« Il manque 20 policiers »
Suite au mouvement des policiers pour exprimer leur ras-le-bol, le préfet de Vendée a reçu leurs représentants pour recueillir leurs doléances. Copie exigée par le ministre de l’Intérieur.
Mercredi 19 octobre, alors que La Roche-sur-Yon s’endort, une trentaine de policiers yonnais se rassemblent place Napoléon pour exprimer le ras-le-bol face au mépris ambiant vis-àvis de la profession. « Depuis des années, les organisations syndicales ne cessent d’exprimer les manques d’effectifs, de reconnaissance, mais nous n’étions jamais entendus. Cette fois, le mouvement d’humeur des policiers vient de la base », explique Grégory Brelay, secrétaire départemental d’Alliance Police Nationale 85. La colère de ces gardiens de la paix, qui sont au quotidien sur le terrain, a pris une telle ampleur sur tout l’Hexagone que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé, en urgence, à tous les préfets de rencontrer les représentants de la police de chaque département, afin de recueillir leurs doléances.
Manque de moyens, d’hommes
« Nous avons été reçus par le préfet lundi, confie Grégory Brelay, satisfait de cette écoute, mais aussi lucide. Cette rencontre n’est due qu’à la mobilisation massive de la base. Le gouvernement, au vu des échéances, se penche enfin vers nous ». Pour autant, le secrétaire départemental a bien préparé sa copie. Et les doléances sont nombreuses : manque d’effectifs, laxisme de la justice, suppression des tâches indues, assouplissement des procédures judiciaires, un manque de moyens matériels, et manque de considération de la hiérarchie et de l’institution.
Concernant les effectifs, « le problème dure depuis des années malgré les gouvernements qui se sont succédé, rappelle le secrétaire d’Alliance 85. Aujourd’hui, on touche le fond. A La Roche, il nous manque 20 gardiens de la paix (1) et 10 aux Sables ».
Les policiers ne supportent plus non plus « le sentiment d’impunité » dû au « laxisme de la justice. Même en Vendée ! Il n’est pas normal par exemple qu’un délinquant soit condamné à trois joursamendes à 100 € pour des violences sur un policier ! » Les policiers demandent la révision du texte sur la légitime défense et la restauration des peines plancher. « On demande aussi la suppression des gardes de détenus hospitalisés, la police des audiences, le transfert de détenus que l’on continue à faire, les gardes statiques. Et il faut arrêter de nous considérer comme des greffiers ou des recouvreurs du Trésor public. Toutes ces missions ne sont pas les nôtres ». A cela s’ajoute des actes procéduraux toujours plus lourds, mais aussi « des gilets pare-balles obsolètes, des uniformes dépassés, un parc automobile lamentable et des locaux vétustes, sales et exigus ».
20 % de policiers en arrêt
« Ce ras-le-bol est amplifié par l’état d’urgence et le Vendée Globe, indique Grégory Brelay. Les policiers sont à bout. 20 % des effectifs sont en arrêt pour burn-out ou interdits de voie publique car, psychologiquement, ils ne peuvent plus ». Pris « entre deux eaux, une délinquance qui augmente et de plus en plus rude, et une hiérarchie et une justice qui ne cessent de nous demander des comptes », Alliance 85 souhaite « que le gouvernement réponde enfin efficacement à la légitime attente des policiers ». Il encourage aussi « toutes les actions sollicitées par la base », à commencer par un service minimum sur le terrain.
Côté gouvernement, les conclusions de cette vaste concertation devraient être rendues en décembre.
(1). Actuellement, La Rochesur-Yon compte 98 policiers du corps d’encadrement et d’application (gardiens de la paix). Ils sont 61 aux Sables-d’Olonne.