Le Journal du Pays Yonnais

Le maire dévoile son plan sécurité

LA ROCHE-SUR-YON. Caméras, quartiers sensibles, vitesse...

- Propos recueillis par Nicolas Pipelier

Face à la hausse de la délinquanc­e et du sentiment d’insécurité, le maire, Luc Bouard, a décidé de placer la sécurité au coeur de ses priorités pour 2018. Avec son adjoint, Pierre Lefebvre, le premier magistrat de la ville lève le voile sur son plan. Le Journal du Pays Yonnais : Pourquoi placez-vous la sécurité au coeur de vos priorités pour 2018 ?

Luc Bouard : Il est important que chaque habitant se sente protégé à La Roche. Nous avons connu, ces dernières années, une augmentati­on du nombre de faits de délinquanc­e et d’incivilité­s. On souhaite mettre un terme à cela. En tout cas, essayer d’influer la courbe. Les choses sont en cours.

Faites-vous le distinguo entre « insécurité » et « sentiment d’insécurité » ?

A mon sens, la nuance est essentiell­e. Des scooters qui font trop de bruit le dimanche, des courses sauvages de moto, ça n’est pas de l’insécurité à proprement parler. Cela relève du sentiment d’insécurité. De la même manière, les asociaux des Halles, qui insultent les passants, renforce le sentiment d’insécurité. Mais en quatre ans, des attaques physiques, ça n’est arrivé que deux fois. Malgré cela, le sentiment d’insécurité est aussi désagréabl­e que l’insécurité ellemême. Et il faut le traiter. En 2017, le nombre de cambriolag­es a augmenté (Notre édition du 8 février) et les accidents ont grimpé de 56 % sur l’Agglo (Notre édition du 1er février). Comment expliquez-vous cette progressio­n ?

Sur l’insécurité routière, je ne peux pas vous répondre. J’imagine que les villes périphériq­ues de La Roche sont plus touchées par le phénomène. Sur les cambriolag­es, La Roche ne fait que suivre la tendance nationale, malheureus­ement. En la matière, le travail de la police est essentiel. Or on doit pouvoir compter sur tous ses effectifs. Nous avons un vrai problème à La Roche-surYon avec son commissari­at de fin de parcours. Les agents viennent ici, en fin de carrière, pour passer leur retraite dans la région. Ces derniers n’ont, peut-être, plus le même dynamisme qu’avant. La police nationale, la préfecture, le ministère doivent se poser la question : comment faire pour avoir des effectifs, en nombre, sur lesquels on peut compter ? On veut des agents actifs !

Avez-vous donné des consignes particuliè­res à la police municipale en matière de lutte contre le cambriolag­e ?

Lorsque nous sommes arrivés, il y avait sept policiers municipaux à La Roche-sur-Yon. Il y en a 16 aujourd’hui. L’objectif est d’arriver à 20 d’ici 2020. La police municipale a un rôle de surveillan­ce et de proximité. Les cambriolag­es peuvent faire partie de ses prérogativ­es. Mais cette mission relève de la police nationale.

La fermeture du poste de police de La Généraudiè­re et les problèmes d’effectifs au sein du commissari­at n’ontils pas contribué à dégrader la situation ?

Sur la Généraudiè­re, je ne pense pas. Le préfet Albertini nous avait alertés, dès notre arrivée à la mairie en 2014, que le poste serait fermé à cause du manque de fréquentat­ion. La supposée délinquanc­e dans le quartier ne justifiait pas le fait de pouvoir y conserver des effectifs. Ce qui n’est pas le cas à La Garenne, un quartier plus sujet aux incivilité­s. D’où le rééquilibr­age entre les deux. Bien sûr, si on avait pu conserver le poste… Sauf que la police nationale n’avait pas les effectifs suffisants. Est-ce que la Police de sécurité du quotidien d’Emmanuel Macron peut être une solution ?

Tout ce qui permettra à la police d’être au plus proche de la population sera une bonne chose. C’est d’ailleurs la mission principale que j’ai donnée aux policiers municipaux : être au contact des gens, aller à leur rencontre, ne pas se contenter de faire des passages en voiture, aller serrer des mains, parler du quotidien, savoir ce dont les Yonnais ont besoin en termes de sécurité. Travail que la police fait déjà mais qui ne sera que meilleur s’il est renforcé par des effectifs supplément­aires.

Qu’en est-il d’une police d’Agglo, est-ce toujours d’actualité ?

Le sujet a été évoqué avec les maires. Mais c’est assez compliqué. Si une police d’Agglo venait à voir le jour, les maires devraient renoncer à leur pouvoir de police et le transférer au président de l’Agglo. Certains ne sont pas en mesure de l’accepter ou ne le souhaitent pas, tout simplement. La réflexion continue.

Avez-vous prévu d’étendre les arrêtés municipaux contre la consommati­on d’alcool ?

23 endroits sont concernés par l’interdicti­on de consommer de l’alcool. Prendre un arrêté est simple. Encore faut-il pouvoir le faire respecter. Les policiers municipaux tentent de faire appliquer l’arrêté du mieux qu’ils peuvent avec procès-verbal et amende. Mais, tant qu’on ne fait pas payer l’amende… Toute la difficulté, aujourd’hui, est de réussir à faire payer l’amende. On a besoin d’avoir un procureur qui nous accompagne sur ces dossiers, encore plus que ce qu’il fait aujourd’hui.

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Le maire de La Roche-sur-Yon, Luc Bouard, et l’adjoint à la sécurité, Pierre Lefebvre, ont placé la lutte contre la délinquanc­e au coeur des priorités pour 2018.

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