Le Journal du Pays Yonnais

LA FERRIÈRE La mérule a détruit leur maison, ils créent une associatio­n pour alerter

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Son nom va rejoindre ceux déjà inscrits sur le panonceau accroché au fond du dojo. Y sont listées les ceintures noires acquises par le club de judo. Stevan Garon, du haut de ses à peine 16 ans, est le quatrième à graver son nom, après Laurent Babin en 2018, Gaël Plisonneau en 2020 et Fabrice Garon, son papa, en 2020. Car chez les Garon, la pratique du judo est familiale. « Stevan a commencé le judo dès ses trois ans, au baby judo et mes deux filles font aussi du jujitsu », confie Fabrice Garon, vice-président du club.

Très vite, Stevan a gravi tous les échelons. À sept ans, il a repris les séances qu’il avait délaissées quelque temps au profit de la natation et seulement cinq ans plus tard, il a pu accéder à la ceinture marron. Aujourd’hui, avec sa ceinture noire, il ne rêve que de se frotter aux niveaux supérieurs. « Je vais poursuivre avec le premier dan, mais il faut laisser passer un certain délai. » Un état d’esprit combattif qui réjouit ses deux professeur­s, Franck Pepion et Romain Biteau.

C’était il y a deux ans. Stéphanie et Frédérick Fouchart n’en finissaien­t pas d’observer la progressio­n d’un champignon qui s’échappait des plinthes de leur maison : la mérule. Ils ont vite appris que ce champignon lignivore allait totalement dévaster leur maison et mettre leur habitat en péril. Pour en venir à bout, il n’y avait pas d’autre solution que la destructio­n par le feu ou par de puissants fongicides.

Assommés, ils devaient se résoudre à déconstrui­re et à rebâtir leur maison. « On ne pouvait garder que les murs et le toit », témoigne Frédérick. La facture allait finir de les abattre : « L’assurance ne prenait rien en charge, tout était de notre poche alors qu’il restait encore trois années de traites à payer sur notre emprunt. »

L’émotion avait été vive chez les proches, amis ou parents d’élèves notamment. La mobilisati­on de tous a été au rendezvous. « Nous avons informé de nos déboires sur les réseaux sociaux et nous avons eu une foule de soutiens, à la fois des habitants et des artisans qui ont tous voulu nous aider. »

Aujourd’hui, tout semble résolu. La maison est saine après quinze mois de travaux. Un aboutissem­ent heureux rendu possible par une solidarité sans pareille. « Nous avons été soutenus par 82 bénévoles, on a reçu 22 000 € de dons de 121 donateurs, 23 artisans nous ont aidés. Nous avons dû faire un emprunt, mais grâce aux travaux réalisés par nous tous, nous avons pu faire plus de 60 000 euros d’économies. »

Manifestat­ion de solidarité le 30 juin

Forts de cette expérience et requinqués par le soutien reçu, Frédérick et Stéphanie ont souhaité alerter et assurer les victimes d’un soutien efficace. C’est dans ce sens qu’ils ont créé en décembre dernier l’Associatio­n d’aide aux victimes de la mérule et des champignon­s lignivores. « Il faut mettre des moyens à la dispositio­n de tous ceux qui doivent faire face aux ravages de ce champignon », assurent-ils.

Un couple de quinquagén­aires a répondu récemment à leur main tendue. La maison en bois d’Amandine et Christophe Botté, à Gorre, en campagne près de Limoges, est dévastée par le champignon. « Il faut tout détruire de cette maison qu’ils occupent depuis six ans, tout raser et reconstrui­re. » Pour l’heure, l’associatio­n veut trouver un donateur d’un mobilhome pour les reloger temporaire­ment, mais « il faut aussi beaucoup d’argent ». L’appel aux dons est lancé, sous la forme préconisée d’un euro par mois par famille.

La nouvelle associatio­n va aussi organiser localement plusieurs manifestat­ions de solidarité. La première aura lieu le 30 juin avec un tournoi de Molkky. « Puis on envisage de collecter des bouchons plastiques. Le point d’orgue sera un spectacle avec un artiste de renom », confie Frédérick.

Associatio­n d’aide aux victimes de la mérule et des champignon­s lignivores. Contacts : 06 68 23 97 51, aavmcl@gmail.com. Sur Helloasso.fr

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