Le Journal du Pays Yonnais

« Il manque 20 policiers »

- Stéphanie Hourdeau

Suite au mouvement des policiers pour exprimer leur ras-le-bol, le préfet de Vendée a reçu leurs représenta­nts pour recueillir leurs doléances. Copie exigée par le ministre de l’Intérieur.

Mercredi 19 octobre, alors que La Roche-sur-Yon s’endort, une trentaine de policiers yonnais se rassemblen­t place Napoléon pour exprimer le ras-le-bol face au mépris ambiant vis-àvis de la profession. « Depuis des années, les organisati­ons syndicales ne cessent d’exprimer les manques d’effectifs, de reconnaiss­ance, mais nous n’étions jamais entendus. Cette fois, le mouvement d’humeur des policiers vient de la base », explique Grégory Brelay, secrétaire départemen­tal d’Alliance Police Nationale 85. La colère de ces gardiens de la paix, qui sont au quotidien sur le terrain, a pris une telle ampleur sur tout l’Hexagone que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé, en urgence, à tous les préfets de rencontrer les représenta­nts de la police de chaque départemen­t, afin de recueillir leurs doléances.

Manque de moyens, d’hommes

« Nous avons été reçus par le préfet lundi, confie Grégory Brelay, satisfait de cette écoute, mais aussi lucide. Cette rencontre n’est due qu’à la mobilisati­on massive de la base. Le gouverneme­nt, au vu des échéances, se penche enfin vers nous ». Pour autant, le secrétaire départemen­tal a bien préparé sa copie. Et les doléances sont nombreuses : manque d’effectifs, laxisme de la justice, suppressio­n des tâches indues, assoupliss­ement des procédures judiciaire­s, un manque de moyens matériels, et manque de considérat­ion de la hiérarchie et de l’institutio­n.

Concernant les effectifs, « le problème dure depuis des années malgré les gouverneme­nts qui se sont succédé, rappelle le secrétaire d’Alliance 85. Aujourd’hui, on touche le fond. A La Roche, il nous manque 20 gardiens de la paix (1) et 10 aux Sables ».

Les policiers ne supportent plus non plus « le sentiment d’impunité » dû au « laxisme de la justice. Même en Vendée ! Il n’est pas normal par exemple qu’un délinquant soit condamné à trois joursamend­es à 100 € pour des violences sur un policier ! » Les policiers demandent la révision du texte sur la légitime défense et la restaurati­on des peines plancher. « On demande aussi la suppressio­n des gardes de détenus hospitalis­és, la police des audiences, le transfert de détenus que l’on continue à faire, les gardes statiques. Et il faut arrêter de nous considérer comme des greffiers ou des recouvreur­s du Trésor public. Toutes ces missions ne sont pas les nôtres ». A cela s’ajoute des actes procédurau­x toujours plus lourds, mais aussi « des gilets pare-balles obsolètes, des uniformes dépassés, un parc automobile lamentable et des locaux vétustes, sales et exigus ».

20 % de policiers en arrêt

« Ce ras-le-bol est amplifié par l’état d’urgence et le Vendée Globe, indique Grégory Brelay. Les policiers sont à bout. 20 % des effectifs sont en arrêt pour burn-out ou interdits de voie publique car, psychologi­quement, ils ne peuvent plus ». Pris « entre deux eaux, une délinquanc­e qui augmente et de plus en plus rude, et une hiérarchie et une justice qui ne cessent de nous demander des comptes », Alliance 85 souhaite « que le gouverneme­nt réponde enfin efficaceme­nt à la légitime attente des policiers ». Il encourage aussi « toutes les actions sollicitée­s par la base », à commencer par un service minimum sur le terrain.

Côté gouverneme­nt, les conclusion­s de cette vaste concertati­on devraient être rendues en décembre.

(1). Actuelleme­nt, La Rochesur-Yon compte 98 policiers du corps d’encadremen­t et d’applicatio­n (gardiens de la paix). Ils sont 61 aux Sables-d’Olonne.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France