Le Journal d'Abbeville

Pourquoi la commune a signé un pacte d’amitié et de coopératio­n avec le Gabon

Depuis le sacrifice du capitaine N’Tchoréré et de ses hommes lors des combats de 1940, des liens se sont tissés entre Airaines et le Gabon. Ces liens viennent de franchir un cap supplément­aire avec la signature d’un pacte aux effets bien concrets.

- • Olivier BACQUET

e vendredi 23 février, la commune d’Airaines a signé un pacte d’amitié et de coopératio­n avec la ville de Libreville, au Gabon. « Un moment historique», pour les Airainois, qui renforce ainsi les liens qui l’unissent au pays d’origine du capitaine N’Tchoréré.

Pourquoiex­iste-t-il de tels liens entre la commune samarienne et la capitale gabonaise ? Comment s’expriment ces liens ? Réponse en 7 points…

LPour trouver l’origine de cette amitié franco-gabonaise, il faut remonter à juin 1940, en pleine offensive de l’armée allemande. Les combats d’Airaines ont été particuliè­rement violents durant la longue bataille de la Somme. Et les Tirailleur­s Sénagalais y ont occupé la première place.

Plus précisémen­t : le 53e RICMS (régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais), composé de soldats venus de ce qui étaient encore des colonies françaises. À leur tête : le capitaine Charles N’Tchoréré, unique officier resté au premier rang des combats, qui paiera son engagement de sa vie, abattu comme beaucoup de ses hommes par les nazis, le 7 juin.

Juin 1940 : l’héroïsme du capitaine N’Tchoréré

Depuis 60 ans, des liens avec le Gabon

Après le temps de la reconstruc­tion, la figure du capitaine N’Tchoréré est rapidement devenu une figure historique majeure, symbole du sacrifice de ces Tirailleur­s Sénagalais. À Airaines, des liens forts se sont tissés avec le Gabon.

Les contacts réguliers ont commencé avec l’installati­on d’une stèle dédiée au 53e RICMS en 1965, sous la mandature de Gabrielle-Marie Scellier. Depuis, une délégation gabonaise participe chaque année aux commémorat­ions de la bataille d’Airaines, début juin.

En arrivant aux affaires en 2014, le maire actuel Albert Noblesse a encore renforcé ces liens, dont il avoue qu’ils lui tiennent particuliè­rement à coeur. Dès 2016, l’associatio­n « Les Amis airainois et gabonais en action » a ainsi été créée.

« Avec cette associatio­n, nous voulions développer nos relations, grâce à des Gabonais vivant à Amiens et en Belgique qui facilitent les échanges, nous aident dans les prises de contact… » précise Albert Noblesse.

C’est ainsi que, en 2019, Airaines a envoyé un conteneur de 12 tonnes de livres, de matériels médicaux et informatiq­ues… dans la petite ville de Mounana, à 600 km à l’intérieur des terres. Depuis, la livraison de ce conteneur, le maire de Mounana est venu à Airaines à deux reprises.

Plutôt qu’un jumelage, qui nécessiter­ait la création d’une autre associatio­n avec mise en place d’un bureau, Albert Noblesse a privilégié la signature d’un pacte d’amitié et de coopératio­n. C’est ce qui a été signé officielle­ment le 23 février avec une délégation de Libreville.

Habituée d’Airaines, où elle participe chaque année aux commémorat­ions de juin, l’ambassadri­ce du Gabon Liliane Massala était présente.

Le pacte, lui, a été signé par le général de brigade Jude Ibrahim Rapontchom­bo, « délégué spécial chargé de la gestion de la commune de Libreville ».

La signature de ce pacte est hautement symbolique. « Mais pas seulement, assure Albert Noblesse : elle doit être suivie d’effets. » Outre l’organisati­on d’une nouvelle collecte, en cours, dont le bénéficiai­re au Gabon n’a pas encore été choisi, de nouveaux échanges vont ainsi se mettre en place.

« Nous aimerions accueillir des jeunes Gabonais à Airaines, et envoyer de jeunes Airainois au Gabon, annonce ainsi le maire. Si le destin tragique et héroïque du capitaine N’Tchoréré pouvait servir à ouvrir la jeunesse à d’autres cultures, à un rapprochem­ent avec l’autre, ce serait une belle victoire. »

Ces échanges pourraient être mis en place dès 2025.

Un conteneur de 12 tonnes de matériels

Un pacte très officiel

Des échanges entre les jeunes d’Airaines et du Gabon

Premier voyage au Gabon pour le maire

D’ici là, Albert Noblesse devrait se rendre au Gabon fin juin. Si la présidente de l’associatio­n airainoise Nathalie Cagny a déjà fait le voyage en 2019 pour la livraison du container, ce serait une première pour le maire, qui souhaite notamment se recueillir au pied de la stèle dédiée au capitaine N’Tchoréré à Glasse, le quartier de Libreville dont il est originaire.

« Ces échanges doivent servir à nous rendre utiles là où nous pouvons l’être», ajoute Albert Noblesse. « Lors de ce voyage, je vais ainsi rencontrer l’exploitant d’une petite parcelle agricole pour partager avec lui mon savoir-faire : il y a une vraie demande dans ce pays », précise le maire, lui-même ancien paysan.

Le socle d’une amitié durable

D’autres formes d’échange sont en cours, avec la volonté de multiplier les rencontres, les aides sous toutes les formes possibles. Plus qu’un symbole, le capitaine N’Tchoréré devient le socle d’une amitié durable, qui devrait apporter beaucoup aux Airainois, comme aux Gabonnais.

Newspapers in French

Newspapers from France