3 4 Repères
■ Infos www.tourisme-alpesde-haute-provence.com
■ Cartes Michelin n°334 Alpes-de-Haute-Provence/Hautes Alpes. 1/150 000 et IGN de la collection TOP 25 (1/25 000) dont la n°3342 OT-Manosque et Forcalquier (PNR du Luberon).
■ Aire Puimoisson. L’aire des Lavandins affiche quarante places de camping-cars du 1er avril au 31 octobre pour 4,90 € les 24 heures. Mais cet espace, superbe, incite à y demeurer plus longtemps. Les 100 litres d’eau sont à 1 € et l’heure d’électricité à 1,05 €. Tél. : 04 92 74 54 01 (mairie).
■ Camping L’Épi bleu. Isolé sous les ombrages, à proximité immédiate de Banon, un bel établissement où vous trouverez tous les services ! Ouvert jusqu’au 14 octobre. www.campingepibleu.com
■ À voir, à faire • La librairie Le Bleuet à Banon. Franchissez le seuil de cette merveilleuse librairie, posez des questions aux libraires et partez avec une pile de livres sous le bras. En cadeau, de magnifiques marque-pages ! www.lebleuet.fr • Le Musée de la distillerie à Barrême. Repérable à sa cheminée en brique. La scénographie exceptionnelle, dans un bâtiment bien conservé, permet de comprendre les implications économiques de la distillerie de la lavande dans la région. www.secrets-de-fabriques.fr • Bleu d’Argens. Se rendre à la distillerie pour écouter la très pédagogue Véronique et repartir avec des produits sains à la lavande fine AOP, pour se faire du bien au juste prix. Argens, 04170 La Mure-Argens. www.bleudargens.fr • La Tour de Guet. Christine Martin n’a pas son pareil pour parler de la lavande. Originaire de Grasse, où sa mère cueillait des fleurs pour la parfumerie, elle fera de même avant d’installer sa savonnerie à Castellane. www.la-tour-de-guet-castellane.fr • Le Musée de la lavande. Petit établissement privé de Digne, situé à l’étage de la boutique Les Lavandières en Provence, avec une belle gamme de produits olfactifs : diffuseurs de parfum, bougies, encens… à base de lavande.
■ À manger Le banon. Ce petit fromage au lait de chèvre, cru et entier, est plié dans des feuilles de châtaigniers et liées par du raphia. Un look très automnal sur les étals. Il ne se révèle qu’à son déshabillage : une subtile somme de parfums liée aux règles de son AOC : alimentation en pâturages et prairies, parcours et fourrages secs de l’aire géographique d’appellation.
■ À lire • Je me souviens de tous vos rêves. « L’automne en Provence est limpide et bleu, ce n’est pas une saison, c’est un fruit : les touristes sont partis, la nature exulte dans une profusion de couleurs et d’odeurs. » René Frégny, Éditions Gallimard, NRF et Folio. • Le Commissaire dans la truffière. Qui aurait dit à Laviolette, venu à Banon pour y déguster une omelette aux truffes, qu’il y trouverait un nid de hippies assassinés ? Impossible de décrocher avant le dénouement final ! Pierre Magnan, Éditions Gallimard, Folio.
conjuguant érosion et ruissellement qui permettent à chacun de faire sa cueillette imaginaire. Forcalquier, est à vingt-trois kilomètres de Manosque, la ville de Giono : il y a passé sa vie, aux bords de la Durance. La Durance dont le canal EDF et l’autoroute ne font qu’emprunter le cours. Le cours de l’histoire qui, une nuit d’août 1952, fera du petit village de Lurs le théâtre de la dramatique affaire Dominici. Giono assiste à toutes les audiences et relate le procès dans le passionnant Notes sur l’affaire Dominici. Lurs, village brûlé par le soleil sur les hauteurs de la Durance, que l’on franchit vers Valensole. La route grimpe et se faufile sans jamais rien dévoiler. Et soudain, apparaît le plateau. En juin, juillet et août, il est recouvert de lavandin en fleurs. À hauteur de la distillerie Angelvin, il se transforme en studio photo pour des milliers de touristes asiatiques, embouteillés dans les cars des tour-opérateurs. Le lavandin… Un hybride reconnaissable à ses longues tiges et sa couleur mauve, violet pétant. Coupé, à grand renfort de moissonneuses, il est enfermé sans ménagement dans des remorques à couvercle tirées par des tracteurs qui fonctionnent au gasoil. Ces fabriques de vapeur sous pression distillent, parfois à même les champs, dans un bruit assourdissant. À Valensole, des irréductibles utilisent des méthodes plus douces. Ainsi, la famille Gradian récolte lavande et lavandin à l’aide d’une coupeuse-lieuse. Les gerbes, séchées deux à trois jours au soleil et chargées à la fourche, sont acheminées à la distillerie familiale qui est la dernière du plateau avec sa chaudière à paille de lavande. Familièrement appelée “essence”, l’huile a des propriétés apaisantes, relaxantes, antiparasitaires et désinfectantes (nettoyage ménager et linge). Elle prévient et soulage également les piqûres d’insecte.
Revenir à l’essentiel
Et Madame Gradian d’ajouter : « Gamin, on nous mettait une goutte derrière chaque oreille : contre les poux de l’école ! » Vous la trouverez dans son échoppe Galeries Modernes à Valensole. Naturellement, vous irez à pied ! Pour vous rendre chez Véronique Blanc, qui cultive une lavande fine d’excellence, vous irez… en camping-car ! Suivrez le Verdon, entre Saint-André-lesAlpes et Thorame-Haute. Après le pont qui enjambe la Sasse, un panneau couleur lavande indique la distillerie Bleu d’Argens. À gauche toute ! La D34 ouvre le passage sur quatre kilomètres et demi. Elle n’est pas bien large, mais ça passe ! Nous sommes à l’entrée du plateau d’Argens, un site préservé à 1 400 mètres d’altitude. Véronique précise d’emblée : « Ici, c’est la meilleure lavande du monde ! Les produits cosmétiques… Ce n’est que de l’excipient, de la simple glycérine qui donne une consistance mais n’apporte rien ! » Alors tous ces beaux discours, ces belles étiquettes, ces 0,002 % de rose de Damas, ne sont qu’un leurre au marketing prometteur de jeunesse, bienêtre et beauté mais contenant surtout des silicones, dérivés pétrochimiques et parfums synthétiques. Elle pose alors deux questions simples : « Avons-nous besoin de tous ces produits, chers au portefeuille et à la planète ? Ne devrait-on pas les consommer avec plus de discernement, revenir à l’essentiel ? » Et l’essentiel, c’est ce produit actif contenu dans une lavande qui pousse sur
les flancsflancs de sa montagne à l’abri du monde et de ses bonimenteurs. Qu’on se le dise : la lavande Bleu d’Argens bénéficie de l’appellation d’origine protégée (AOP) soumise à des critères stricts : village spécifique, altitude minimum de 800 mètres, non-diluée, non-modifiée chimiquement après distillation… Une liste de contraintes à la hauteur d’un seul objectif : faire du bien à son corps. De votre voyage, retenez trois pauses emblématiques de cette Haute-Provence. Castellane, Sisteron et Digne. Vous rejoindrez la première, porte des gorges du Verdon, par le lac de Castillon, Saint-Julien-du-Verdon et ces paysages aquatiques, sublime palette de bleu turquoise. Par la D4085, votre regard accrochera immanquablement le rocher de 184 mètres de hauteur sur lequel on aperçoit NotreDame-du-Roc ! Un sacré panorama. Mais Castellane, c’est aussi le couvent des Vistandines, le pont à péage (passage obligé de la transhumance) et le jardin de la tour. Béatrice, guide, explique cela très bien avec boissons rafraîchissantes et fougasse aux anchois à la clé. Amandine, chargée de mission culture et patrimoine, renchérit en évoquant évoquan le brassage paysan/bourgeois, la prison, le tribunal, les premiers touristes au début du XXe siècle, la communauté italienne, la libération de la ville par la Résistance, les grandes inondations de 1994 et l’eau du Verdon qui débordait sur le pont ! Un pont pour faire la jonction entre deux rives, comme à Sisteron. Sisteron et sa citadelle, initiée par Henri IV, bastionnée et fortifiée. Du haut de ce promontoire, la vue est imprenable sur la ville : son rocher et à l’endroit le moins large (30 mètres) ce pont, emprunté par les transhumances entre la plaine de Crau et les montagnes, hier recouvertes de vignes aujourd’hui disparues car recouvertes de pins noirs d’Autriche.
Un super-président !
Enfin, une fois n’est pas coutume. Daniel Richaud, président du camping-car club de Dignes-les-Bains, mérite des applaudissements. Ce jovial et sympathique président, passionné de camping-car et grand communiquant, est à l’initiative de la très belle aire de Puimoisson (plateau de Valensole) inaugurée en 2016. À l’entrée du village, voici quarante places herbagées à votre disposition, ombragées, reliées par deux caméras vidéo à la mairie et à la gendarmerie. Aire de vidange, toilettes, eau fraîche… Dix minutes à pied, par un portique privatif, suffisent pour se rendre à la Poste, la boucherie, la supérette, avec en prime les monts Ventoux et Denier dans l’axe du regard. Daniel Richaud, farouchement contre les parkings “cage à poule” privatisés, s’exprime à propos de la motivation de ce dossier et l’implication avec laquelle la municipalité a décidé cette implantation devenue rentable, sans passer par le tiers d’une société privée : « L’investissement – des équipements fiables, solides et faits pour durer – a coûté 15 000 € à la commune, aidée à hauteur de 70 % de subventions. Un risque très raisonnable. Résultat, l’ensemble des protagonistes, camping-caristes inclus bien sûr, est ravi ! » Parions que Monsieur le Président et ses acolytes, Bernard Giraud (vice-président) et Georges Canguilhem continuent de faire de la publicité pour cet espace emblématique qui méritait bien un coup de pouce ! Bravo Messieurs !