Le Journal de l'Orne

Accident mortel sur la quatre voies : le conducteur décédé «ne pouvait pas s’en sortir»

Le 17 juin 2022, un homme de 49 ans est mort dans un choc frontal avec une voiture qui s’était déportée sur sa voie. Le responsabl­e de l’accident a été condamné par le tribunal d’Alençon pour homicide involontai­re, jeudi 18 avril.

- Antoine SAUVETRE

L’audience au tribunal d’Alençon, jeudi 18 avril, devait permettre à la famille de la victime « d’obtenir des réponses » , a rapporté l’avocate des parties civiles.

Des réponses sur l’accident de la route qui a coûté la vie à leur père, leur mari, leur fils, leur frère.

Il est décédé sur la RD438, à Écouves, le 17¡juin 2022. Il était environ 13¡ h. Il faisait beau, il faisait chaud. La visibilité était bonne. La route était sèche.

Un choc « d’une violence inouïe »

Avant cette audience, rien ne permettait donc d’expliquer pourquoi cette Peugeot¡ 406, qui circulait dans le sens Sées-Alençon, a quitté sa voie de circulatio­n pour venir s’encastrer dans la 205 de celui qui arrivait dans le sens opposé, et dont la vie s’est arrêtée sur cette route, à l’âge de 49¡ans.

Sur les lieux, pas une trace de frein n’a été constatée. Ni avant, ni pendant que le véhicule du prévenu traversait la quatre voies, dans une légère courbe où, précisémen­t, les barrières de sécurité sont absentes.

Sur cette portion limitée à 90 km/h, la 406 roulait à 96 km/h au moment du choc frontal, « d’une violence inouïe » . La vitesse de la 205 était d’à peine 70 km/h. « En cinétique, c’est comme si la victime avait foncé dans un mur à plus de 150 km/h. Il ne pouvait pas s’en sortir » , en a conclu le juge Eric Martin.

Aucun des deux conducteur­s n’avait consommé d’alcool ou de drogue. Leurs téléphones n’ont pas été utilisés avant l’accident. « Il n’y avait donc aucun élément perturbate­ur pouvant expliquer une telle déportatio­n. »

L’enquête s’était un temps orientée vers un possible malaise du conducteur de la 406, atteint de diabète, mais un médecin avait écarté l’hypothèse d’une hypoglycém­ie.

Un assoupisse­ment, pas une hypoglycém­ie

Le prévenu lui-même, parti du Haras du Pin pour rentrer chez lui dans le Maine-et-Loire, a assuré qu’il avait contrôlé son taux de sucre avant de prendre le volant, comme il le fait à chaque fois qu’une longue route l’attend.

Dans ses souvenirs, il a simplement « eu la sensation de piquer du nez une fraction de seconde » et s’est « retrouvé face à la voiture » . À part « la chaleur excessive » et ce « micro sommeil » , il ne peut expliquer comment il a pu perdre le contrôle de son véhicule.

« J’ai tué quelqu’un qui n’avait rien demandé. Je m’excuse auprès de toute sa famille, mais je sais que ce pardon ne suffit pas et ne suffira jamais » , a-t-il dit aux parties civiles présentes à l’audience et dont « l’incroyable dignité » a été saluée par le Parquet.

« Une imprudence » fatale

« Ce sont des faits dramatique­s » , a poursuivi le Ministère public, « mais force est de constater qu’un réel défaut de maîtrise est à l’origine de cet accident tragique. Il n’aura fallu qu’une fraction de seconde d’inattentio­n, mais un homme est mort à cause de cette imprudence. »

Il a requis une peine de 18 mois de prison avec sursis, ainsi que l’annulation du permis de conduire du prévenu, dont le sternum, les côtes et les chevilles avaient été fracturés dans l’accident.

Sans antécédent judiciaire, l’homme de 51¡ans a été condamné pour homicide involontai­re à 12¡ mois de prison avec sursis. Son permis de conduire a été annulé.

 ?? ?? Le 17 juin 2022, sur la quatre-voies traversant la commune d’Écouves, un choc frontal « d’une violence inouïe » avait provoqué la mort d’un homme de 49 ans.
Le 17 juin 2022, sur la quatre-voies traversant la commune d’Écouves, un choc frontal « d’une violence inouïe » avait provoqué la mort d’un homme de 49 ans.

Newspapers in French

Newspapers from France