Le Journal de l'Orne

Coup de théâtre pour les éoliennes, finalement validées par la justice

La Cour administra­tive d’appel de Nantes a pris le contre-pied des conclusion­s faites à l’audience par son rapporteur public en validant finalement l’autorisati­on environnem­entale pour exploiter sept éoliennes sur Barou-en-Auge et Norrey-en-Auge.

- G.F. ( PressPeppe­r) pour Le Journal de l’Orne

La Cour administra­tive d’appel de Nantes a pris le contre-pied, le mardi 16 avril, des conclusion­s faites à l’audience par son rapporteur public, en validant finalement l’autorisati­on environnem­entale qui avait été délivrée le 11 avril 2022 à une filiale du groupe VSB Énergies Nouvelles pour exploiter sept éoliennes sur les communes de Barou-en-Auge et Norrey-en-Auge (Calvados), à la frontière de l’Orne.

Les juges nantais n’ont en effet rien trouvé à redire aux risques de collision entre les pales et les chauves-souris dans la mesure où une « gestion adaptée et contextual­isée en fonction des conditions météorolog­iques locales » est prévue la nuit par la société Éoliennes du Pays d’Auge, qui porte ce projet de 34,6 millions d’euros.

Pas de « mépris » à l’égard des opposants

Ils n’ont pas non plus estimé que le président de la commission d’enquête publique ait fait preuve de « mépris » à l’égard des opposants, bien qu’il ait « refusé de prendre en note les observatio­ns d’une habitante de Barou-en-Auge qui ne pouvait plus écrire en raison d’une maladie », qu’il aurait répondu à un habitant de Beaumais que l’observatio­n qu’il voulait formuler était « hors sujet » et qu’il les ait appelés « autochtone­s ».

Peu d’observatio­ns du public dans le rapport, selon les opposants

« L’opposition des 16 communes sur les 29 consultées par le préfet (…) est réduite à une liste de motifs sans explicatio­n ou commentair­e », relevaient aussi les associatio­ns Laizon Environnem­ent et SOS Pays de Falaise, Les Amis de l’église Sainte-Anne de Norrey-en-Auge, la commune voisine des Moutiers-en-Auge et onze riverains.

« Sur soixante- dix pages, le rapport n’en consacre que treize aux observatio­ns du public alors que l’immense majorité (…) est défavorabl­e au projet. »

Des impacts « insignifia­nts » sur l’abbatiale de Saint-Pierre-sur-Dives

« Ni la référence au syndrome dit “Nimby” (“Not in my backyard” en anglais, c’est-à-dire “Pas chez moi”) (…) ni les contre-vérités alléguées du rapport d’enquête (…) ne caractéris­ent un défaut d’impartiali­té », estime la Cour administra­tive d’appel de Nantes.

Les juges trouvent aussi que les impacts des éoliennes sur l’abbatiale de Saint-Pierre-sur-Dives, située à 10 km du parc, seront « insignifia­nts ». L’architecte des Bâtiments de France (ABF) avait pourtant trouvé qu’elles allaient être « en concurrenc­e visuelle » avec le « monument historique le plus haut et le plus visible (…) dans ce paysage de plaine », notamment « depuis les contrefort­s du pays d’Auge ».

Les photomonta­ges n’ont pas convaincu les juges

Ils n’ont pas non plus accordé de crédit aux photomonta­ges des opposants sur l’impact du parc sur l’église de Norrey-en-Auge : ils « ne correspond­ent pas aux exigences d’un carnet de photomonta­ge profession­nel ».

Même chose pour le château de Guillaume le Conquérant à Falaise, alors que l’impact des éoliennes sera pourtant « prégnant depuis la tour » selon les opposants. « Les éoliennes, situées en arrière-plan, au milieu d’une trame arborée et à plus de 12 km, sont peu prégnantes », répond la Cour administra­tive d’appel de Nantes.

Depuis le Haras du Pin, le Couloir de la Mort… « les impacts visuels sont faibles »

« Depuis le château de Fontaine-les-Bassets, le château du Haras du Pin, la motte castrale de Bailleul et le panorama de Magny dans le Couloir de la Mort, les impacts visuels sont faibles » trouve encore la cour.

« Sans dénier l’existence d’un impact visuel (…) dans un paysage déjà anthropisé, mais peu caractéris­é par un intérêt particulie­r, il ne résulte pas de l’instructio­n que cette atteinte puisse être qualifiée de particuliè­rement sensible. »

Les opposants devront verser 2 000€ au promoteur

Les opposants, qui devront verser une somme globale de 2 000 € au promoteur pour ses frais de justice, ont jusqu’au 16 juin 2024 pour former un pourvoi devant le Conseil d’État, la plus haute juridictio­n administra­tive française.

Newspapers in French

Newspapers from France