Le Journal d'Abbeville

Les premières lueurs du printemps font chanter les oiseaux

- • Philippe Carruette Parc du Marquenter­re

Que voilà de belles rares journées ensoleillé­es qui se sont succédé à la mi-mars, faisant presque oublier les longues semaines de vent, pluies et grisaille.

Soirées tout en lumière, brumes ou quelques gelées matinales ont donné d’agréables plaisirs des yeux. Arrêtons-nous un instant toujours un instant pour profiter de ces moments même quelques secondes avant de retrouver les aléas du quotidien…

Pour éviter les conflits de voisinage

En ville, sur les toits des maisons, les couples de Choucas des tours sont alignés en respectant bien un espace de sécurité pour éviter les conflits de voisinage. Ils vont nicher dans les conduits de cheminée, les cavités diverses, les transports dans le bec de brindilles et branchette­s le confirment.

À l’origine, l’oiseau nichait naturellem­ent sur les falaises littorales ou intérieure­s, il a su s’adapter à des hauteurs artificiel­les bien plus sécurisant­es. La femelle ne commence généraleme­nt à pondre et à couver seule ses 4 à 6 oeufs qu’à partir de fin avril.

Ils partagent les dortoirs

On l’a même vu s’installer dans des terriers. C’est dans les champs, sur les pelouses et prairies que la nourriture est recherchée. Ce petit corvidé à l’oeil bleu toujours vif et à la nuque grise n’est pas difficile et est vraiment omnivore. Chez nous, les couples nicheurs fidèles à vie au partenaire sont bien sédentaire­s. Mais en hiver, des oiseaux nés en Allemagne ou aux Pays-Bas viennent hiverner dans nos champs en compagnie des Corbeaux freux dont ils partagent les dortoirs.

Pour défendre son territoire

Chez le Troglodyte, ce petit passereau remuant comme une souris, tout est activité en mars. Le mâle chante puissammen­t à tue-tête. Il est connu que souvent plus l’oiseau est petit et terne et plus son chant est audible; il faut bien se faire remarquer d’une manière ou d’une autre !

Quand il lui reste « un moment», le mâle troglodyte construit non pas un, mais des nids. Trois ou quatre boules de mousse pour attirer une femelle qui devra choisir.

Petit le troglodyte, mais costaud !

Le choix du nid effectué (et le mâle qui va avec bien entendu!) elle garnit l’intérieur avec des plumes. Certains mâles performant­s peuvent parfois avoir 3 nids d’occupés dont trois femelles à nourrir lors de la couvaison et autant de couvées à élever. Petit le troglodyte, mais costaud !

De retour du bassin méditerran­éen

Les premiers passereaux migrateurs de proximité sont arrivés. C’est le cas notamment du Pouillot véloce venu du bassin méditerran­éen. Voilà le candidat idéal pour se familiaris­er avec les chants. Discret de plumage et de taille (7 grammes), son chant unique «tsiep tsiep tsiep» est facile à mémoriser. On l’appelait le compteur d’écus autrefois du fait de ses appels mesurés qui lui donnaient l’impression de compter des pièces. La Fauvette à tête noire est la première fauvette de retour du bassin méditerran­éen.

À vrai dire seul le mâle à une « casquette » noire, chez la femelle elle est roussâtre. Cet oiseau est maintenant suivi de manière rigoureuse dans ses déplacemen­ts migratoire­s.

Elles partent en fin d’été

Depuis les années 1990, les ornitholog­ues se rendent compte que de plus en plus de Fauvettes à tête noire nichant en Allemagne hivernent en Angleterre. Au lieu de prendre un axe habituel Nord-Sud vers l’Espagne ou l’Italie, elles partent en fin d’été en direction plein ouest. Des oiseaux pionniers ont commencé, survécu en Angleterre grâce notamment aux nombreuses mangeoires dans les jardins et des hivers de plus en plus doux.

Une partie d’une population totalement changée

Maintenant plus de 15000 Fauvettes à tête noire hivernent en Grande-Bretagne. Elles sont des plus gagnantes diminuant de moitié leurs distances de déplacemen­ts. Constatati­on encore plus remarquabl­e des poussins de Fauvettes nés en Allemagne de parents hivernant en Angleterre choisissen­t eux aussi de mettre le cap à l’Ouest.

En l’espace de 4 ou 5 génération­s de Fauvettes à tête noire, une voie de migration a pour une partie d’une population totalement changé.

Elles se délectent de pommes

On parlait généraleme­nt de plusieurs centaines d’années pour modifier de tels éléments ancestraux. Notre région n’est pas épargnée par cette nouveauté. De plus en plus de Fauvettes à tête noire sont vues en hiver dans nos jardins et aux mangeoires où elles se délectent de pommes mises au sol ou piquées dans une branche.

Les captures pour le baguage n’ont pas encore prouvé leur origine, ces oiseaux viennent-ils eux aussi d’Allemagne, d’ailleurs, ou est-ce des nicheurs locaux ?

Sur une antenne de télévision

Bruants des roseaux, Serins cinis, Rougequeue­s noirs retrouvent leur poste de chant, le premier sur une tige de phragmite, les deux autres sur une antenne de télévision. Chacun à sa conception de la modernité.

Dans les champs bocagers, c’est le Bruant jaune qui entonne sa ritournell­e proche du début de la 5e symphonie de Beethoven. Ce gros passereau granivore est en total fort déclin dans toute l’Europe dans nos milieux ruraux fortement simplifiés voir aseptisés.

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Pixabay Le Choucas des tours

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