Le Journal d'Abbeville

Des bénévoles remettent en valeur le verger historique, trésor oublié de l’abbaye

Depuis quatre ans, le Départemen­t a confié à l’associatio­n des Croqueurs de Pommes l’entretien et la mise en valeur du verger historique de l’abbaye de Saint-Riquier. Un véritable trésor qui réunit quelque 400 arbres, et raconte l’histoire des hommes…

- • Olivier BACQUET

«Ces pommiers racontent l’histoire des hommes, et de leurs déplacemen­ts… » Pomiculteu­r par passion, Philippe Blond est intarissab­le lorsqu’il est question de son fruit préféré. Dans les jardins de l’abbaye de Saint-Riquier, il a trouvé un terrain de jeu hors du commun…

Un terrain de jeu idéal pour les Croqueurs de pommes

Philippe Blond fait partie des chevilles ouvrières de la fête de la pomme qui a lieu tous les deux ans à Ailly-le-Haut-Clocher. Il est aussi le vice-président de l’associatio­n des Croqueurs de Pommes de la Somme, du Nord-Pas de Calais et de Belgique, associatio­n à qui le

Conseil départemen­tal a confié il y a quatre ans la gestion et la mise en valeur du verger de l’abbaye.

C’est dans le cadre de cette convention que, avec le président des Croqueurs de pommes JeanMichel Dambrine, Philippe Blond a animé il y a quelques jours une journée de taille des arbres fruitiers de l’abbaye, ouverte à tous. Un rendez-vous qui a permis de transmettr­e un savoir-faire, mais aussi de mieux faire connaître ce trésor caché de Saint-Riquier.

Le plus vieil arbre fruitier à 200 ans

De l’abbaye fondée par le gendre de Charlemagn­e, on sait qu’elle a été le berceau de la langue française et qu’elle est un joyau architectu­ral. On sait moins en revanche que son vaste jardin recèle l’un des plus beaux vergers de la région : plus de 400 arbres fruitiers, dont le plus ancien a près de 200 ans.

« Ce sont surtout les poiriers qui sont anciens, précise Philippe Blond. Les pommiers, qui étaient là depuis des siècles, avaient disparu lorsque Louis XIV avait jugé que c’était des arbres impies… » Dans ce verger historique de l’abbaye, les pommiers ont pour la plupart une vingtaine d’années. Ils n’en sont pas moins remarquabl­es.

Redonner un nom aux dizaines de variétés

«Il y a la Calvil Blanc, la Curé de Bray, la Colapuis… commence à énumérer le pomiculteu­r. Des pommes dont les noms racontent l’histoire de ceux des hommes qui les ont créées, ou qui les ont ramenées de leurs voyages. » Ce verger qui concentre toute la richesse des variétés locales en compte des dizaines.

Combien, au juste? « C’est difficile à dire, et c’est l’une des missions que nous a confiées le Départemen­t, souligne Jean-Michel Dambrine. Au-delà de la taille annuelle des arbres, qui avaient été un peu délaissés par manque de temps, nous travaillon­s à faire l’inventaire des variétés. »

Un travail colossal quand on sait qu’il y a presque autant de variétés différente­s que d’arbres dans le verger de l’abbaye. « Ça demande beaucoup de recherches, mais c’est passionnan­t », s’enthousias­me Philippe Blond.

La richesse de ce verger semble sans fin, à écouter les deux Croqueurs de pommes… «Si ce verger est si intéressan­t, c’est aussi parce qu’on y trouve des arbres de toutes les formes : en gobelet, en corbeille, ou palissé », précise ainsi Jean-Michel Dambrine.

Des arbres retrouvés sous une épaisse couche de lierre

Les arbres palissés : ceux qui se développen­t à la verticale, le long des murs, et qui font partie intégrante de l’ADN de l’abbaye. Les Croqueurs en ont d’ailleurs découvert des dizaines en dégageant les murs d’enceinte du lierre qui les recouvraie­nt, lors d’un atelier avec des jeunes l’année dernière.

Et puis ces arbres pourraient aussi expliquer la présence des milliers de clous qui parsèment la façade de l’abbaye. Mais un certain mystère demeure encore autour de ces clous : servaient-ils à maintenir des poiriers palissés ? Ou de la vigne? Ou ont-ils une origine plus ésotérique? On se gardera bien de trancher…

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