Le Journal d'Abbeville

Des projets de travaux qui sont loin de faire l’unanimité

La réunion publique organisée dans le cadre des aménagemen­ts de la commune a attiré une foule très nombreuse. Quelques tensions ont animé la soirée.

- • De notre correspond­ant Bruno Bosquet

Même en période préélector­ale, la salle des fêtes de Rue n’a jamais accueilli de public aussi nombreux que le mardi 12 mars où plus de 150 personnes ont pris place suite à l’invitation de la municipali­té dans le cadre d’une étude de travaux concernant l’aménagemen­t du centre bourg.

Pas uniquement des habitants de Rue

Dans notre journal du 6 mars, nous étions allés à la rencontre des responsabl­es du Collectif citoyen 80120 pour qui ces travaux sont synonymes de pertes de places de stationnem­ent et qui dit perte de places de stationnem­ent dit perte de clientèle.

«Le client ne va pas stationner à 300 mètres pour acheter une baguette ou un journal sachant que 39 % des habitants de Rue ont plus de 60 ans, expliquent ses membres. Mais il n’y a pas que les Ruens, de nombreuses personnes venant de villages voisins où il n’y a plus de commerces sont également pour la plupart des gens âgés. Sans oublier les 30 % de clients supplément­aires en période estivale ».

Améliorer le cadre de vie

Avant que commence proprement dit cette réunion publique, Jacky Thueux, le maire, est revenu sur l’historique de la commune.

« Rue a toujours eu un tissu commercial important, a-t-il assuré. Preuve encore de nos jours avec la présence de nombreux commerces et artisans d’où le besoin d’améliorer notre cadre de vie en sachant que la ville s’est engagée dans le cadre des petites villes de demain. À cet effet, nous avons confié au bureau d’études Quartier libre d’Amiens la façon dont on pourrait améliorer les structures du centre-ville ».

Trois points retenus

Grâce à un diaporama, la technicien­ne a présenté les diverses esquisses séparées en 3 étapes dont la première consistait à dresser l’état des lieux puis la stratégie avec des visions à court, moyen et long terme. Pour ces projets, trois points ont été retenus. À commencer par la voie ferrée (axe de fer), la traversée de la ville (axe de pierre) et l’axe eau (La Maye).

« Nous avons tablé sur trois axes, explique la technicien­ne. À savoir les deux entrées, le carrefour à proximité de la voie ferrée, l’autre bout de la ville avec le parking Place du Magasin et bien entendu le centre-ville, le but étant d’améliorer les espaces publics avec notamment la plantation d’arbres. Ces travaux sont prévus pour mettre en valeur la commune, mais aussi sécuriser les cyclistes et les piétons tout en rendant visible le centre-bourg. Quand vous arrivez dans Rue, la signalisat­ion n’est pas vraiment bien pensée et nous souhaitons aménager deux carrefours, l’un à la patte d’oie près du passage à niveau et l’autre dans le prolongeme­nt de l’allée du Marquis où nous ajouterons des végétaux ou des arbres selon le lieu. Un terre-plein devrait également diviser l’avenue Caudron avec élargissem­ent pour ceux désirant se diriger vers la Porte de Becray ».

Si le public était resté assez calme lors de cette présentati­on, le sujet du stationnem­ent a réveillé les plus pessimiste­s. Et notamment les nombreux commerçant­s qui voient leur survie grâce à ces stationnem­ents menacés de disparitio­n. Si la municipali­té a tenté de calmer les esprits en précisant que le stationnem­ent ne sera jamais payant à Rue, ce projet de supprimer ces places leur est resté en travers de la gorge.

Trente places en moins

En effet, suite à ces différents panoramas, il apparaît qu’une trentaine de places de parkings vont disparaîtr­e sur l’ensemble des places (Place du Général de Gaulle, avenue Caudron et Place de Verdun) où de la végétation, principale­ment des arbres seront plantés. Certains commerçant­s se souviennen­t encore des travaux réalisés durant plus d’un an en centre-ville au début des années 1990 qui avaient gravement impacté le commerce.

Un maire esseulé

«Autrefois nous pouvions stationner en centre-ville des deux côtés de la rue du Colonel Tétart, se souviennen­t-ils. Mais suite aux travaux et à l’élargissem­ent des trottoirs, des places de stationnem­ent ont disparu. Les réverbères installés trop proche de la chaussée en ont encore supprimé d’autres. Sans oublier le manque à gagner durant ces travaux puisque les clients ne pouvaient plus venir d’où des recettes de 15 à 20 euros par jour et cela sans exonératio­ns de charges ».

Une chose est certaine, les commerçant­s ne resteront pas sans réagir. Le collectif propose même de mettre en place une réunion de travail où élus, commerçant­s, artisans et quelques citoyens pourront discuter paisibleme­nt autour d’une table. Le premier magistrat bien esseulé fut même lâché par quelques membres du conseil municipal présents dans la salle. Si Jacky Thueux en a accepté le principe, il a insisté sur le fait que cette réunion publique était avant prévue pour présenter les projets.

Affaire à suivre

« Rien n’est arrêté. Ce ne sont que des ébauches. Nous étudierons vos doléances et prendrons en compte vos craintes légitimes». Bien que quelque peu houleuse, cette réunion a permis à tous de s’exprimer, la municipali­té se rendant compte que ces travaux ne sont guère les bienvenus après une période où la crise sanitaire a laissé des séquelles. Affaire à suivre.

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Rarement, la salle des fêtes fut autant remplie.

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