« Les communes ne savent plus où elles habitent »
« Il n’aura fallu que peu de temps pour que les Françaises et les Français découvrent combien l’alliance entre une partie de la droite et du Parti socialiste ne pouvait aboutir qu’à une politique de droite. Depuis son élection le président de la république et son gouvernement ont engagé au pas de charge, souvent au mépris de la démocratie, une série de mesures qui toutes montrent combien son projet politique est de servir le monde de la finance » a déclaré mardi 3 octobre Noël Levillain, maire communiste de Tourville-la-rivière et président du groupe Front de gauche à la Métropole Rouen Normandie, à l’occasion d’une conférence de presse, donnée en mairie de Saint-etienne-du-rouvray à quelques jours du conseil communautaire de rentrée. « La nouvelle loi dite travail et les dernières annonces relatives au dépeçage de l’impôt sur la fortune montrent à qui le président et le gouvernement souhaitent s’adresser : au Medef et à la finance ».
Mais venons-en à la Métropole. Les élus Front de gauche s’inquiètent de voir les communes mises « à l’index et à la diète », suite à l’annonce d’une extension du déficit public de 13 milliards. « Cela replace les collectivités au premier rang de celles et ceux qui doivent payer l’addition. Les communes, les intercommunalités, les départements sont particulièrement visés. Les nouveaux sacrifices à consentir deviennent insupportables dans la gestion quotidienne de ces collectivités » .
Pour autant, le Front de gauche reste opposé aux regroupements de collectivités ainsi qu’à la recomposition des territoires départementaux en les Noël Levillain (au centre) : « Tous les mois, le pays crée l’équivalent de deux stades Robert-diochon de chômeurs ».
vidant, lorsqu’ils comprennent une métropole, de leur substance au profit de cette dernière. « Il faut que la Métropole se pose, arrêter de courir vers toujours plus de périmètres d’intervention plus grands. Toutes les compétences ne sont pas encore développées ! »
Pour Noël Levillain, la Métropole doit être au service des communes : « N’oublions
pas que ce sont elles qui la financent. Sans les communes, la Métropole n’existerait pas, l’inverse oui ». « Les communes ne savent plus où elles habitent et cette stratégie du mouvement perpétuel n’a pour autre objectif que d’uniformiser le territoire européen pour l’amener vers une Europe fédérale, poursuit le maire de Tourville. Elle est aussi une aubaine pour
le marché qui, à terme, aura accaparé nombre de services relevant encore aujourd’hui du domaine public ».
Le Front de gauche souhaite que soient reconsidérées les priorités dans le projet métropolitain. « Nous sommes en retard au niveau du développement économique. Il ne faut pas voir l’attractivité du territoire à travers le seul prisme du tourisme ou de l’image. Ce territoire a cette chance de rassembler la quasi-totalité des filières industrielles que compte le pays. Alors, que tous les mois, le pays crée l’équivalent de deux stades Robert-diochon (N.D.L.R. : le stade du FCR et de QRM) de chômeurs, c’est cette ambition qu’il faut avoir pour répondre au problème du chômage, développer l’emploi, générer des recettes ».
Estimant par ailleurs qu’il est nécessaire de travailler sans relâche à l’équité territoriale, les élus Front de gauche ne souhaitent pas voir la Métropole devenir une collectivité locale. « Nous envisageons défavorablement l’idée de l’élection au suffrage universel du président devenant « supermaire », sanctuarisant la supra-communalité » .
Patrick PELLERIN