OSAE : un jeune homme de 21 ans à la baguette
À seulement 21 ans, l’élève du conservatoire de Rouen est le nouveau chef d’orchestre de l’orchestre symphonique de l’agglomération elbeuvienne.
Une nouvelle époque a commencé à l’orchestre symphonique de l’agglomération elbeuvienne (OSAE). Pour son concert de rentrée, vendredi 30 septembre à Caudebec-lèsElbeuf, l’ensemble musical a été dirigé pour la première fois par son nouveau chef d’orchestre, Félix Pognon.
« Nous sommes vraiment heureux de l’avoir parmi nous » , s’enthousiasme Michel Lecerf, président de L’OSAE, qui avait repéré Félix Pognon lors d’un concert à Bois-guillaume, en début d’année, avant de le convaincre de rejoindre la formation elbeuvienne. « Il a une grande souplesse de geste et une autorité naturelle », poursuit le président, qui n’a pas été freiné par la jeunesse du chef, âgé de seulement 21 ans, une rareté dans ce rôle.
21 ans et déjà chef
Également à la baguette à l’harmonie de Romilly-sur-andelle et à l’orchestre compartiment 7, qu’il a lui-même créé, Félix Pognon est étudiant au Conservatoire à rayonnement régional de Rouen. Pianiste de formation, il s’est orienté vers la direction « un peu par hasard », de son propre aveu, en suivant la classe de Claude Brendel, le directeur du Conservatoire. Là où la plupart des étudiants décrochent et préfèrent la pratique d’un instrument,
là où la plupart des aspirants chefs ont plusieurs années en tant que musicien professionnel au compteur, Félix Pognon persévère. Mieux, il s’épanouit, au point de privilégier la direction d’orchestre pour son avenir professionnel. Sans toutefois laisser le piano sur la touche, puisqu’il prépare actuellement son Diplôme d’études musicales sur cet instrument.
« De toute façon, cela n’est pas incompatible, ajoute-t-il. Souvent, les grands chefs d’orchestre sont souvent des pianistes. Le piano est un instrument à plusieurs voix et nous avons donc l’habitude d’avoir une vision plus globale. » Cela ne devrait pas
être un problème, car il a commencé le piano à l’âge de 6 ans, poussé par sa mère, professeur de piano, et son père, professeur de musique dans un collège. Une vraie famille de musiciens, puisque les deux autres frères de Félix sont également pianistes.
En tant que jeune chef d’orchestre, son défi est de faire oublier aux musiciens qu’ils sont parfois plus expérimentés que lui. « Même si je n’aime pas trop cela, il faut montrer qu’on est le meilleur, sinon on ne se gêne pas pour te faire comprendre que tu n’es pas à ta place, assure-t-il. De plus, dans un orchestre professionnel, il faut qu’il y ait un lien artistique entre le chef et les musiciens. Et de bons rapports humains dans les orchestres amateurs. Sinon, cela ne se passe pas bien. »
« Il a su se faire apprécier »
À ce niveau-là, Michel Lecerf ne se fait pas de souci. « J’ai déjà vu des jeunes chefs se faire dominer par des musiciens, explique-t-il. C’était plus le chef qui suivait les musiciens que l’inverse, mais ce n’est pas le cas avec Félix à L’OSAE. Il a su se faire apprécier, par ses compétences, mais aussi par sa patience et son humour. » Le président est d’autant plus satisfait de son nouveau chef d’orchestre, que Félix Pognon incarne une forme de modernité. Il s’est lancé pour défi d’attirer des jeunes, aussi bien comme musiciens que spectateurs, ce qui passe notamment par l’ajout de musique de films au répertoire de L’OSAE. « Ce sont des morceaux que les jeunes gens ont déjà entendus à leur insu. Cela peut être un bon moyen de les inciter à écouter de la musique symphonique », espère celui qui envisage de faire jouer à ses musiciens des extraits du Parrain et même de La soupe aux choux. Signe que les temps sont vraiment en train de changer à L’OSAE.