Le Journal d'Abbeville

Pourquoi l’évêque d’Amiens s’est rendu au Salon de l’Agricultur­e…

Évêque du diocèse d’Amiens, Mgr Le Stang s’est rendu au Salon de l’Agricultur­e à Paris, en compagnie d’une délégation d’évêques. Il y a exprimé sa proximité avec le monde agricole, face à la crise actuelle et ce qu’il attendait de cette visite.

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Vous vous êtes rendu lundi 26 avril, avec une délégation d’évêques, au salon internatio­nal de l’agricultur­e, à Paris. Quel était le but de cette visite ?

Dans le contexte explosif qui secoue le monde agricole, la visite d’évêques exprime attention, soutien et amitié aux femmes et hommes qui vivent, souvent avec peine, de l’agricultur­e.

Je me suis déjà rendu à plusieurs reprises au Salon, par intérêt pour le monde agricole dont je suis issu. Par émerveille­ment aussi, je le confesse! Le Salon n’est pas qu’une vitrine pour Parisiens qui ne connaissen­t pas le rural.

Il est aussi un lieu de rencontres, de fête, et de présentati­on de l’incroyable richesse des savoir-faire de la production agricole en France. Mais il y a cette année, une gravité qui pousse à essayer de comprendre et de soutenir les voies d’avenir.

➜ Comment réagissezv­ous face à cette crise du monde agricole en France et en Europe ?

Sans grande surprise, en fait. Il y a une accumulati­on de difficulté­s, d’injustices, de politiques contradict­oires et de transforma­tions du monde agricole qui pèsent sur les personnes et la vie des communauté­s rurales.

J’ai longtemps été scandalisé par la toute petite retraite de mes parents qui avaient trimé toute leur vie dans une ferme modeste.

Que cette crise lancinante et tant de fois mise sous un couvercle explose ainsi n’est pas étonnant. Sur l’agricultur­e européenne et mondiale reposent des enjeux immenses pour l’alimentati­on et le développem­ent, dans le respect des population­s rurales et du trésor que sont nos terroirs.

Il est temps de repenser souveraine­té et proximité alimentair­e. Le premier des constats est que notre quotidien dépend de ceux qui nous nourrissen­t et que ceux-ci ont le droit de travailler dans des conditions humaines et de gagner leur vie par une profession qu’ils aiment, et que des jeunes veulent aussi exercer.

J’ai été scandalisé par la petite retraite de mes parents qui avaient trimé toute leur vie dans une ferme modeste.

L’Église peut-elle jouer un rôle dans ces évolutions ?

Tout d’abord, l’Église a une présence et un accompagne­ment des agriculteu­rs depuis des siècles. Il y a eu un formidable engagement de prêtres, vivant dans les villages, proches des gens, et aussi un engagement de beaucoup de chrétiens au fil des évolutions, des dernières décennies notamment. Cela doit nous remplir de gratitude d’abord, et balayer les critiques déplacées contre l’Église. Aujourd’hui, cette proximité demeure, même si les prêtres et les communauté­s chrétienne­s sont moins nombreux.

L’Église soutient les initiative­s pour accompagne­r les agriculteu­rs qui veulent donner du sens à leur profession, et pour soutenir ceux qui sont en difficulté. Elle soutient aussi tout ce qui permet davantage de solidarité et d’attention mutuelle entre agriculteu­rs. Elle encourage les chemins de dialogue entre agriculteu­rs pour ouvrir des voies d’agricultur­e raisonnée ou biologique respectant les écosystème­s, dans la ligne des enseigneme­nts du Pape François.

J’aimerais qu’on réfléchiss­e davantage à tout cela aussi dans le diocèse d’Amiens. Certains le font déjà (les équipes «Chrétiens dans le Monde Rural » par exemple), d’autres proposent des voies d’approfondi­ssement spirituel.

GÉRARD LE STANG évêque d’Amiens

 ?? Diocèse d’Amiens ?? L’évêque d’Amiens Gérard Le Stang (quatrième en partant de la droite) s’est rendu au Salon de l’Agricultur­e avec d’autres évêques.
Diocèse d’Amiens L’évêque d’Amiens Gérard Le Stang (quatrième en partant de la droite) s’est rendu au Salon de l’Agricultur­e avec d’autres évêques.

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