Le Monde du Camping-Car

Indre-et-Loire : escapade en sud Touraine

- Texte et photos : Grégory Gérault LE MONDE DU CAMPING-CAR n° 330 - avril 2021

Loches est un peu l’arbre qui cache la forêt. La Cité royale subjugue par son passé et son architectu­re. On flâne dans les rues pavées de la vieille ville avec délice, mais le bien nommé château de Montrésor et son village médiéval valent eux aussi la visite. La forêt se découvre à bord de drôles d’engins et les amateurs de roses et de fleurs vont à Chédigny, un village devenu jardin.

Montrésor est classé parmi les Plus Beaux Villages de France. Ce village médiéval se blottit sur les rives bucoliques de l’Indrois. Les berges de cet affluent de l’Indre sont arborées de saules pleureurs se penchant à sa surface, autour du reflet de l’imposant château. Les murs de tuffeau des maisons et les toits en tuiles patinés par les siècles tranchent avec l’écrin de verdure de la campagne environnan­te. L’histoire du château de Montrésor démarre en l’an 1005. Foulques III Nerra, grand batailleur, grand bâtisseur et comte d’Anjou, ordonne alors l’édificatio­n de la forteresse médiévale sur un éperon rocheux, en vue de défendre le Val d’Indrois. Les vestiges du donjon du XIe siècle et la double enceinte du XVe siècle sont toujours visibles. En 1493, sous Charles VIII, le puissant et richissime Imbert de Bastarnay, conseiller de quatre rois de France, lui adjoint le château Renaissanc­e que l’on visite aujourd’hui. Imbert de Bastarnay est une figure majeure de l’époque. Le dauphin Louis XI s’en entiche lors d’une chasse. Nommé Gentilhomm­e, puis Chambellan, il devient membre du conseil du roi en 1468. En 1498, il est présent lors de l’accident du roi à Amboise. Sous Louis XII il négocie les mariages d’Anne de Bretagne et de Marie d’Angleterre, sous François Ier, des traités. La Collégiale Saint Jean-Baptiste consacrée en 1532 et achevée en 1541, dont il commanda la constructi­on, témoigne du pouvoir d’Imbert de Bastarnay et de sa richesse. Elle fut telle, qu’il consentit deux prêts au roi. À l’intérieur, le gisant familial fut achevé vingt-deux ans après sa mort.

La collégiale possède par ailleurs un étonnant reliquaire : une calotte de JeanPaul II, dont la présence se comprend grâce à l’histoire du château…

En 1849, le comte Branicki, à la fortune immense, grand ami de Napoléon III (qu’il finança à l’occasion), doit quitter son pays

natal, la Pologne, alors aux mains des Russes, de la Prusse et de l’Autriche. OEuvrant sa vie durant à la réunificat­ion de son pays, il s’attira les foudres du tsar Nicolas Ier. Il acquiert le château et le fait rénover dans le style Second Empire. Il y accumule une collection d’objets, de livres (dont d’étonnants atlas hollandais du XVIe siècle), meubles et tableaux. La vie de cet homme influent, devenu français, libéral, réformateu­r et républicai­n après la chute de l’Empire est un véritable roman. Il fut à l’origine de la création du Crédit Foncier en 1852 et administra­teur de 1852 à 1870. Il finança des travaux dans le Paris de l’Empire en constructi­on, une ligne de chemin de fer en Algérie et une autre de Kiev à Odessa. Maire de Montrésor, il fut fidèle à la France et participa à la guerre de Crimée, mais aussi à la Pologne en soutenant financière­ment de nombreux mouvements en faveur de la libération du pays. Aujourd’hui, ses descendant­s ont à coeur de faire connaître au plus grand nombre sa vie et ses collection­s.

La salle à manger compte de nombreux trophées de chasse et massacres de Touraine, d’Afrique, des Etats-Unis et d’Europe de l’Est. C’était un grand chasseur. Le petit salon abrite une toile de Véronèse. Dans le pli d’une étoffe se cache un étonnant autoportra­it du maître lui-même. On passe au premier étage en empruntant un escalier à colimaçon en acajou, acquis lors de l’exposition universell­e de 1855. Au grand salon se trouve un piano sur lequel Chopin composa une valse pour la princesse Branicka. On découvre également une partie de la collection du cardinal Fech, oncle de Napoléon Ier, des oeuvres de la Renaissanc­e italienne et de maîtres hollandais du XVIIe siècle.

Forêt et Cité royale de Loches

La forêt domaniale de Loches est grande, très grande : 3 600 ha, de quoi satisfaire les amateurs de randonnée et autres cueilleurs de champignon­s. À la Ferme de la Voisinière, à 30 km de Loches, Willy Gendron, qui, en plus d’élever Blondes d’Aquitaine et Limousines d’une façon respectueu­se des animaux et de l’environnem­ent, a eu l’idée de balades en forêt en trottinett­e électrique tout terrain. Est-ce bien utile, vous demanderez-vous ? Non, mais si on s’en tenait à l’utile, voyagerait-on ? Est-ce dangereux alors ? Même pas ! Après quelques tours de roues (doublées à l’avant et à l’arrière), on a vite la maîtrise de l’engin (doté de bons pneumatiqu­es et d’un amortisseu­r correct à l’avant). Les changement­s de vitesses, l’accélérati­on et le freinage, l’équilibre sont vite maîtrisés. Bridées à 25 km/h, on arrive à 35 km/h dans les descentes, rien de démoniaque. Quoiqu’il arrive, Marion sera votre guide, suivez-la, elle connaît ces engins et la forêt. Et en forêt, quel bonheur ! On fait corps avec l’engin (que l’on oublie) et les sentiers s’enchaînent en douceur ; on avance sans effort et quasi en silence dans un bain de chlorophyl­le. De l’étang du Pas

aux ânes, en passant par la chartreuse et la chapelle du Liget, la Corroirie et le lac de Chemillé. Les deux parcours proposés, 1 h ou 2 h, sont beaux et à la portée de tous. Les amateurs de boeuf et de veau savoureux en profiteron­t pour remplir leur réfrigérat­eur avant de reprendre la route. Si vous préférez la voie des airs, au petit matin ou en fin de journée, alors que le soleil se lève ou se couche et magnifie le paysage de ses rayons rasants, prenez de la hauteur en montgolfiè­re ! Bien sûr, c’est le vent qui décidera de votre parcours et qui vous fera survoler la Cité royale de Loches ou la forêt domaniale. Mais quel que soit le sens du vent et que ce soit un baptême ou non, un vol en montgolfiè­re est toujours une expérience inoubliabl­e. Chaque mercredi et samedi matin, il y a marché à Loches, l’un des plus importants de Touraine. On y trouve toutes sortes de produits, mais bien sûr, ce sont les fromages de chèvre et plus spécifique­ment l’AOP Sainte-Maure-deTouraine qui tient la vedette. Les rillons

(essayez ceux de la charcuteri­e Berruer) et rillettes de Tours ont également la cote, suivis de près par les macarons de Cormery. Plus au nord, le long du Cher et de la Loire, la Renaissanc­e nous a laissé de nombreux châteaux, mais plus rares sont les cités médiévales. Au sommet de l’éperon rocheux, surplomban­t la ville, le donjon, la collégiale Saint-Ours et le logis royal sont cerclés d’un mur d’enceinte la dominant magistrale­ment. On y pénètre par l’imposante Porte Royale et c’est à Foulques III Nerra (encore lui !) que l’on doit la constructi­on du donjon de 37 m, entre 1013 et 1035. Aujourd’hui, même si le volume de l’ouvrage laisse pantois, il ne subsiste qu’un parallélép­ipède évidé dont il est, au néophyte, difficile de comprendre les fonctions. C’est donc avec un Histopad qu’on le découvre. Les quatre étages, les différente­s pièces ainsi que leurs fonctions reprennent vie, salle d’apparat, chapelle, appartemen­ts privés… Tentures et ameublemen­t virtuels redonnent couleur au passé de cette « tour-palais » qui atteignait alors un haut niveau de confort (cheminée, éclairage, latrines, fenêtres). C’est aussi un des mieux conservés d’Europe. Si vous n’êtes pas sujet au vertige et que quelques marches ne vous font pas peur, vous jouirez au sommet d’une vue à 360° sur la ville et ses environs. À côté, la Tour neuve fut bâtie à la moitié du XVIe siècle pour se substituer au donjon roman. D’abord résidentie­lle, elle devint citadelle, puis prison royale pour détenus de haut rang sous Louis XI. Une troisième tour, dite du Martelet, prison également, y fut adjointe ultérieure­ment. À l’opposé, se trouve le logis royal dont la constructi­on s’étala du XIVe au XVIe siècle. Trois femmes y ont imprimé leur nom. Jeanne d’Arc, qui après avoir levé le siège d’Orléans y rencontre Charles VII fin mai 1429 pour le convaincre d’un couronneme­nt à Reims, qui aura lieu le 17 juillet 1429, en faisant ainsi un roi de France légitimé. Anne de Bretagne, deux fois reine de France, y séjourne fréquemmen­t y laissant un oratoire de style gothique flamboyant absolument remarquabl­e. Enfin Agnès

Sorel, qui subjugua Charles VII par son esprit et sa beauté. Il en fit une princesse sans le titre. Follement épris il lui offrit bijoux et terres, en faisant sa favorite au service de son épouse Marie d’Anjou, scandalisa­nt la cour et son fils, avec lequel il se fâchera à ce sujet. Elle accompagne le roi lorsqu’il réside à Loches, alors que la reine reste à Chinon. Morte à 28 ans d’une intoxicati­on au cyanure, nul ne sait si elle fut assassinée sur ordre du dauphin, le futur Louis XI, ou si elle reçut un traitement inappropri­é. Son gisant en marbre se trouve dans la collégiale Saint-Ours, à deux pas de là, selon la volonté du roi. Avant de sortir de l’enceinte médiévale, faites une halte pour visiter la MaisonMusé­e d’Emmanuel Lansyer, peintre paysagiste, élève de Gustave Courbet et de Viollet-le-Duc. Dans sa maison familiale sont exposées de nombreuses toiles et pièces de ses collection­s : photograph­ies, gravures (Canaletto et Piranèse), estampes japonaises. L’occasion également de découvrir un intérieur bourgeois du XIXe siècle. Les

amateurs de peinture se rendront aussi à la galerie Saint-Antoine admirer deux toiles attribuées au Caravage, ou du moins provenant de son atelier (la question n’est pas résolue) : « L’incrédulit­é de Saint-Thomas » dans lequel l’apôtre incrédule plonge un doigt dans le flanc du Christ et « La Cène à Emmaüs ». Une troisième oeuvre impression­nante de Jean Poyer, du XVe siècle, le « Retable du Liget », y est également présentée.

D’un jardin à l’autre

Loches et Beaulieu-lès-Loches se touchent. Séparées seulement par l’Indre, le canal de Beaulieu et des prairies inondées au plus fort des crues. Depuis quelques années un parcours artistique et bucolique intitulé Beaux Lieux est proposé, du jardin public de Loches où se trouve certaineme­nt la plus belle vue sur la cité royale, au centre historique de Beaulieu, en passant par les Prairies du Roy. Une aire pour camping-cars se trouve précisémen­t entre les deux, près du stade municipal. L’exposition comptait en 2020 une trentaine d’oeuvres. Sous l’influence de la dynamique maire et urbaniste Sophie Métadier se sont également développés des jardins partagés, une guinguette et des spectacles aux beaux jours. À un quart d’heure de route au nord de Loches, se trouve Chédigny, un village devenu jardin. C’est le seul de France à être devenu Jardin Remarquabl­e dans sa globalité. Il est né en 1998 de la volonté commune de l’ancien maire Pierre Louault et du célèbre rosiériste André Eve de redonner du lien et du bien vivre aux habitants en améliorant leur cadre de vie. Petit à petit les presque six cents habitants se sont pris au jeu, réalisant le bien-être que cela leur procurait et participan­t au projet. Les photos « avantaprès » des rues avec et sans trottoirs, avec et sans végétation, ne laissent pas place au doute. Le village est même pris en exemple aujourd’hui pour sa gestion de l’espace public, voirie comprise. Dans les rues quelque 1 000 rosiers (270 espèces) s’accrochent aux façades des maisons et tous sont identifiés ! Arbustes, 1 500 bulbes, 3 000 vivaces et graminées ont pris la place des trottoirs. Depuis cinq ans aucun désherbant n’est utilisé, les oiseaux reviennent habiter les lieux. Seuls les riverains peuvent traverser le village avec leur véhicule (à 20 km/h). Il en résulte calme et réel apaisement. L’accès des piétons est bien sûr gratuit, celui au jardin de curé, lui, est payant. Ouvert en 2017, c’est une recréation d’un jardin du XIXe siècle. Devant l’entrée un tilleul planté en 1811 accueille le visiteur. On y trouve des plantes médicinale­s, une grande variété de fleurs, des arbres fruitiers, un potager de légumes oubliés et une petite basse-cour de races locales. Des formations pour les jardiniers, paysagiste­s et amateurs sont organisées, ainsi que des stages de taille de rosiers et d’arbres fruitiers. André Eve a créé trois rosiers pour le village : « Jeanne de Chédigny », en hommage à la doyenne du village, Juste parmi les Justes, «Blanche de Chédigny » et « Petite coquine de Chédigny », peu avant de disparaîtr­e. Un bien joli cadeau auquel Chédigny rend honneur.

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 ??  ?? Survol en montgolfiè­re de la Cité royale de Loches. La collégiale Saint-Ours, le logis royal et le donjon dominent la ville médiévale.
Survol en montgolfiè­re de la Cité royale de Loches. La collégiale Saint-Ours, le logis royal et le donjon dominent la ville médiévale.
 ??  ?? 1. Grâce à l’histopad, le donjon reprend des couleurs et transforme d’impression­nantes ruines en une histoire vivante.
2. Chédigny est le seul village de France à porter le label Jardin Remarquabl­e dans son entièreté, une initiative locale inspirante !
1. Grâce à l’histopad, le donjon reprend des couleurs et transforme d’impression­nantes ruines en une histoire vivante. 2. Chédigny est le seul village de France à porter le label Jardin Remarquabl­e dans son entièreté, une initiative locale inspirante !
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 ??  ?? Un des salons Second Empire du château de Montrésor, avec une toile attribuée à Véronèse, dans laquelle se cache un autoportra­it.
1. Montrésor fait partie des Plus Beaux Villages de France et possède un charme fou. Au fond, la Collégiale Saint Jean-Baptiste du XVIe siècle.
2. Loches compte plusieurs aires pour camping-cars. Celle-ci se trouve à 2 mn à pied de la vieille ville en longeant les rives de l’Indre.
3. La forêt domaniale de Loches s’étend sur 3600 ha. On la découvre au fil de ses 100 km d’allées forestière­s et de carrefours en étoile.
Un des salons Second Empire du château de Montrésor, avec une toile attribuée à Véronèse, dans laquelle se cache un autoportra­it. 1. Montrésor fait partie des Plus Beaux Villages de France et possède un charme fou. Au fond, la Collégiale Saint Jean-Baptiste du XVIe siècle. 2. Loches compte plusieurs aires pour camping-cars. Celle-ci se trouve à 2 mn à pied de la vieille ville en longeant les rives de l’Indre. 3. La forêt domaniale de Loches s’étend sur 3600 ha. On la découvre au fil de ses 100 km d’allées forestière­s et de carrefours en étoile.
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 ??  ?? Le château de Montrésor de style Renaissanc­e et les ruines du donjon médiéval se reflètent dans les eaux paisibles de l’Indrois.
Le château de Montrésor de style Renaissanc­e et les ruines du donjon médiéval se reflètent dans les eaux paisibles de l’Indrois.
 ??  ?? À Chemillé-sur-Indrois, l’imposante Chartreuse du Liget, fondée au XIIe siècle, se cache au coeur du domaine forestier des chartreux.
À Chemillé-sur-Indrois, l’imposante Chartreuse du Liget, fondée au XIIe siècle, se cache au coeur du domaine forestier des chartreux.
 ??  ?? Restaurant Arbore & Sens à Loches.
11. Vue imprenable sur la collégiale Saint-Ours et le logis royal, depuis le jardin public de Loches, sur les rives de l’Indre.
2. Le marché de Loches est l’un des plus importants de Touraine. Fromage de chèvre AOP Ste-Maure-de-Touraine chez Mme Champion.
3. « L’Incrédulit­é de Saint-Thomas » à gauche, « La Cène à Emmaüs » au centre attribués au Caravage, et retable du Liget de Jean Poyet à droite.
4. Les toits des maisons étroites de la ville médiévale de Loches sont dominés par les 52 m de la tour Saint-Antoine, du XVIe siècle.
Restaurant Arbore & Sens à Loches. 11. Vue imprenable sur la collégiale Saint-Ours et le logis royal, depuis le jardin public de Loches, sur les rives de l’Indre. 2. Le marché de Loches est l’un des plus importants de Touraine. Fromage de chèvre AOP Ste-Maure-de-Touraine chez Mme Champion. 3. « L’Incrédulit­é de Saint-Thomas » à gauche, « La Cène à Emmaüs » au centre attribués au Caravage, et retable du Liget de Jean Poyet à droite. 4. Les toits des maisons étroites de la ville médiévale de Loches sont dominés par les 52 m de la tour Saint-Antoine, du XVIe siècle.
 ??  ?? Le presbytère et le jardin de curé de Chédigny. Légumes anciens côtoient herbes médicinale­s et aromatique­s. Un jardin remarquabl­e !
5. La flèche du Grand Clocher de l’abbatiale de Beaulieu-lès-Loches culmine à 64 mètres et a été entièremen­t reconstrui­te en 2016-2017.
6. Vue depuis le donjon médiéval de la Cité royale de Loches, les Prairies du Roy et le clocher de l’abbatiale de Beaulieu-lès-Loches.
Le presbytère et le jardin de curé de Chédigny. Légumes anciens côtoient herbes médicinale­s et aromatique­s. Un jardin remarquabl­e ! 5. La flèche du Grand Clocher de l’abbatiale de Beaulieu-lès-Loches culmine à 64 mètres et a été entièremen­t reconstrui­te en 2016-2017. 6. Vue depuis le donjon médiéval de la Cité royale de Loches, les Prairies du Roy et le clocher de l’abbatiale de Beaulieu-lès-Loches.
 ??  ?? L’église St-Ours de la collégiale Notre-Dame possède un portail roman du XIIe siècle richement orné de monstres et d’animaux fabuleux.
L’église St-Ours de la collégiale Notre-Dame possède un portail roman du XIIe siècle richement orné de monstres et d’animaux fabuleux.
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