Rock’n doll
FANTASQUE. CET APPARTEMENT ANGLAIS DONNE UNE LEÇON DE DÉCO DÉCALÉE. UN TABLEAU NOIR OÙ CHACUN NOTE À LA CRAIE DE COULEUR SES COUPS DE COEUR.
Leigh-on-Sea, petit village de pêcheurs à une heure de Londres. Ici, une adorable maison blanche s’accroche à flanc de colline. Un style victorien. Au premier étage, un appartement banal de quelques mètres carrés longtemps habité par Russel Lewis, graphiste et célibataire. Jusqu’au jour où Gemma, sa compagne, décide de s’installer chez lui. Le verdict est sans appel : « La déco de cet appart me désespère! », se désole-t-elle. Ironie du sort, la jeune femme travaille avec sa soeur aînée, Abigail Ahern, une décoratrice très en vue à Londres où elle a ouvert sa boutique, l’Atelier d’Abigail. À trois, ils décident de rénover cette surface. Sans dépasser leur budget, fixé à 8500 €. « Gemma et moi avons les mêmes goûts », confie la décoratrice. « D’habitude, sur un projet, vous devez faire des compromis, prendre en compte ce que les gens possèdent déjà, que cela vous plaise ou non. Composer. Avec ma soeur, nous avons tout jeté pour repartir à zéro! » Exaltant. D’emblée, une tonalité s’est imposée du sol au plafond, un gris noir profond, flatteur pour les volumes, révélateur pour les objets en couleur. Une teinte mystérieuse qui plonge l’appartement dans un drôle d’écrin sans jamais être lugubre. Un éclairage généreux pour un climat chic, velouté et cosy. « Les couleurs sombres apportent confort et chaleur à l’atmosphère et rendent les pièces plus raffinées », souligne la décoratrice. Sur cette toile de fond luxueuse, elle a jeté ici et là des notes vives, éclatantes. Son jeu favori. Des meubles et des objets pleins de gaieté, inattendus, comme la table basse laquée en rose pour une pointe glamour ou une poire géante en papier mâché. Le trio a fait son marché aux Puces, histoire de dénicher des créations de designers et quelques pièces vintage toutes plus délirantes les unes que les autres. Gemma voulait une entrée accueillante à leur image. Russel l’a transformée en galerie où s’expose un mélange de tableaux, lithos et affiches. Une collection éclectique où le street art s’exprime.
C’est la folie à London
Pour simuler des espaces plus larges, la décoratrice a manipulé des échelles et créé des illusions d’optique. En jouant avec les proportions, elle a « agrandi » la minicuisine de façon étonnante. L’ossature des placards a été conservée, les portes ont été relookées avec de longs panneaux MDF nappés d’une laque bleu pétrole. Du « sur mesure » perso pour un effet luxe très correct question prix. Une table acquise pour trois fois rien, des planches de récup’ en guise de plans de travail peintes en noir et huilées pour faire briller et donner une impression de volume. Une grosse lampe, des sièges Tulip et une horloge industrielle cohabitent à merveille. La petite chambre n’échappe pas au velouté gris noir. À côté d’un tableau d’affichage d’autobus et de tous les coups de coeur déco du couple, un lustre de salle de bal éclaire un mur signé Russel, sorte de collage de graffitis et découpes de magazines étranges. Des sculptures surréalistes vous toisent et chatouillent votre imaginaire. Installez-vous. Regardez. Et adoptez la rock’n roll zenithude.