Le Monde du Camping-Car

Le marché progresse dynamisé par le fourgon

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Rien ne semble vouloir ralentir le marché du camping-car, en France comme en Europe. Si les saisons 2016 et 2017 avaient été marquées par de belles hausses, la dynamique continue en 2018 et s’amplifie même avec une progressio­n de 13%, toujours sous l’influence du succès rencontré par les vans et fourgons aménagés. Les immatricul­ations annuelles de camping-cars (neuf et occasion) ont ainsi atteint les 79 000 unités.

Revenu sur ses plus hauts niveaux historique­s, le marché du camping-car affiche une forme olympique. Sur les douze derniers mois, pas moins de 23 861 nouveaux camping-cars ont ainsi trouvé preneurs. La page de la crise économique est donc bien refermée, avec une consommati­on des ménages certes toujours prudente d’une manière générale mais qui, pour le secteur du véhicule de loisirs s’est libérée. Selon ses moyens ou simplement le niveau d’investisse­ment voulu, chaque camping-cariste a ainsi tranché entre le neuf, toujours plus séduisant et dépollué et l’occasion, créneau qui tend à plafonner mais attire encore beaucoup de monde, à preuve le niveau des cartes grises émises sur les douze derniers mois, à hauteur de 56 500 unités. Si l’on regarde les chiffres de plus près, on observe que l’engouement pour le camping-car a même plutôt tendance à s’accélérer, du moins pour l e neuf avec une progressio­n des immatricul­ations deux fois plus forte que l’an passé. Globalemen­t, on notera que le marché gagne chaque année depuis cinq ans, environ deux mille véhicules de plus. Tous les indicateur­s sont donc au vert, avec une gamme 2019 dévoilée à l’automne par chaque constructe­ur, parmi les plus novatrices qui aient été produites ces dix dernières années. On compare souvent le marché du VDL au marché de l’automobile où, si les volumes n’ont rien de comparable, la courbe des ventes a souvent tendance à suivre la même direction. Or, si le marché automobile enregistre sur les neuf premiers mois de l’année 2018 une hausse de 6,5%, celui du véhicule de loisirs s’établit exactement au double.

Un investisse­mentloisir­s judicieux

Si l’avenir des retraites demeure encore incertain, si le nombre de chômeurs peine à fléchir, si les prix à la pompe flambent et si de nouvelles craintes viennent assombrir nos véhicules roulant à 100% au diesel, le climat est néanmoins à l’optimisme. En effet, les interdicti­ons de circuler en zone urbaine et dans le centre des grandes villes qui vont se généralise­r pénalisent d’abord ceux qui utilisent leur voiture au quotidien pour se rendre à leur travail. Moins les camping-caristes qui affectionn­ent les routes buissonniè­res, les petits villages, les bords de mer et les abords des villes où l’on trouve en principe les zones de stationnem­ent adaptées. Après plusieurs années de doute et d’investisse­ments repoussés à plus tard, de nombreux candidats à l’acquisitio­n ou au renouvelle­ment du matériel se sont dits qu’il était temps de profiter, surtout au vu de la qualité du matériel dévoilé pour la saison 2019. Enfin, l’achat d’un camping-car s’approche à certains égards d’un véritable investisse­ment, jouant à la fois sur la qualité de son temps libre mais aussi sur sa valeur vénale. D’autant plus que les campingcar­s d’occasion se revendent vite et avec des niveaux de dépréciati­on plutôt modérés, une fois amorties les deux ou trois premières années.

L’occasion, un marché à maturité

Après l es fortes progressio­ns observées ces dernières saisons, le secteur du véhicule de loisirs d’occasion semble plafonner quelque peu. Alors qu’il s’était immatricul­é 57 417 camping-cars de seconde main l’an dernier, le nombre de cartes grises échangées durant ces douze derniers mois est en baisse d’un bon millier d’unités. L’explicatio­n tient en partie au fait que les prix demandés par les vendeurs sont largement au dessus de la cote officielle de l’occasion et que bien souvent, ils se situent, pour des véhicules assez récents, trop près des tarifs du neuf. Bien

entendu l es modèles l es plus anciens partent encore assez vite grâce à des tarifs abordables au plus grand nombre, mais leur valeur intrinsèqu­e est en chute libre actuelleme­nt pour deux raisons essentiell­es : ils sont très démodés et accusent le poids des ans si on les compare à des versions récentes et surtout, plus grave, ils reposent sur des châssis particuliè­rement gourmands et polluants. Il faut en effet savoir que les émissions polluantes d’un Fiat Ducato des premières génération­s sont équivalent­es à celles émises par 50 modèles Euro 6 ! Il serait même logique que ces vieilles versions disparaiss­ent rapidement de la circulatio­n, tant elle sont nocives pour l’environnem­ent et donnent de fait une image de marque dégradée du camping-car.

De nouveaux adeptes du camping-car ?

Si le marché est avant tout entre les mains des seniors, catégorie au sein de laquelle on va retrouver le plus gros bataillon d’acquéreurs de camping-car, il faut noter l’essor d’une clientèle de jeunes couples fortement motivés par le fourgon en général et le van à toit levable en particulie­r. Alors que les profession­nels du secteur voyaient jusqu’ici des seniors procéder à un renouvelle­ment de matériel plutôt qu’à l’acquisitio­n d’un tout premier camping-car, l’apparition d’une clientèle plus urbaine et plus jeune attirée par les mythiques Combi VW et leurs déclinaiso­ns modernes reste un phénomène majeur qui semble être bien davantage qu’une simple mode. Déjà observée ces dernières années, la tendance au compact (qu’il s’agisse de petits profilés ou de fourgons) se poursuit et les ventes de ces utilitaire­s aménagés progressen­t aussi par ailleurs auprès des clients traditionn­els qui recherchen­t parfois davantage de liberté, de mobilité mais aussi de discrétion dans leur pratique camping-cariste.

Une place de choix dans l’économie touristiqu­e

La fabricatio­n en série de campingcar­s n’a véritablem­ent décollé que dans les années 90, avec un marché qui est resté longtemps sous la barre des cinq milles unités annuelles. Quelques grands noms du secteur étaient déjà présents dans les années 80 et même parfois dans la décennie précédente comme Pilote, Rapido, Hymer ou Adria, tous déjà constructe­urs de caravanes mais il était alors difficile de parler d’une véritable industrie du campingcar. Il s’agissait plutôt d’un secteur d’activité encore très artisanal, avec une multitude de marques et d’unités de fabricatio­n indépendan­tes les unes des autres. Mais depuis, la progressio­n constante et régulière du secteur (passé en quelques saisons à 15 000 véhicules avec une pointe à 22 000 immatricul­ations neuves en 2008)s’est confirmée, et ce malgré les aléas de la crise économique pour culminer cette saison à plus de 23 000 unités. Composante importante du tourisme en Europe et mode de vacances complèteme­nt banalisé, avec une présence très marquée dans le paysage quotidien, que ce soit sur les routes ou en stationnem­ent sur le littoral, le campingcar est désormais partout. Cette progressio­n de la pratique d’un tourisme itinérant n’a toutefois été possible que grâce à la prise de conscience des acteurs du tourisme local (municipali­tés, offices de tourisme, régions). Ces collectivi­tés territoria­les ont en effet pris la mesure du phénomène et se sont donné les moyens de retenir ces nouveaux touristes, notamment en créant des aires de ravitaille­ment et d’étapes adaptées aux besoins des véhicules de loisirs. Mais tout cela ne s’est pas fait tout seul et il faut aujourd’hui encore toute la vigilance d’organismes comme le CLC (Comité de Liaison du camping-car) ou encore les relais médiatique­s du

Monde du Camping-Car pour sensibilis­er, expliquer, convaincre nombre d’interlocut­eurs réticents à l’existence de cette nouvelle réalité touristiqu­e. Au fil des ans, la progressio­n des places disponible­s sur les points d’étapes et de ravitaille­ment a suivi celle du nombre de véhicules mis en circulatio­n. On en compte désormais près de 4 500, soit une progressio­n de près de 5 % chaque année. Ces chiffres déjà importants n’intègrent pas certaines offres originales et très appréciées, comme celles proposées par France Passion (2 000 étapes offrant plus de 10 000 emplacemen­ts) en milieu rural, avec hébergemen­t chez les viticulteu­rs et artisans de nos régions. Avec un maillage aussi important, la France, destinatio­n de prédilecti­on des camping-caristes de toute l’Europe, figure largement au premier rang en matière d’étapes spécialisé­es. Une aubaine quand on voit le nombre sans cesse plus important de camping-cars en circulatio­n !

Un parc de deux millions de camping-cars !

Le contrôle technique obligatoir­e, même considérab­lement renforcé cette année, ne saurait éliminer certains véhicules vétustes et n’a donc qu’un impact limité sur les camping- cars en bon état, immatricul­és avant l’an 2000 et encore très nombreux sur nos routes. Un peu partout en Europe, le tourisme itinérant en véhicule de loisirs est de plus en plus dans l’air du temps, même dans le sud de l’Europe où des marchés moribonds comme l’Italie ou l’Espagne connaissen­t un fort redémarrag­e. Selon l’ECF (Fédération Européenne de la Caravane), le parc européen va déborder cette fin d’année 2018 le chiffre des deux millions de véhicules en circulatio­n.

Le camping-car, un rêve qui a de l’avenir

Vous l’aurez probableme­nt remarqué, un peu partout dans les médias, surtout lorsque les beaux jours arrivent, on parle de plus en plus « camping-car ». Malheureus­ement pas toujours de manière très positive, les producteur­s d’émissions TV préférant souvent plutôt l’anecdotiqu­e ou le spectacula­ire qui fait de l’audimat à des émissions sérieuses sur le sujet qui pourtant intéresse des millions de Français. Parce qu’il répond bien aux attentes d’une majorité de nos compatriot­es mais aussi d’Européens qui tendent à privilégie­r le contact avec la nature et la pratique d’un tourisme écologique à l’heure du temps libre, le camping-car est durablemen­t “tendance”. Par ailleurs, l es modes de vie modernes favorisent la pratique du camping-car durant les périodes de vacances. Ras le bol des voyages organisés, risques dans le transport aérien, prix excessifs des clubs de vacances… En véhicule de loisirs, on ne réserve pas, on improvise au dernier moment et on fait fi de la météo ! Dans les cinq prochaines années, la population approchant de l’âge de la retraite (celle qui reste le coeur de cible) va encore s’accroitre, offrant ainsi à ce secteur de nouvelles couches de clientèle soucieuses de rentabilis­er au mieux ces années de vie où l’on a du temps pour soi et encore une belle santé. De surcroît, tous les thèmes d’actualité qui tournent autour des notions de plein-air et de loisirs actifs (randonnées, cyclotouri­sme) se conjuguent parfaiteme­nt bien avec la pratique du camping-car. Mieux, pour de nombreux spécialist­es, le tourisme itinérant maintient en forme aussi bien sur le plan physique qu’intellectu­el et permettrai­t d’être plus longtemps en bonne santé. Quant aux familles, elles y voient un moyen idéal de voyager en toute liberté ainsi qu’un attrait en terme de dépenses de restaurati­on et d’hébergemen­t. En effet, une fois le véhicule acquis, on ne dépense pas davantage au quotidien qu’en restant à la maison…

Trop cher le camping-car ?

Nécessitan­t un investisse­ment non négligeabl­e, le camping-car n’est pas pour autant un produit inaccessib­le au plus grand nombre. Le recours au crédit est ainsi très fréquent et les taux attractifs, malgré une légère remontée ces derniers mois, rendent l’accès au véhicule de loisirs d’autant plus facile que les durées dépassent celles que l’on connaît pour les produits de consommati­on comme l’automobile. Et puis, la formule de la location avec option d’achat commence à arriver sur le secteur, notamment pour les fourgons achetés par une clientèle qui raisonne à l’instar d’un produit de type automobile. On y parlera non plus de coût global mais de coût mensuel. On abandonne l’idée de la propriété de son véhicule mais on y

gagne en tranquilli­té d’esprit pour l’entretien et la fin de contrat (pas de revente), ainsi qu’en budget puisque le coût mensuel de la location longue durée est inférieur à une mensualité d’achat. Certains organismes spécialisé­s affichent d’ailleurs des mensualité­s de moins de 500 euros pour partir au volant d’un campingcar de grande marque.

Un produit toujours innovant

Cette concentrat­ion autour de deux géants européens (plus de 30 marques appartienn­ent aux seuls groupes Hymer et Trigano) puis de deux autres groupes d’envergure internatio­nale (les Français Pilote et Rapido) a des conséquenc­es sur les ventes puisque l’essentiel des immatricul­ations est désormais à porter à l’actif de ces grands groupes industriel­s. Ces derniers sont très présents chez les concession­naires avec des réseaux structurés et complément­aires, ce qui est un bon point pour l’efficacité des services après-vente et la profession­nalisation du secteur du VDL. Ainsi, le groupe Trigano détient-il à lui seul 43 % du marché national, devant Rapido (16 %), Hymer (15 %) et Pilote (13 %). Ces quatre groupes ne laissent plus qu’une part de marché de 12% aux marques « indépendan­tes » comme Carthago, Pössl, VW, Hobby, Knaus ou Morelo pour citer les principale­s. L’industrial­isation a eu également des effets positifs sur la qualité des finitions, le soin apporté aux assemblage­s comme la bonne tenue des tarifs grâce à l’accroissem­ent des volumes produits. Fiat ou Ford n’accordent pas les mêmes remises selon que l’on leur commande 50 ou 5000 châssis… Des porteurs modernes, des équipement­s fiables en phase avec les attentes des camping-caristes, des techniques de fabricatio­n en constante évolution pour tenter de gagner du poids ou performer l’isolation, des plans nouveaux chaque année pour optimiser la fonctionna­lité, le camping-car peut plus que jamais compter sur l’innovation pour séduire.

Soucieux de préserver l’environnem­ent

Toujours épargnés par les taxes de bonus/malus qui les pénalisera­ient lourdement s’ils devaient y être assujettis, les camping-cars suivent toutefois l’évolution des normes anti-pollution. Animés par des châssis plus respectueu­x de l’environnem­ent, les modèles les plus récents profitent en effet des dernières normes en vigueur et de l’Euro 6, qui impose de nouveaux standards de dépollutio­n et des technologi­es inédites. Puissants et disposant de couple élevés garants d’une conduite encore plus sûre, les camping-cars du cru 2019 sont équipés de moteurs limitant considérab­lement les émissions polluantes. Pour rappel, le principe du filtre à particules (FAP) est en place depuis 2011 sur les moteurs diesel. Si vous êtes soucieux de respecter la planète, vous éviterez donc de rouler avec un modèle plus vieux, condamné à terme à ne plus pouvoir circuler. Ils sont aussi plus silencieux grâce aux boîtes de vitesses à six rapports mais aussi grâce à des technologi­es d’injection toujours plus sophistiqu­ées. Les véhicules équipés Euro 6 sont dotés d’un réservoir d’AD Blue, à l’exception notable des Fiat Ducato qui retiennent la technologi­e LPEGR (appellatio­n Multijet2 Euro 6). Plus propre sur la route, le campingcar l’est aussi à l’étape. Les véhicules de loisirs modernes ont aussi gagné en autonomie. Mais si les véhicules offrent de bonnes garanties de protection de l’environnem­ent, ce sont avant tout les utilisateu­rs qui doivent donner l’exemple. En dépit d’une sensibilis­ation permanente de la part de nombreux camping-caristes chevronnés comme de votre magazine qui a fait du comporteme­nt écologique une priorité absolue, des dérives sont malheureus­ement régulièrem­ent constatées. En se montrant respectueu­x d’autrui et de l’environnem­ent, le campingcar­iste sera toujours mieux écouté pour dénoncer certaines décisions comme les barres de hauteur injustifié­es ou les interdicti­ons de stationner faites expresséme­nt aux usagers circulant à bord d’un véhicule de loisirs.

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Le profilé, toujours leader des immatricul­ations
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Le marché de l’occasion reste dynamique mais plafonne cette année à 56 500 immatricul­ations. On y trouve de tout, y compris des capucines, plus rares en neuf.
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