Lité réduite” ? L
e 24 décembre, un soir de Noël en Bretagne, il y a plus de 30 ans. Sur la route, qui de Bonnemain mène à Combourg, une 4L transporte cinq passagers. Philippe Molteni est installé à l’arrière. Soudain la voiture fait une sortie de route, tape un mur et vient s’écraser contre un arbre. Pour Philippe, ce jour de Noël fixera à jamais son destin : la caisse à outils placée dans le coffre valse et frappe son dos, sectionnant sa colonne. Trou noir, coma… Au réveil, celui qui à 18 ans courait les bois devient paraplégique. Il ne pourra plus marcher. “C’est mon tout premier voyage en camping-car et mon premier voyage en Irlande”. L’excitation est donc à son comble au port d’embarquement de Cherbourg ce soir d’avril. L’aventure a commencé à Rennes, lorsque Philippe et son épouse MarieNoëlle ont pris place dans l’Autostar aménagé par la société Handynamic. Parlons de ce véhicule. Premier constat, pour une telle utilisation l’intégral est de rigueur. La rai- son en est simple : vivre dans un campingcar avec un fauteuil roulant nécessite de la place. Le fauteuil de Philippe fait 40 cm de large pour une hauteur d’assise de 50 cm. Et ce modèle est considéré comme léger, peu encombrant. Avec lui, rien ne doit entraver le quotidien à bord : accéder au véhicule, s’y déplacer, utiliser la salle de bain, la cuisine… À cette exigence, le concepteur Handynamic répond donc par l’utilisation d’une base intégrale. La seule à offrir un volume suffisant pour y concevoir un habitacle digne de ce nom et un vrai couloir. Ce couloir large obligatoire aurait pu entraver la présence d’autres équipements, ce n’est pas le cas. Les mobiliers de la cuisine et de la salle de bain ont été creusés pour qu’une personne en fauteuil puisse se glisser sous les plans de travail et les utiliser. Mais l’équipement le plus à même de ravir notre passager est la plateforme élévatrice électrique télécommandée, montée à l’arrière du véhicule.
Les warning à l’embarquement
Attention toutefois à un détail que vous préciserez à la compagnie maritime lors de votre réservation. Une fois stationné dans le garage du navire et pour pouvoir procéder aux “manoeuvres” de débarquement de la personne handicapée, vous devez disposer d’au moins trois mètres d’espace vide à l’arrière, entre votre camping-car et le véhicule qui vous suit. En effet, le hayon arrière, découpé dans la tôle du campingcar, est d’une dimension hors norme. Une fois ouvert, il cède sa place à la plateforme qui se pose à terre. Mais soyez rassurés : dans le protocole d’embarquement commun aux compagnies de ferry, les véhicules adaptés aux handicapés sont repérables par l’équipage, grâce aux warning de détresse que l’on demande d’actionner lors de la procédure d’enregistrement. À bord, de nombreuses commodités ont été prévues pour faciliter vos déplacements. Une rampe inclinée facilite votre accès à l’ascenseur qui vous mène de pont en pont. Des rampes supplémentaires permettent de profiter des ponts extérieurs. Il est entendu que votre réservation sera calée sur une cabine équipée handicapé : lit bas et douche avec fauteuil intégré. Passée cette séance d’apprentissage, Philippe profite et se déplace sans souci, découvrant comme tout un chacun les joies de la croisière en ferry. Avec Irish Ferries, la traversée va durer une nuit et une demi-journée. Il en est ainsi de la ligne Cherbourg-Rosslare, plus longue que la ligne Roscoff-Cork. Notre arrivée est prévue à 14 h 00, heure GMT. L’arrivée à Rosslare n’a pas l’exotisme d’une arrivée à Cork lorsque le navire se faufile dans l’estuaire de