Le Journal d'Abbeville

Forte mobilisati­on pour dire non aux fermetures de classes

Une centaine de personnes était réunie sur la place de Vauchelles-les-Quesnoy pour dire non aux fermetures de classes avec un discours très fort des élus.

- • Yann DEFACQUE

a pluie n’a en rien entamé la motivation et la déterminat­ion des défenseurs de l’école rurale ce dimanche 18 février 2024 à Vauchelles­les-Quesnoy, près d’Abbeville (Somme).

Le jeune RPI (Regroupeme­nt Pédagogiqu­e Intercommu­nal) de Vauchelles-Bellancour­t créé il y a 18 mois est concerné par la carte scolaire avec à l’origine deux fermetures de classes prévues.

Suite à la mobilisati­on, le RPI ne perdrait plus qu’une classe à la prochaine rentrée. Une de trop pour les parents d’élèves et les deux maires qui ont organisé un rassemblem­ent sur la lace de Vauchelles face à l’école. Une centaine de personnes était présente avec comme mot d’ordre commun : non aux fermetures de classes.

LLa colère froide de Régis Patte

Vêtus d’une chasuble portant des messages « touche pas à mon école » et écrivant des « non » à la craie sur le sol, plusieurs enfants étaient également présents. Président de l’associatio­n des parents d’élèves de Vauchelles, Jérôme Hurtelle fait savoir : « une seule fermeture sur les deux classes ne nous satisfait pas. Pour nous, c’est zéro fermeture. Aujourd’hui, on est présent en nombre, on veut montrer qu’on est là et qu’on ne lâchera pas. On a espoir, car nos chiffres ne baissent que très peu et nous ne sommes pas les pires élèves de la classe dans l’académie. »

Un parent d’élève qui ne décolère pas : « beaucoup de parents comme moi ont acheté à Vauchelles, car il y avait tout sur place, l’école, la cantine, la salle des fêtes, une salle de motricité. »

Sur une remorque de tracteur installée sur la place entourée de ballots de paille, tel un symbole de la ruralité, les défenseurs de ces écoles en danger ont pris la parole. Régis Patte, le maire de Vauchelles-les-Quesnoy a eu bien du mal à contenir son exaspérati­on : « je suis très en colère, car on se moque de nous ! J’en veux à ceux qui sont tout là-haut. Quand M. Attal affirme vouloir défendre l’éducation nationale et la ruralité, on veut des actes. »

Une fermeture d’école, c’est une tragédie sans nom.

Solidaire avec ses homologues de l’Abbevilloi­s, le maire de Liercourt Philippe Walrave a indiqué : « j’ai connu une fermeture d’école en 2012. C’est une tragédie sans nom. Le village n’est plus le même, battez-vous. »

Maire rime plus que jamais avec solidaire à l’instar de JeanPaul Lecomte, élu de Cayeux-surMer qui a apporté son soutien au combat mené à Vauchelles et Bellancour­t : « c’est important d’être à vos côtés. C’est primordial de préserver la ruralité, car l’économie s’envole quand on ferme des classes. On perd de la proximité. Il faut lutter contre ces fermetures et la désertific­ation rurale. »

Puis, grand moment d’émotion avec l’interventi­on de JeanLuc Massalon, l’ancien directeur de l’école de Ponthoile qui a fermé ses portes en 2018 et qui avait inspiré la chanson de Gauvain Sers pour le titre phare de son album éponyme « Les oubliés ».

Très ému et au bord des larmes, l’ancien directeur d’école dont la plaie ne s’est jamais refermée a confié « une fermeture d’école a un impact dans le village et tout autour. Il faut être solidaire entre les communes. Aidez-vous les uns les autres. Non seulement ils méprisent les enseignant­s mais aussi les parents d’élèves et les élus. »

Si Haydée Leblanc, enseignant­e à l’école Alain Détré d’Abbeville a remporté une bataille en évitant une fermeture de classe dans son établissem­ent, elle poursuit sa lutte : « Ne lâchez rien. C’est un mouvement unitaire de fond pour dire aux décideurs d’arrêter de nous mépriser. On projette de fermer 58 classes pour ouvrir 8 postes hors classes, c’est une véritable honte, inacceptab­le. On en veut aux représenta­nts de l’État avec un mépris total des territoire­s. »

Décision du CDEN le 22 février

Tous attendent désormais la décision du CDEN (conseil départemen­tal de l’éducation nationale) qui rendra sa décision le jeudi 22 février. Mais quoi qu’il arrive, le combat ne sera pas terminé, annoncent parents d’élèves, syndicats et élus : « rien n’est définitif même à l’issue du CDEN. Il faudra se battre jusqu’à la fin de l’année si les fermetures sont confirmées. »

Tous participer­ont au grand rassemblem­ent prévu le mercredi 21 février à Abbeville contre les fermetures de classes prévues sur le territoire de la CABS. Rendez-vous est donné à 16h devant la mairie d’Abbeville

PHILIPPE WALRAVE

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