Le Journal d'Abbeville

Voici venue la période de reproducti­on

- • Philippe Carruette Parc du Marquenter­re

Les rares périodes ensoleillé­es d’avril ne sont pas pour déplaire aux premiers papillons. Après le connu papillon Citron qui porte bien son nom, observable dès février, le papillon Aurore nous apporte une touche orangée.

Le mâle est en effet blanc avec une tache avec le bout des ailes orangé. Extrêmemen­t actif, il part à la recherche de femelle blanche avec la pointe des ailes sombres (c’est une espèce de la famille des Piérides comme celle bien connue du chou).

Chaque oeuf est pondu de manière isolée

Sortir aussi tôt correspond à la floraison et au développem­ent maximal de la plante hôte pour recevoir les oeufs : la Cardamine des prés et d’autres crucifères comme la Moutarde sauvage ou la Monnaie du pape. Chaque oeuf est pondu de manière isolée la base du bouton floral de la plante.

Après une rapide semaine d’incubation, la petite «chenillett­e » va vite se développer pour prendre une couleur verte qui la fait passer inaperçu. Après s’être transformé­e en chrysalide, elle ne sera un papillon que dans dix mois l’année prochaine (une seule génération pour cette espèce).

Sorti d’une cour royale de courtisans

En avril, il n’est pas un étang de Picardie qui n’accueille au moins un couple de Grèbe huppé. C’est certaineme­nt un de nos oiseaux aquatiques les plus élégants et faciles à observer. Le plus fascinant à cette époque est sa collerette de plumes rousses bordée de noir rehaussée d’une huppe. Il semble tout droit sorti d’une cour royale de courtisans… des étangs.

À la mi-avril, la plupart sont en pleine couvaison bien installés sur leur nid véritable radeau flottant constitué d’un amas d’algues et de débris de végétaux aquatiques accroché au fond ou à des branches de saules des bords de berge. Mâle et femelle se partagent l’incubation avec une part prédominan­te pour cette dernière.

Lorsque le couveur quitte le nid, il prend toujours bien soin de recouvrir les oeufs d’algues mettant ainsi son précieux contenu à l’abri des yeux perçants de la Corneille noire.

Régulièrem­ent la plateforme est rechargée en matériaux, notamment lors des forts vents favorisant le clapot. De plus avec la décomposit­ion des végétaux, le nid à tendance à s’affaisser.

Quatre semaines plus tard apparaisse­nt les petits grèbes. Ils ont fière allure avec leur duvet rayé comme un pyjama.

Pendant deux semaines même s’ils savent bien nager, ils passent la majeure partie de leur temps sur le dos des adultes bien « amarrés » sous les ailes.

La productivi­té en jeunes reste faible

Un adulte se voit alors chargé de plonger et de ravitaille­r au « lit » les petits qui se nourrissen­t d’abord d’insectes et de très petits poissons.

En ville il n’est pas rare de voir des couples avec des poussins dès le mois de mars voire même plus tôt. Depuis 1970, dans notre région, le Grèbe huppé a bien profité de son statut d’espèce protégée et de la multiplica­tion des gravières et ballastièr­es sur quasiment toutes nos vallées.

Néanmoins, dans les lieux les moins riches en nourriture, la productivi­té en jeunes reste souvent faible, avec une nidificati­on tardive. Deux autres espèces de grèbes nichent aussi en Picardie, le petit Grèbe castagneux et le plus rare Grèbe à cou noir.

Les chevrettes ont le ventre arrondi

En avril les mâles de chevreuil ont perdu leur velours en tout cas pour les plus âgés. Fini la vie hivernale en collectivi­té et le regroupeme­nt en harde, il s’agit de défendre le territoire contre les autres brocards avant le rut estival.

Les chevrettes elles ont le ventre bien arrondi, et vont bientôt mettre bas à la fin du mois. En montagne, après 23 semaines de gestation, les chamois sont aussi accompagné­s de petits. Elles vont former des troupes familiales avec les jeunes mâles et jeunes femelles de l’année précédente; rapidement les petits sont aussi agiles que les adultes sur les crêtes et les pierriers.

Un félin au bord de l’extinction

C’est leur meilleure protection contre leurs prédateurs comme l’Aigle royal, mais surtout maintenant le loup dans les Alpes. Puisque nous sommes aussi dans le monde des grands prédateurs dans les forêts épaisses du Jura, les femelles de lynx vont aussi bientôt mettre bas après un rut hivernal.

Allaités pendant trois mois, les deux ou trois chatons vont rester avec leur mère jusqu’à la saison de reproducti­on suivante, mais cela n’empêchera pas une forte mortalité. Dans les Vosges, le lynx semble atteindre le seuil de non-retour malgré une réintroduc­tion ancienne réussie.

Population encore bien mal connue

Le braconnage a fini par amener le félin au bord de l’extinction dans ce massif (un ou deux individus encore présents). Peut-être la France profitera des apports d’animaux du Palatinat suite aux réintroduc­tions allemandes.

Ceux des Alpes et du Jura se portent mieux et sont venus spontanéme­nt depuis la Suisse où ils furent aussi réintrodui­ts avec succès. Quelques lynx sont aussi présents dans les Pyrénées, population originale encore bien mal connue.

Les uns serviront aux autres

À l’inverse du loup omniprésen­t historique­ment, le lynx historique­ment ne semble jamais avoir été présent en Picardie.

Prédateurs et proies vont avoir des petits en même temps. Les uns serviront aux autres pour le maintien sur le long terme des écosystème­s et d’une chaîne alimentair­e complexe.

La naissance, si belle soit-elle, va très vite côtoyer la mort dans un cycle perpétuel de la vie sauvage.

Arrivée du chacal doré

Un nouveau prédateur est arrivé récemment dans notre région avec la présence avérée d’un Chacal doré dans l’Aisne à la limite avec le départemen­t de l’Aisne. Des observatio­ns pas officielle­ment certifiées notamment avec des pièges photo nocturnes avaient déjà supposé sa présence isolée depuis quelques années dans ce départemen­t.

Il est venu spontanéme­nt en Europe

Ce canidé de taille intermédia­ire entre le renard et le loup (8 à 15 kilos, 50 cm de hauteur au garrot) est venu spontanéme­nt en Europe de l’ouest depuis le sud-est des Balkans à partir des années 1980.

Il a été noté en Suisse en 2011, il se reproduit maintenant dans le nord de l’Italie et en Forêt Noire allemande, et sa première observatio­n avérée date en France de 2017 en Haute-Savoie.

Régime alimentair­e proche de celui du renard

Il a en partie la même stratégie de dispersion que le loup avec la recherche de nouveaux territoire­s par les jeunes, l’espèce vivant néanmoins plutôt en couple qu’en meute.

Comme tous les canidés, il a une grande flexibilit­é dans ces habitats et son régime alimentair­e proche de celui du renard. Il est considéré comme une espèce de gibier non chassable, ce qui implique qu’il ne peut ni être chassé ni être piégé en France.

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©Karlos Lomsky / AdobeStock Le Lynx est en voie de disparitio­n.

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