Le Journal du Pays Yonnais

Argilus : la visite de Macron vue par les salariés

- Muriel Hillairet

Vendredi 19 août, Emmanuel Macron a visité l’entreprise chaillezai­se Argilus. Le Journal du Pays Yonnais a suivi la visite du ministre de l’économie… dans les pas des salariés.

Chaillé-sous-les-Ormeaux. « C’est pas tous les quatre matins qu’on rencontre un ministre ». Les talons d’Axelle Angelle matent le parterre de cailloux. Le seuil d’Argilus, la salariée l’a repassé plus tôt que prévu. Le temps de mettre entre parenthèse­s son congé maternité. « Je me devais d’être là ». D’autres ont écourté leurs vacances, comme Quentin Pradel, le commercial. « On m’a appelé mercredi (le 17 août, ndlr). Cette visite, c’est une reconnaiss­ance de notre travail. Une fierté pour nous ». Encore plus pour lui, qui baigne dans l’argile depuis huit ans. « Ici, j’ai commencé par tirer les brouettes… »

« Il faut qu’il soit dans sa voiture à 11 h 45 »

Les balais, deux hommes en orange les activent. Traquent les dernières poussières. « Tout a été nettoyé. Même si c’est toujours nickel », sourit Michaël Jouin. Le directeur commercial se frotte les mains. Emmanuel Macron dans les parages, ça va faire causer ses clients. A 9 h 15, on parle surtout des prochaines commandes. Le café coule, les premiers invités déboulent. Dernière ronde dans l’usine pour les gendarmes. A l’extérieur, leur bleu quadrille les entrées.

« Il reste combien de temps ? » Les montres s’affolent. Jean-Baptiste Lamouliatt­e, monsieur communicat­ion d’Argilus, connaît le chrono par coeur. « On aura quinze minutes devant le séchage, quinze autres dans le laboratoir­e, cinq pour traverser l’usine… Il faut qu’il soit dans sa voiture à 11 h 45 ».

10 h 09, Albert et Thérèse Gillaizeau passent le portail. Fiers représenta­nts « de la quatrième génération » de la famille qui a fait la briqueteri­e chaillezai­se. « On n’a jamais vu de ministre chez nous ». Jean-Louis Batiot, si. Le maire de Rives de l’Yon avait accueilli Roselyne Bachelot, alors ministre des solidarité­s et de la cohésion sociale, en 2012, à Saint-Florentdes-Bois. « C’est un moment de proximité. Il faut qu’ils viennent au contact du terrain ».

« Comme les joueurs de foot »

Le chemin de La Bretaudièr­e, deux joggeurs l’ont emprunté. Surpris par les écharpes bleu, blanc, rouge et l’agitation. « C’est Macron qui doit passer ». Justement, le « convoi » est annoncé. « Direction le point de rendez-vous », guide Jean-Baptiste Lamouliatt­e. JeanMichel Bretaud et Denis Vilain - « le vieux », 13 ans de boîte - sont au garde-à-vous. « Le ministre, on l’a vu à la télé, mais, en vrai, c’est mieux. Comme les joueurs de foot ». 10 h 50, pas de costumes à l’horizon. « Il s’est mis au quart d’heure vendéen ? »

La barrière se lève. La portière s’ouvre. L’invité du jour claque la bise à la députée Sylviane Bulteau. Serre les pognes. Julien Blanchard, le patron des lieux, récite son Argilus. Evoque le procédé HP2A, sa magie qui va transforme­r l’argile en ciment. N’oublie pas l’histoire d’avant, pour mieux présenter le couple Gillaizeau, toujours voisin du site. « Vous surveillez l’usine de chez vous, alors ? » sourit Emmanuel Macron. « C’est beaucoup dire, quand même », répond Thérèse.

Le saisonnier Pierrot Courtel, aussi, a droit à son face-à-face. « Il m’a demandé ce que je faisais comme études ». La chimie dans les bouquins, l’argile sur le terrain, pour celui qui habite à un kilomètre de l’usine. « Ça fait bizarre de voir un ministre dans une petite commune comme la nôtre ». Gwen Grellier tente d’immortalis­er le moment avec son smartphone. Avec son mari, la jeune femme soigne les extérieurs d’Argilus. « Pas une herbe ne dépasse ».

Quentin Pradel, aussi, aime le travail bien fait. De quoi se permettre une petite leçon d’enduit au politique. Après la démo, la pratique. Le ministre s’applique. « Ça sentait le piège, mais il a joué le jeu ». Répond aussi aux questions qui fâchent. Ecoute Jacques Couturier évoquer « la période difficile avec les annulation­s de feux d’artifice ».

« Ça sentait le piège. Il a joué le jeu »

Jean-Marc Tard, le vigneron chaillezai­s, approche. Tend au ministre une bouteille du Domaine des jumeaux. Le temps des cadeaux, aussi, pour Bruno Dreillard, médaille de la commune en main. « Merci d’être venu à La Bretaudièr­e », conclut Thérèse Gillaizeau. A l’oreille de la dame, Emmanuel Macron chuchote : « Bravo pour tout ça. La relève assure la suite… » Midi s’annonce, le ministre lâche un « A cheval ». Axelle Angelle peut quitter ses talons. Les clichés défilent sur son portable. Manque juste un selfie…

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