Costume sombre à Brighton
UN COUPLE ANGLAIS A DÉPOUSSIÉRÉ L’ÂME AUSTÈRE D’UNE MAISON VICTORIENNE CLASSIQUE. ET RÉVEILLÉ SON CHARME DISCRET. UN GENRE PARTICULIER ET AUDACIEUX POUR UN DÉCOR PERSONNEL ET INTIME.
Brighton, c’est un peu le Touquet anglais. Cette agréable station balnéaire du sud de l’Angleterre se visite, se hume, s’apprivoise. Ici, Ali et Russ coulent des jours heureux. Avec le temps, ils ont fini par retaper de fond en comble une maison victorienne avec ses caractéristiques architecturales typiques. Une facade percée de fenêtres symétriques, un porche auquel on accède par quelques marches. À l’époque, l’ancienne demeure se visite presque comme un musée patiné par le temps. Et pousse l’imaginaire vers un surprenant voyage en Méditerranée. Grèce, Italie ? Qu’importe ! Les pièces défilent et s’enchaînent les unes après les autres, laissant entrevoir des arches aux surprenantes moulures excentriques, des couloirs couleur terracotta, une cuisine vert amande, des carrelages rouges et blancs. Bref, un chantier colossal en perspective. Mais Russ est entrepreneur. Et Ali n’en est pas à son premier coup d’essai. À l’âge de la fac et des copains, elle retroussait les manches et d’un coup de baguette magique, de chine et d’idées, elle revisitait le décor de propriétés en mal de jeunesse. « J’ai l’expérience du terrain. Casser des murs ne m’effraie pas. Et j’aime suivre un projet d’un bout à l’autre. C’est une question d’homogénéité et de vision d’ensemble », explique-t-elle. Les choses sérieuses peuvent donc commencer. Le couple et l’équipe du chantier vont travailler dur et longtemps. « Je pouvais me lever le matin et me trouver dans une maison pleine d’ouvriers, ou complètement vide sans jamais être prévenue! Mais il faut savoir rester zen », sourit Ali. Il a fallu aménager une nouvelle cuisine, plusieurs salles de bains, même. Avant de s’attaquer à la structure pour démolir des murs, poser des fenêtres à guillotine, réaménager le rez-dechaussée, remplacer d’affreux radiateurs par des modèles en fonte, installer une cheminée dans le salon et des planchers de chêne partout dans la maison…
Les murs foncés révèlent les objets
À l’origine, tous les murs devaient être revêtus d’une couleur neutre. Mais finalement, le couple a opté pour une teinte sourde : « J’avais gardé en mémoire l’image d’un intérieur aux murs noirs vue dans un magazine, et je voulais vraiment l’essayer chez moi », raconte Ali. C’est finalement le gris « Downpipe » de Farrow & Ball qui l’emporte partout. Ou presque. La couleur sombre costume toutes les pièces, sauf les salles de bains. « On peut avoir une appréhension à l’idée de vivre entouré de murs aussi foncés. Mais il faut savoir oser, le résultat est fantastique. Tous les objets se détachent à merveille. Cela crée une ambiance chaude. Le soir à la lumière douce des chandelles, c’est vraiment merveilleux », se félicite Ali. Une fois installée dans ce décor élégant et parfois plein de mystère, elle a pu se livrer à son passe-temps favori, la chasse aux objets. « En fait, je ne cherche rien de particulier. Je tombe sur les choses. Je suis une sorte de pie. Un dimanche, en m’entraînant pour le marathon le long du front de mer, j’ai aperçu deux lampes industrielles sur le marché. Aujourd’hui, elles brillent au-dessus du billard! » Au milieu de ses trouvailles anciennes, modernes ou vintage, Ali réserve une place particulière à l’une de ses passions, la vaisselle, qu’elle collectionne depuis toujours. Dans ses décors de table, les assiettes choux Majolica figurent en bonne place. Toutes d’origines différentes, elle aime les rassembler avec amour. Ce matin, un crachin tombe sur Brighton. Malgré la météo, Ali a chaussé ses baskets. Sur la plage, les cheveux balayés par le vent, elle court et sourit à l’idée de rejoindre le marché où l’attendent sans nul doute quelques trésors de chine.