Motifs louables
OSER PARIER SUR LES PAPIERS PEINTS SANS JAMAIS FRISER LE RIDICULE. OSER FAIRE COHABITER GROSSES FLEURS, STYLE GRAPHIQUE OU RÉTRO. ET REDESSINER 50 M2 D’ESPACE.
Saint-Denis (93). Quartier Couvent des Ursulines. Immeuble ancien, deuxième étage. Ce trois-pièces handicapé par un couloir idiot de 10 m2 possède néanmoins un « je-ne-sais-quoi » de charme. Un potentiel qui n’a pas échappé à l’architecte Hervé Gaillaguet : « Son atout majeur repose sur la façade principale orientée Sud ouvrant sur une cour calme et arborée. De plus, parquet en chêne, moulures et cheminée d’origine ont été conservés. » Le problème? Un espace sombre, étriqué, très cloisonné. Le tout en mauvais état et mal agencé! Bref, totalement inadapté à la tendance du « tout ouvert » convivial. Question travaux, les directives sont précises : privilégier une grande pièce pour organiser des soirées entre copains et donner une identité masculine au lieu. Pour rajeunir l’ensemble, toutes les cloisons sont abattues. Il faut loger une cuisine dînatoire, un salon ouvert et une microchambre avec douche. Planté au milieu de l’appartement, un mur porteur sépare la salle à manger du salon et organise la circulation. D’un côté, il cache une table et des chaises vintage pour recevoir. De l’autre, il accueille un bureau taillé sur mesure qui semble flotter dans l’espace, sans prise ni fil. Pour la cuisine, l’essentiel s’encastre au niveau de l’entrée dans une niche chocolat. Fonctionnelle, elle dispose d’un plan de travail en granit adouci noir du Brésil et d’une série de placards laqués en blanc sans poignée qui camouflent la chaudière, le réfrigérateur et les compteurs.
L’art de faire respirer l’espace
Partout, tuyaux, fils électriques et prises doivent être invisibles pour le confort de l’oeil. Dans cet esprit, l’architecte imagine des « plafonds couvercles » sur mesure capables de dissimuler toute la technique et de simuler un effet de hauteur. Pour la lumière, une peinture blanche spéciale est appliquée. Elle change d’aspect suivant les matières et crée un perpétuel halo. Pour intensifier l’effet de clarté intense, un store à lamelles orientables découpées au laser donne l’illusion d’une baie vitrée en largeur et offre un décor changeant. Côté déco, des associations rouge/noir, brun/blanc, graphique/design signent des choix résolument masculins. Canapé en cuir noir, fauteuils vintage en Skaï, laine Pilou vermillon et chaises rouges épousent les objets modernes ou fifties. Des papiers peints aux motifs contrastés très seventies personnalisent et animent la pièce avec de grosses fleurs aux tonalités chaudes ou des ellipses. Et la chambre? Une porte dissimulée derrière du papier peint qui court sur toute la longueur du mur y conduit. Boiserie, moulures et parquet témoignent qu’autrefois elle était le salon. Repeinte en bleu gris, elle a été réaménagée avec deux éléments fixés au mur sans toucher ni le sol ni le plafond : un dressing et une cabine de douche en laque blanche. Bluffant! D’épais rideaux en coton bouton d’or ont été posés. Un pouf jaune poussin aux poils ébouriffés fait écho à l’ensemble. Cocorico! Le dandy hype est né.