Le Journal de l'Orne

Méthanisat­ion : la Région obtient de nouvelles règles du jeu pour contrer les dérives en Normandie

Les services de l’État ont garanti des contrôles sur les unités de méthanisat­ion pour lutter contre les dérives constatées. La Région Normandie a donc décidé de réinstruir­e les dossiers de subvention.

- Maxence GORREGUES

Financeurs publics et acteurs de terrain ont trouvé un accord. Les termes en ont été dévoilés à Caen, lundi 18 mars, au sujet du développem­ent des unités de méthanisat­ion en Normandie.

Ces unités qui produisent du biogaz sont en plein développem­ent dans la région. La Normandie en comptait 77 en 2019, pour en dénombrer près de 200 cinq ans plus tard. Alors qu’une vingtaine de projets supplément­aires était à l’arrêt depuis plusieurs mois, leur instructio­n ayant été suspendue par le Conseil régional de Normandie, le feu vert vient d’être de nouveau activé.

Du maïs détourné de sa vocation

« Nous avons observé des dérives, explique Hervé Morin, le président de la Région. Il nous a donc fallu réviser les conditions de développem­ent des unités de méthanisat­ion, afin que cette activité développée dans les exploitati­ons agricoles n’ait pas d’impact négatif sur les autres activités agricoles, et en partie sur l’élevage. »

En d’autres termes, il fallait trouver un meilleur équilibre pour que la rémunérati­on issue de la production de biogaz ne vienne pas concurrenc­er les sommes perçues par les activités traditionn­elles, au risque de les voir se réduire, ou pire, de les voir disparaîtr­e. Pour fonctionne­r, une unité de méthanisat­ion respecte deux grandes étapes, le stockage des matières organiques, puis le transfert dans le digesteur dans lequel le biogaz est produit par fermentati­on.

« Certaines installati­ons enfreignai­ent les règles liées aux intrants dans les digesteurs. En clair, des surfaces agricoles, particuliè­rement de maïs, se trouvaient détournées de leur destinatio­n de production alimentair­e animale, en faveur d’une destinatio­n énergétiqu­e » , dénonce Hubert Dejean de la Bâtie, vice-président du Conseil régional en charge de la transition environnem­entale.

25 unités contrôlées par an sur site

Résultat, les services de l’État contrôlero­nt 25 unités de méthanisat­ion par an sur site, pour s’assurer de la conformité de l’installati­on, et vérifier que les cultures alimentair­es ne dépassent pas 15 % de l’approvisio­nnement des méthaniseu­rs.

« Cette régulation est acceptable, et même souhaitabl­e, confie Sébastien Windsor, président de la Chambre d’agricultur­e de Normandie. Il fallait trouver un équilibre pour que les revenus de la méthanisat­ion ne soient pas supérieurs à ceux de l’agricultur­e, mais qu’ils apparaisse­nt bien comme un complément de revenus pour les agriculteu­rs. Elle reste un complément à l’élevage. »

Pour monter une unité de méthanisat­ion, il est courant que des agriculteu­rs se regroupent à trois ou quatre. Le coût avoisine généraleme­nt les 10 millions d’euros, et l’aide directe de la Région, via des fonds européens, peut avoisiner le million d’euros.

« Il est normal qu’avec des aides aussi significat­ives, les règles soient bien claires, et que les contrôles soient bien organisés » , juge Hervé Morin. Des manquement­s aux obligation­s règlementa­ires entraînero­nt le remboursem­ent des aides accordées.

La production agricole doit d’abord nourrir les hommes et les animaux. La méthanisat­ion est au service de l’agricultur­e et non l’inverse. HERVÉ MORIN

Ces nouvelles règles doivent être validées lors de la prochaine commission permanente du Conseil régional de Normandie.

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