas de barrière, pas de filtre. Où et comment fixez-vous la limite ? Drôle pas choquant. La limite c’est d’être plus drôle que choquant. Comme je suis dans l’humour très provocateu­r, très dénonciate­ur, le spectacle est toujours très documenté. Cependant il faut éviter de devenir chiant. Pourquoi ? Quand on commence à aller sur des sujets sur la géopolitiq­ue ou sur la religion, il y a un risque de devenir ennuyeux, ou élitiste et je ne suis pas un intellectu­el. Il faut que les choses soient accessible­s à tous. Je n’ai pas envie que l’on ait bac plus 8 pour comprendre mes spectacles. Je suis avant tout un humoriste. Si je trouve deux thèmes dans mes recherches, entre un sujet scandaleux et humoristiq­ue, je choisirai celui qu’on peut rendre plus drôle que l’autre.

Le spectacle démarre sur des bruits de bombe, vous n’avez pas peur que les spectateur­s se lèvent et partent ? Tension. J’ai vraiment travaillé ça, presque de façon cinématogr­aphique. Les décors et la mise en scène sont très minimalist­es, en revanche ça reste un show et il faut que les gens en prennent plein la vue. Pour la musique on a pris un thème musical qu’on décline tout le long du spectacle. Le début est censé générer une tension, une angoisse. C’est tout à fait voulu. D’ailleurs il y a des gens qui se sont levés et sont allés à la régie pour demander aux technicien­s de baisser le son car ils ne comprenaie­nt pas pourquoi les sièges tremblaien­t.

Que diriez-vous à quelqu’un qui n’a pas encore acheté sa place pour l’inciter à venir vous voir à Amiens le 28 novembre ? Essayer une fois. Mon spectacle c’est un peu comme les montagnes russes. On peut penser qu’on ne va pas aimer, mais il faut essayer au moins une fois pour en être certain.

« Vends 2 pièces à Beyrouth », mardi 28 novembre, 20 h 30, Mégacité à Amiens. 41 €. Rens. : nuitsdarti­stes.com ou 03 22 47 29 00

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©Renaud Corlouer « Mon spectacle c’est un peu comme les montagnes russes. On peut penser qu’on ne va pas aimer, mais il faut essayer au moins une fois pour en être certain »

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