Le Journal d'Abbeville

Quand les oiseaux entonnent leur mélodie

- • Philippe Carruette Parc du Marquenter­re

Premiers jours de ciel bleu et de soleil qui en font peutêtre…les premiers beaux jours de ce mois de février caractéris­é par la douceur, le vent et une constante humidité !

Il n’en faut pas plus pour redonner le « moral » aux Alouettes des champs. Haut dans le ciel, elles entonnent leur mélodie qui invite à les trouver dans cet infini bleu. Enfant, je prenais un réel plaisir à chercher ces ponts noirs sonores au milieu des nuages. Comme pour toutes espèces, le chant est un «outil territoria­l ».

Profité des déboisemen­ts humains

Il avait commencé dès janvier, mais c’était estompé ensuite avec la grisaille et les ciels bas. L’Alouette des champs originaire des steppes de l’est de l’Europe a profité des déboisemen­ts humains de l’homme agriculteu­r au fil de l’histoire.

Elle n’a pas besoin de perchoir pour entonner son chant. Ses densités de population sont très variables, reflets de la qualité des milieux et de la richesse en invertébré­s pour les futurs poussins. Cela varie de 0,4 à 1 couple pour 10 hectares sur les terres agricoles.

Ce milieu rajeuni va se refermer très vite

Elle a tendance à éviter les terres à betteraves ou de tournesol. Parfois elle peut occuper temporaire­ment de grandes clairières forestière­s de coupe à blanc, mais ce milieu rajeuni va se refermer très vite.

Toutes les études récentes s’accordent pour un déclin drastique de l’espèce plus ou moins important selon les régions depuis les années 1980 à l’instar de la Perdrix grise. On voit très bien dans notre région des secteurs encore favorables à l’espèce et d’autres qui se désertifie­nt en alouettes nicheuses même si le type de culture lui est favorable.

Les population­s ne sont guère florissant­es.

En France, on note une baisse des effectifs de près de 20 % entre 1996 et 2014 avec un « record» de -90 % pour la région des Flandres. Ce déclin qui est déjà perçu depuis les années 1970 se poursuit toujours ces dernières années alors que le nord de la France était un bastion de cette espèce en Europe.

D’autres espèces d’oiseaux aujourd’hui menacées existent en France. La grosse Alouette calandre n’a plus qu’une population de 200 couples en majorité en Crau. L’Alouette calandrell­e (3000 à 6000 couples) reste surtout présente sur le littoral méditerran­éen, les population­s plus au nord, isolées ne sont guère florissant­es.

La tache blanche est garante de la maturité sexuelle

Les bonnes conditions atmosphéri­ques et les deux jours de vents de sud-est ont favorisé la migration des grands cormorans. Tous sont des adultes au plumage rutilant. La tache blanche est bien visible sur la cuisse. Ils ont ce plumage nuptial indispensa­ble aux parades sur les sites de nidificati­on.

La population en eau douce est très florissant­e

La tache blanche sur chaque cuisse est bien visible et est garante de la maturité sexuelle de l’individu et donc digne d’intérêt pour un éventuel couple! Ces oiseaux remontent vers les grandes colonies des Pays-Bas, du Danemark ou de Norvège.

Si cette espèce est devenue très abondante en hivernage; le nombre de couples nicheurs en France continenta­le est de l’ordre de 11000 couples répartis sur 221 colonies en 2021 dont près d’un tiers en Loire-Atlantique.

Si la population continenta­le en eau douce est très florissant­e, la population côtière de la sousespèce carbo qui niche sur les falaises rocheuses (principale­ment en Bretagne) est progressif déclin avec seulement 1876 couples. Un recensemen­t national des colonies est organisé cette année en France.

Les hérons cendrés construise­nt déjà leur nid

Des vols en ligne de Spatules blanches passent sur le littoral, notamment à la pointe du Hourdel. Là aussi les oiseaux sont de retour de leur site d’hivernage souvent lointain dans le delta intérieur du Niger ou au Banc d’Arguin en Mauritanie.

Elles ont le plumage nuptial avec la huppe et la poitrine ocrée qui tranche sur la blancheur du reste du plumage. Certains oiseaux tournent audessus de la héronnière du Parc du Marquenter­re où les Hérons cendrés construise­nt déjà leur nid. D’autres ne font que passer pour continuer vers la mer des Wadden où elles nichent sur les îles hollandais­es et allemandes.

Migration prénuptial­e remarquabl­e

La pointe du Hourdel est un site de migration prénuptial­e remarquabl­e. Autant le Banc de l’Ilette et le point de vue du Parc du Marquenter­re sont connus depuis de longues dates pour le suivi de la migration automnale. Cela ne fait seulement que depuis une quinzaine d’années que ce site est irrégulièr­ement suivi de fin février à mai.

L’extrémité du cordon de galets s’avançant en estuaire s’est révélée très diversifié­e en espèces en fonction des marées et bien entendu des vents.

Bien des choses à mieux comprendre

On y voit traverser les limicoles (notamment les Barges rousses et les Pluviers argentés) tout aussi bien que les passereaux ou les grands échassiers comme certaines années ces nombreux Hérons pourprés en avril mai.

Il reste donc bien des choses à mieux comprendre voire même à découvrir même dans notre région, notamment le long des zones humides de nos vallées.

 ?? ?? Grands cormorans en plumage nuptial.
Grands cormorans en plumage nuptial.

Newspapers in French

Newspapers from France