Philippe Darniche dit au revoir à la mairie
Après 35 ans à la tête de la mairie de Mouilleronle-Captif, Philippe Darniche a estimé « le temps venu » de passer la main. Il laisse derrière lui une commune prospère qui a vu sa population doubler durant ses mandats successifs.
Il fait partie des derniers barons du Pays yonnais. De ces maires élus au siècle dernier. Plébiscité dans les urnes depuis 1983. Du genre à rafler 77,4 % des suffrages aux dernières municipales. « Le plus gros score que je n’ai jamais fait », s’en étonne encore Philippe Darniche.
Mais, à 75 ans, le Mouilleronnais a estimé « le temps venu ». « La commune doit passer dans des bras plus jeunes. » En l’occurrence, ceux de Jacky Godard, son premier adjoint.
Ce demi-frère
Une histoire qui se répète. Comme en 1983, quand le maire, André Nicou, lui a laissé son écharpe en cours de mandat.
Ce même maire qui l’avait aidé à « réaliser » son « rêve » en ouvrant « son officine », en 1974. Lui, le jeune pharmacien débarqué de sa Gironde natale.
Difficile dans ces conditions « de ne pas renvoyer l’ascenseur ». « Pris d’une audace, je lui ai alors proposé de devenir mon premier adjoint. Il a passé 24 ans à mes côtés », se souvient-il, ému, à l’évocation de ce « demi-frère », décédé en juin 2016.
Méthode Darniche
A la tête de la commune de 2 600 habitants, l’édile ne tarde pas à bâtir une équipe « apolitique » autour « de compétences techniques ». Une méthode qui permet « de faire des économies et d’éviter les coûteux cabinets d’études ».
L’écharpe tricolore à peine ceinte, la place de l’église est redessinée. En bordure de 4 voies, le Vendéopôle accueille ses premières usines, dont celles des Cougnaud. Les maisons poussent et le « Mouilleron rond » prend forme, avec l’église en son centre. Sans oublier les commerces réunis dans le coeur du bourg. De quoi multiplier par deux la population, en 35 ans.
OEuvre culturelle
Une fierté pour Philippe Darniche. Mais rien comparé à son « oeuvre culturelle ». Celle esquissée autour du château de Beaupuy et de ses 50 ha d’espaces naturels préservés. Avec la Longère, devenue salle de spectacles à l’année. Et la création de Face & Si et ses 20 000 festivaliers réunis pour les 20 ans, en 2017. « Un événement qui fédère aujourd’hui 700 bénévoles », liste le maire. « De la culture fédératrice, comme l’aime cet amateur de musique classique. Fondamentale pour qui veut attirer des cadres, des médecins… »
Aux côtés de de Villiers
Le genre d’argument qui devait résonner dans le bureau national du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, dont Philippe Darniche fut l’un des fondateurs. Et aux côtés duquel il siégera au conseil général, de 1982 à 1998. « Un homme exceptionnel qui a pris pour la Vendée les plus grandes orientations pour son désenclavement. »
Un engagement qui le poussera à siéger au Sénat de 1995 à 2014. De quoi « élargir ses connaissances, mûrir ses réflexions et offrir des idées nouvelles au territoire ». Mais
aussi de « défendre la ruralité vendéenne, sa qualité de main-d’oeuvre incroyable et son sens des valeurs ». L’avenir
Des valeurs que Philippe Darniche souhaite, maintenant, léguer à ses successeurs. Notamment au sein du conseil, en qualité de conseiller municipal. Histoire de préparer le terrain : « 95 % de nos promesses de campagne ont été tenues. Reste maintenant à structurer le prochain mandat ».
Pour autant, le président de Face & Si n’a pas dit son dernier mot. Entre deux parties de bridge, le grand-père de neuf petits-enfants pourrait bien revenir pour servir « des causes généreuses ». Le Mouilleronnais n’a pas fini de faire parler lui.