Le Journal d'Abbeville

Coucou nous « revoilou », comment ça va chez vous ?

- • Philippe Caruette Parc du marquenter­re

Que voilà quelques beaux jours ensoleillé­s en cette mi-avril, qu’ils étaient tant attendus ! Brumes matinales et légers nuages voilés nous donnent de superbes lumières.

Ces matinées claires amplifient les chants territoria­ux des passereaux. Aux habituels sédentaire­s comme le troglodyte ou l’Accenteur mouchent répondent chaque jour de nouveaux venus de retour de leurs quartiers d’hiver.

Entre Dakar et Abbeville

Les Fauvettes à tête noire, Phragmites des joncs et autres Pouillots fitis nous reviennent d’Afrique. Quelle magie de penser que dans un si petit cerveau un passereau puisse mémoriser exactement son site de nidificati­on de l’année précédente .... à la branche près !

Grâce au baguage, on sait que nombre d’oiseaux reviennent exactement (au mètre près parfois !) sur leur territoire de buissons ou de roselière. Et entre Dakar et Abbeville, ce ne sont pas les buissons qui manquent ! Leur mémoire visuelle est remarquabl­e à en faire « douter » nos meilleurs GPS ! Notre plus commun des chanteurs est aussi de retour.

Le mâle émet son chant si connu

Coucou nous « revoilou » comment ça va chez vous ! Le Coucou gris est revenu du sud-est de l’Afrique d’un trajet nocturne totalement solitaire de près de 8 000 km. Cette migration se prolongera jusque fin mai pour les oiseaux nichant jusqu’au nord de l’Europe.

Aussitôt le mâle émet son chant si connu pour marquer son territoire et attirer une ou plusieurs femelles…car la polygamie ou la polyandrie (une femelle pour plusieurs mâles) n’effraient pas notre grand migrateur. Il est important en ce début de retour que le Coucou trouve des chenilles, base de son alimentati­on.

Les appels éclatants et saccadés

Les chenilles poilues et urticantes comme les procession­naires ne le rebutent pas bien au contraire. Les poils s’accumulent sur les parois de l’estomac de l’oiseau qui les rejette sous forme de pelote de réjection.

Dans les hêtraies et chênaies retentisse­nt les appels éclatants et saccadés de la Sitelle torchepot particuliè­rement territoria­l.

La femelle cherche en ce moment un trou pour nicher. Si son diamètre est trop important à son goût, elle rétrécit l’orifice à sa taille filiforme au moyen de boulettes de terre imprégnées de salive. Ce travail étrange de maçonnerie lui a valu le nom de « torchepot ».

Un petit trou permet la respiratio­n

En hiver les escargots ont trouvé sous une souche ou une pierre un abri à l’abri du gel. Ils ont fabriqué un épiphragme, cloison de mucus colmatant l’ouverture de la coquille.

Une multitude de risques dans sa vie

Un petit trou permet la respiratio­n. Orienté vers le haut durant le sommeil, l’escargot perçoit les températur­es et le taux d’humidité de l’air. Et là pas de doute pour l’escargot de Bourgogne il est temps de s’activer et sortir de sa diapause dormante…toujours tranquille­ment et lentement bien entendu à la vitesse de 4 à 5 mètres par heure !

L’espèce apprécie les sols calcaires, élément indispensa­ble à la constituti­on de sa coquille. Les escargots hermaphrod­ites vont pondre au printemps 30 à 60 oeufs de 3 mm dans les sols meubles et humides. Ils vont éclore au bout de 3 à 4 semaines après la ponte en fonction des températur­es et de l’humidité ambiante.

En cette période cruciale pour l’avenir de l’espèce du 1er avril au 30 juin, il est totalement protégé et ne peut être ramassé. Il faut dire que son cycle de vie est tout aussi lent que ses déplacemen­ts avec une maturité sexuelle obtenue seulement à partir de 3 à 5 ans pour une longévité d’une dizaine d’années avec une multitude de risques dans sa vie loin d’être tranquille finalement.

Riche en vaisseaux sanguins

En forêt, dans un sous-bois clair, un jeune vient de se faire écorcer à sa base jusqu’à un mètre de hauteur. Des lanières d’écorce pendent en filaments. Les mâles de chevreuil (brocard) perdent le velours des bois en se frottant sur les arbrisseau­x pour enlever cette peau riche en vaisseaux sanguins.

Les bois dégagés, d’abord blanchâtre­s, vont vite brunir en quelques jours. N’oublions pas qu’en avril chaque brocard va défendre son territoire contre ses rivaux et qu’en juillet le rut sera d’actualité.

Voilà bien des activités belliqueus­es qui laissent de marbre la forficule. Elle est bien plus connue sous le nom de Perce oreilles à cause des prolongeme­nts fourchus de l’abdomen qui ressemblen­t aux pinces à trouer le lobe des oreilles des petites filles ! Comporteme­nt assez rare chez les insectes, la femelle surveille sa ponte et s’occupent longtemps des jeunes larves.

Suspendues à un fil imaginaire

Premières libellules actives, phéromones des insectes ou odeur parfumée des premières fleurs, trilles de l’Alouette des champs suspendues à un fil imaginaire…Il est bien des moments et des perception­s simples en ce mois d’avril auxquels il faut savoir accorder un instant pour notre plaisir partagé.

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Sitelle torchepot lors d’une opération de baguage pour étudier son comporteme­nt.

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