Les châtelains ouvrent leur parc au public
Jusqu’au 13 août, les châtelains de Nesmy ouvrent les grilles de leur parc de 47 hectares. Un espace dessiné au XIXe siècle et protégé au titre des monuments historiques.
« Les oncles de ma femme avaient pour devise : pour vivre heureux, vivons cachés. Nous, c’est l’inverse », lâchent d’emblée André Chapelle et sa femme, Elisabeth. L’héritière de la famille de Tinguy, installée à Nesmy depuis le XIIIe siècle. Aussi en arrivant sur la propriété familiale, au début des années 2000, leur premier geste fut d’abattre les quatre arbres qui obstruaient la vue depuis la route de La Roche-sur-Yon
De quoi dégager un panorama sur cette illustre bâtisse dont les premières traces remontent au XIIe siècle. Une propriété ancrée dans l’imaginaire collectif, qui doit sa réputation autant à ses vieilles pierres qu’à son parc. Un écrin de verdure de 47 hectares, célèbre pour ses appréciables perspectives.
« Le parc a été aménagé par bouquets d’arbres. Ce qui confère à l’ensemble un aspect naturel. Or tenter de reproduire le naturel est extrêmement complexe », précise l’hôte des lieux, qui a troqué bien volontiers son chapeau de magistrat pour devenir guide, la retraite venue. Et l’homme est intarissable : « Ce qui me plaît dans ce parc, c’est qu’il a une histoire, un auteur, une signature. »
Celle d’André Leroy, auteur, entre autres, du jardin du Mail à Angers. En 1842, le célèbre paysagiste angevin a souhaité créer une rupture avec l’aspect classique du domaine pour en faire un parc. Tout en veillant à conserver sa fonction agricole. C’est à cette époque que les 45 hectares se sont vus ceinturer par les arbres.
Ainsi les pins laricio, les hêtres pourpres, les cyprès chauves, les séquoias géants, les cèdres de l’Himalaya ont fait leur entrée chez les Tinguy. Des occupants qui ont, depuis, prospéré aux pieds desquels serpente toujours le Chemin des dames « qui permettait de faire le tour de la propriété en calèche ».
Quelques années plus tard, à la fin du XIXe siècle, les frères Bühler finiront d’inscrire le parc dans l’histoire. « Ces paysagistes, qui suivaient la construction de la ligne de chemin de fer Nantes-Bordeaux », ont été bien inspirés de faire étape à Nesmy, sur l’invitation de l’influent Charles-Louis de Tinguy. Entre la fabrication du parc du Thabord à Rennes et le parc borbelais, le duo a conçu le réseau hydrologique du domaine. De quoi laisser à la postérité un canal et trois étangs aux bords maçonnés. Des ouvrages qui viennent s’ajouter à la pièce d’eau du XIe siècle qui entoure la terrasse.
Autant de merveilles qui ont poussé le ministère de la Culture à inscrire, en 2008, l’ensemble du parc au titre des monuments historiques.