Charente-Maritime : de la Haute Saintonge à la Côte de Beauté .
Au sud du fleuve Charente, les petites routes de Saintonge vous invitent à découvrir les mille attraits de la Charente-Maritime, un des départements les plus touristiques de France. Côté terre, il y a les campagnes vertes ou dorées, les églises romanes, les villages colorés de passeroses ; côté mer, les citadelles marines, la Côte Sauvage et les stations balnéaires de la Côte de Beauté dont la reine est Royan, classée Ville d’Art et d’Histoire. Entre Seugne et Seudre voici un itinéraire motivant et insolite concocté par deux auteurs… saintongeais.
C’est aux Antilles que démarre notre voyage charentais! Cocotiers, palmiers, eau turquoise à 29°, nous ne sommes pas en Martinique mais en Haute Saintonge… Les Antilles de Jonzac, vous connaissez ? C’est l’un des plus grands parcs aqualudiques couverts d’Europe. Lagon et bains bouillonnants profitent de l’eau réchauffée par la géothermie et attirent, hors pandémie, 400 000 visiteurs par an, sans compter les curistes de la station thermale dont les thermes troglodytiques soignent les rhumatismes. Jonzac a d’autres atouts : son château qui domine la Seugne, son couvent des Carmes, ses moulins à vent et à eau, ses balades en barque sur la rivière. Affluent de la Charente, la Seugne est un petit sanctuaire de la nature. Elle s’éparpille en multiples bras bordés d’aulnaies et de frênaies. Par la verdoyante D134, nous faisons escale à Clion, station verte qui réunit petit patrimoine, pêche, camping à la ferme et randonnée. Ne pas manquer le Pont des Anes : six blocs de pierre posés à l’époque gallo-romaine et une clairière de verdure idéale pour le pique-nique. Avant Pons, un arrêt s’impose au château d’Usson. Construit en 1536, il a la particularité d’avoir été déplacé sur sept kilomètres, pierre par pierre, au XIXe siècle. Il est devenu le château des Enigmes, parc à thèmes familial.
Pons est une cité médiévale posée sur un rocher. Son château du XIIe siècle est surmonté d’un donjon de 30 mètres, témoins d’une puissante forteresse démantelée. Les rues anciennes avec tourelles, arcades et escaliers conduisent jusqu’à l’Hôpital des Pèlerins classé par l’Unesco au titre des Chemins de Compostelle. Au fil des siècles ce lieu de charité a accueilli pèlerins et malades qui ont laissé sur les murs d’énigmatiques graffitis.
En Saintonge romane
Pour poursuivre notre chemin vers la côte, nous avons choisi un parcours intime et buissonnier par des petites routes ponctuées de villages fleuris de roses trémières et riches de vénérables églises romanes. Depuis Pons, dans un environnement de vignes, de champs et de bois, nous avons suivi la D142 vers Tesson pour atteindre Rétaud. Son église Saint-Trojan datée du XIIe siècle fait partie des trésors de pierre essaimés en Saintonge aux XIe et XIIe, tout comme ses voisines de Rioux, Thaims ou Meursac. Modillons, frises, colonnes surmontées de monstres grand goule : les frontons portent des scènes de la Bible et de la vie au Moyen Âge, une imagerie gravée dans la pierre pour délivrer le message divin à des populations qui, à l’époque, étaient analphabètes. Nous traversons des « petits patelins » dont les noms sentent bon la France rurale : St-Simon-de-Pellouaille, Montpellier-de-Médillan, St-Romain-de-Benet et sa tour de Pirelonge, énigmatique « pile » de pierre galloromaine. Nous faisons étape à Saujon où l’aire de camping-cars est en bord de rivière, à quelques pas de la rue piétonne et du marché. Une agréable balade à vélo ou à pied permet de longer l’estuaire de la Seudre jusqu’au village authentique du Breuil, sur la rive gauche. Et, par l’Ilate, rive droite, on s’enfonce dans le dédale des marais où foisonnent cygnes, hérons et mouettes. Tout près, à Sablonceaux, l’abbaye du XIIe siècle, sauvée par André Malraux en 1963, pointe le clocher de son église dans un paysage bucolique où coule un ruisseau bordé de peupliers et de prairies : un havre de paix. Le noyer d’Amérique planté dans la cour voici 150 ans et classé arbre remarquable, vient compléter
le tableau presque impressionniste. A Nancras, nous rejoignons la D728 qui file vers Marennes. Un court détour par le village pittoresque de Saint-Sornin nous amène en un lieu un peu secret : la tour de Broue. Cet insolite donjon en ruine, haut de 20 mètres, a été construit au XIe siècle sur une île qui dominait le golfe des Santons alors recouvert par l’océan. Les chasse-marée bretons remontaient les chenaux pour venir charger le sel. Aujourd’hui, du haut de son promontoire solitaire, ce site rare permet d’admirer un paysage de pleine nature où la mer a laissé place aux marais peuplés de vaches, cigognes et ragondins. Seules quelques cabanes rappellent la présence discrète des humains, ostréiculteurs, éleveurs ou saulniers. Au loin, vers l’ouest, se dessine la silhouette horizontale d’une étrange citadelle : Brouage, qui a connu le même sort que Broue lorsque la mer s’est retirée.
Ancienne capitale du sel, Jacopolis sur Brouage devait être la rivale de La Rochelle. Richelieu en fortifia les murailles, y traça un chemin de ronde et fit construire des échauguettes et bastions d’angle ; ce fut la plus importante place forte de l’Atlantique. Aujourd’hui, loin des vagues, « le plus beau havre de France » s’est endormi dans une solitude à 360° encerclée par les marais. Mais remparts, échauguettes, halle aux vivres, poudrières sont toujours là. Et Brouage se réveille à la belle saison grâce au tourisme. La fréquentation est dopée par les labels Grand Site ou Plus Beau Village de France et par les personnages historiques qui ont laissé leur souvenir : Champlain, Marie Mancini, Louis XIV, Vauban…
Où que vous soyez dans ce pays plat, il y a un repère immanquable : l’église de Marennes, perchée sur une ancienne île. Haut de 85 mètres, son clocher se voit de partout et offre un panorama exceptionnel sur la mosaïque des parcs à huîtres, l’estuaire de la Seudre, le pertuis d’Antioche. Dans la capitale de l’huître verte, prenez la route de La Cayenne qui longe le chenal. Bordée de cabanes et de claires (et d’une aire de camping-cars !), elle aboutit à l’ancien embarcadère où vous attendent les restaurants de fruits de mer. En chemin, la Cité de l’Huître vous dévoile tout sur le cycle de la fine de claire. Ensuite, faites un détour par Bourcefranc dont les charmes vous surprendront : un stationnement sur le port au pied du viaduc d’Oléron, une courte marche à pied à marée basse (ou une rapide traversée en bateau à marée haute) jusqu’au Fort Louvois, construit en mer par Louis XIV pour faire face à la menace anglaise. Enchaînez avec une balade dans les venelles du Vieux Chapus aux maisons blanchies à la chaux (rue et baie du Vieux Port), une visite à l’étonnant moulin à vent de La Plataine dont les ailes tournent en centre bourg depuis 1650, et enfin un repas marin à la terrasse du Terminus ou à la cabane du Chapus.
La forêt des vacances
Le franchissement de la Seudre par le pont inauguré en 1972 vous en met plein les yeux : à gauche l’estuaire de la « rivière des huîtres » avec ses villages ostréicoles, à droite l’île d’Oléron, et, sur l’eau, le va-etvient des bateaux à fond plat. A La Tremblade, rien ne vaut une soirée sur la Grève, long chenal où sont alignés les restaurants et les maisons de bois multicolores. On sert les huîtres de la claire à l’assiette, on prépare les terrées de moules au bord de l’eau sur des planches de chêne et sous un manteau d’aiguilles de pin qui, en brûlant, dégagent une fumée parfumée d’iode et de résine… A Ronce-les-Bains, nous prenons la D25 : la grande forêt de La Coubre étend l’ombre