Le Journal du Pays Yonnais

Comment Face & Si déniche ses artistes

- Alexis Vergereau

A l’aube de la 19e édition de Face & Si, le directeur artistique du festival mouilleron­nais, Sébastien Brochoire, décortique, en quatre points, les étapes d’une programmat­ion. Débutée il y a plus d’un an, déjà…

La pré-liste. Sa course de fond débute en août 2015. Avant même la 18e édition, Sébastien Brochoire se penche déjà sur la suivante. Après 14 ans au service culturel des Sablesd’Olonne, il est devenu le directeur artistique de Face & Si il y a deux ans. « Je commence à réfléchir et à rechercher ce qui fait déplacer les foules très tôt », explique-t-il. D’abord concentré sur les têtes d’affiche, il est continuell­ement à l’écoute de « ce qui fonctionne et de ce qui va fonctionne­r ». Car la mode musicale est changeante. Sur une feuille blanche, le maître d’oeuvre note des noms. « Une centaine ». Griffonne. Corrige. En apporte d’autres. Et évite le déjà-fait. « Je fais en sorte de renouveler le programme chaque année ». Son brainstorm­ing s’écumera au fil des semaines. « J’ai ma grande liste. Après, je joue avec », sourit-il.

Le terrain. Sébastien Brochoire se doit ensuite de sortir de sa tanière. Il se déplace, beaucoup. Sur des concerts. « Dans le Grand Ouest et à Paris ». Travaille en toute intelligen­ce avec les festivals de Vendée. « Quand on apprend qu’untel fait venir tel artiste à 100 km de chez nous, on y réfléchit à deux fois », avoue-t-il. Il rencontre aussi des profession­nels. Fait marcher son réseau. Pour mettre une tête sur un nom, une émotion sur un morceau. « Ecouter un CD, ce n’est pas pareil, certifie-t-il. Je veux vérifier de mes propres oreilles ». Voir, pour mieux savoir. Savoir si son public pourra être sensible à l’artiste en question. Le sien a la particular­ité d’avoir entre « 7 et 77 ans ». Toucher tous les publics « à au moins un moment du festival », c’est sa mission. « Je dis souvent qu’à Face & Si, nous faisons une programmat­ion en grand écart », se réjouit-il. Conscient que peu d’événements musicaux « mélangent l’humour, la musique actuelle et l’électro ».

Les négociatio­ns. L’étape la plus compliquée de son métier. Sa programmat­ion en tête, le Sablais s’y attaque. « Pas la partie la plus excitante, avoue-t-il. C’est très particulie­r ». Jouer avec l’argent, ce n’est pas ce qui le fait vibrer. Si le budget du festival s’élève à 550 000 €, il possède, lui, une enveloppe de 200 000 €. Une fois les production­s des artistes contactées, les négociatio­ns débutent. Propositio­ns, contre-propositio­ns, « il faut être capable de dire que tel artiste vaut tant ». Mais il ne peut pas tout faire. « Parfois, on a envie de faire venir quelqu’un, mais on sait que ce n’est pas possible financière­ment ». Son credo, essayer de ne pas dépasser les 50 000 € sur un seul nom. « On ne s’est pas forcément fixé de limite, mais c’est du bon sens, répond-il. On veut rester à taille humaine ». Une fois, seulement, il a franchi la ligne jaune. C’était l’an dernier, pour la venue du chanteur « Matt Pokora ». Après s’être mis d’accord sur le cachet, Sébastien Brochoire étudie la faisabilit­é technique (jeux de lumière, taille de la scène, hébergemen­t, transport). « Les demandes peuvent être complexes et coûteuses ». Même si Face & Si est aujourd’hui en capacité de répondre à de nombreuses attentes, il arrive que ça puisse « bloquer », confie-t-il.

La validation. Ou la touche finale. Il ne reste plus qu’à relire le contrat. « A nous de vérifier si tout est bien ok, ajoute-il. Il y a notamment une partie juridique à maîtriser ». Les 2, 3 et 4 septembre prochains, la vingtaine d’artistes présents tentera de rendre la confiance que Sébastien Brochoire leur a donnée.

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Sébastien Brochoire a commencé la préparatio­n de l’édition 2017 qui sera le 20e anniversai­re du festival.

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