Direction du CH : « on doit cette explication à la famille »
ascal Dertin et les siens sont partagés entre incompréhension et indignation. C’est toute une famille qui souhaite savoir pourquoi leur maman est décédée au centre hospitalier deux semaines après y être entrée pour une fracture du fémur.
Abbevillois d’origine, mais habitant désormais en région parisienne, Pascal Dertin revient régulièrement dans sa ville natale pour voir sa famille et sa mère Rolande. Comme ce dimanche 4 février que relate le sexagénaire : « on venait de Paris pour emmener maman au Crotoy. Alors qu’elle mettait ses chaussures, elle est tombée en arrière et s’est cassé le fémur. On a immédiatement appelé les sapeurs-pompiers qui sont intervenus et l’ont transportée à l’hôpital d’Abbeville. »
PElle devait même intégrer le centre de gérontologie pour sa convalescence.
Avec sa soeur Florence, Pascal Dertin se souvient d’un début d’hospitalisation sans problème : « elle a été opérée en chirurgie. L’opération s’est bien déroulée. Elle devait même intégrer le centre de gérontologie pour sa convalescence. » Mais après quelques jours, l’état de santé de leur maman s’est dégradé selon ses enfants.
« Chez elle, elle mangeait bien. Mais là, elle ne s’alimentait presque plus. Je l’ai signalé au personnel soignant pendant cinq jours qu’il y avait un problème avec ma mère. Et comme j’ai un boitier relié à son capteur qui mesure son taux de glucose, je voyais qu’elle était en hypoglycémie. Elle est même tombée à 0,5 g/L. J’ai également constaté qu’elle avait un problème pulmonaire et respirait mal » fait savoir la fille de la défunte.
Le 14 février, veille du 84e anniversaire de leur maman, Pascal Dertin et sa soeur quittent la chambre de leur mère en lui disant « à demain pour ton anniversaire ». Ils n’auront malheureusement pas l’occasion de lui dire de vive voix le jour même.
« Dans la nuit du 14 au 15 février, l’état de santé de maman s’est considérablement dégradé. Elle a été transférée en réanimation vers 1h30. On a appris qu’elle avait sombré dans un coma diabétique dans la nuit... » lâche Pascal.
En lui rendant visite dans le service réanimation puis en service de soins continus, ses enfants ont rapidement compris qu’il n’y avait plus aucun espoir. « Son cerveau a été trop endommagé par le coma diabétique. Elle était encore là grâce à son coeur et ses poumons. Et c’est une battante, ma mère a dix stents au coeur ! »
Les jours qui suivront se résumeront à une terrible attente. « On nous a informés que son décès surviendrait dans quelques jours. Et le dimanche 18 février à 11h, maman s’en est allée. Notre seul soulagement a été d’avoir pu être présents à ses côtés quand elle est partie. »
On veut juste que l’hôpital reconnaisse son erreur et l’assume.
Pascal Dertin soufflant « j’étais venu pour préparer l’anniversaire de ma maman. Maintenant, on doit préparer son enterrement... » À la douleur de perdre un parent s’ajoute l’incompréhension. Désormais, les enfants et les proches de Rolande veulent avoir « des explications et la vérité sur les causes de son décès. Elle a été hospitalisée pour un fémur et elle meurt d’un coma diabétique. »
Pour la fille de la défunte « une erreur a été commise. Alors qu’elle aurait dû avoir un traitement pour faire remonter son taux de glucose, on lui aurait injecté le mauvais produit, ce qui aurait fait chuter encore plus bas son taux. On veut juste que l’hôpital reconnaisse son erreur et l’assume, pour faire en sorte que ça ne se reproduise plus. On ne veut pas d’argent, pas de dommages et intérêts. Notre démarche est juste pour connaître la vérité. »
Le travail du personnel de la réanimation salué
Pascal Dertin et les siens n’en veulent pas à l’hôpital dans son ensemble, bien au contraire en précisant : « on tient à saluer la franchise des médecins en réanimation et en soins continus ainsi que la gentillesse du personnel. Ils nous ont autorisés à rester aux côtés de notre maman jour et nuit sur un fauteuil mis à notre disposition. Ils se sont tous bien occupés de notre mère comme en chirurgie orthopédique d’ailleurs. Il y a malheureusement eu une erreur à un moment donné et on ne comprend pas. »
La famille de la défunte l’assure : « connaître les raisons et savoir pourquoi elle a sombré dans un coma diabétique nous aiderait à faire notre deuil et apaiserait notre colère. »
Contactée concernant le décès de Rolande Dertin, la direction du centre hospitalier d’Abbeville fait savoir : « nous n’avons pas encore tous les éléments en notre possession concernant le dossier de cette patiente décédée le 18 février. Ce que nous pouvons vous affirmer, c’est que l’établissement va mettre en place une revue de morbi-mortalité où seront réunis les acteurs de la prise en charge de cette patiente. Puis, nous rencontrerons la famille pour leur donner des explications. »
Le directeur adjoint de l’hôpital Michel Clément poursuit : « l’objectif est de faire la lumière sur la dégradation de l’état de santé de Mme Dertin pendant son hospitalisation et sur la chute de sa glycémie. Comprendre ce qu’il s’est passé. S’il y a une responsabilité, nous le la cacherons pas. Cette explication, on la doit à la famille. »
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PASCAL DERTIN, fils de la défunte
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LES ENFANTS DE LA DÉFUNTE