Jeu de construction
UN PETIT CHEZ SOI BIEN PLACÉ AU COEUR DE PARIS. PENSÉ ET AMÉNAGÉ (UN PEU) COMME SUR UN BATEAU. DES CUBES, DES BOÎTES, DES PIÈCES. LE TOUR EST JOUÉ. L’ANCRE EST JETÉE.
Les idées défilent dans sa tête comme les nuages derrière la vitre. Il est six heures. La campagne s’éveille sous un épais brouillard. Philippe partage son temps entre l’Alsace et Paris. Las de ce train de vie quotidien, il finit par craquer pour une pincée de mètres carrés échoués dans le quartier Faubourg-Poissonnière. Un petit coin de Paradis, à quelques encablures de la gare de l’Est. Un port d’attache tout en longueur qu’il décide de réaménager à son image. Très vite, il se tourne vers deux architectes, Agnès Cambus et Manuel Bonnemazou de l’agence Élément, estampillés « gain de place » . Les travaux de réhabilitation peuvent commencer. L’espace est ouvert au maximum, histoire d’éviter les circulations inutiles et de respecter la fonction de chaque pièce ou recoin. L’astuce architecturale est ingénieuse. Créer une enfilade de pièces cadrées par un niveau, une couleur ou une cloison. Exactement comme des boîtes de rangement.
Rien ne se perd, tout se transforme
La cuisine est réalisée sur mesure à l’aide de deux caissons distincts aux ouvertures intérieures ou extérieures, orientées de façon perpendiculaire au mur du fond. À l’extérieur, côté salon, un coffrage en contreplaqué noir. À l’intérieur, côté cuisine, un médium en laqué rouge. Résultat, un coin cuisine compact, bien aligné, sans perte de place où rien ne manque : rangements et électroménager sont casés. Autre surprise, grâce au plan ramassé des architectes, il reste même de quoi loger dans le prolongement de la cuisine une chambre d’amis avec des coffrages multi-usage. Le salon et la chambre sont modulables. Grâce à une cloison translucide et amovible, Philippe peut créer un seul ou deux espaces distincts au gré de ses envies. Ouvert, le lieu est comme démultiplié, baigné de clarté naturelle, idéal dans les espaces restreints. Le sol du salon est en béton fin et lissé. La surface grise sans démarcation trompe l’oeil. Le lieu semble plus grand qu’il n’est en réalité. Ici, pas de place pour les meubles encombrants. Des niches sont aménagées en guise de rangements. Canapés et fauteuils ont été choisis pour leurs dimensions atypiques. Ils épousent la petite surface sans entraver la circulation. Du coup, une table généreuse entourée de bancs trouve sa place. Derrière la cloison vitrée, la chambre est posée sur une estrade. Et laisse entrevoir des aménagements en frêne massif ton sur ton avec le sol. Sous la houlette d’un meuble ultratechnique, pivotant, qui cache la chaudière et une salle de douche, le dressing est sur son trente et un. Le tout sur un même pan de mur. Délimité par une laque couleur prune, un espace bureau profite de l’encadrement du lit. Une bibliothèque parvient même à accueillir une télé. Totalement escamotées derrière des portes, ces minipièces laissent la part belle à la chambre en elle-même. Pour les murs du salon et de la chambre, du blanc, réflecteur de lumière, idéal pour donner l’illusion optique d’un espace agrandi. Dans un mélange à la fois doux et urbain, ce 60 m2 libère confort, praticité, esthétisme et harmonie. Comme dans un grand appartement. Philippe le vérifie chaque fois qu’il arrive à Paris. Aucune erreur d’aiguillage en vue.