En terre paimpolaise
Pays de falaises, de landes, le Goëlo dissimule ses trésors au gré de ses communes : Plouha, Paimpol, Ploubazlanec. De Gwin Zegal aux croix des disparus en mer, voilà un circuit qui s’annonce bel et bien en bord de mer.
Vous êtes tout au nord de la baie de St-Brieuc. Et vous avez rendez-vous avec Jean-Yves Guillouët, ancien garde du littoral qui propose des balades très… pédagogiques. Pour le rejoindre, direction Plouha. La route côtière (D786) égraine ses stations et ports de pêche : Binic-Établessur-Mer, Saint-Quay-Portrieux, Plouha. Du bourg, ça se complique un brin pour rejoindre Gwin Zegal. Ne perdez pas le fil du premier panneau. Votre camping- car, une fois doublée l’église, roule vers Run Bellec, Goaz Bihan, Kersalic. Des noms qui sonnent bien la Bretagne. Une dernière petite fourche vous indique Gwin Zegal – Beg Hastel. Prenez Gwin Zegal. Le parking est suffisamment grand pour recevoir votre camping-car ! Une fois posé pied à terre, vous serez happé parla vision de ces étranges pieux, plantés dans l’eau, et autour lesquels de petits bateaux sont amarrés. « On a toujours utilisé des arbres ici. Ce port est équivalent à celui de Porspoder, en Finistère. Enchâssés dans 2 à 3 m de fond de sable, ces troncs de chêne – autrefois de l’orme – constituent un abri côtier unique en Bretagne. Gwin Zegal signifiant Vin de seigle. C’est aux grandes marées d’équinoxe que l’on change régulièrement ces gros pieux – 3, 4, 5 – qui ont une durée de vie de 10 ans. » Jean-Yves continue de garder un oeil avisé sur ce joyau, ce port insolite créé en 1850. L’abbaye de Beauport à l’entrée de Paimpol – à 20 km au nord par la D7 – fut érigée plus tôt, au XIIIe siècle. Les derniers religieux partis à la Révolution, elle devient cidrerie, étable, mairie.
C’est Mérimée qui la classe. Merci Prosper ! Car elle est fascinante ! Attention toutefois, avec votre véhicule, impossible de stationner à proximité. Mais vous trouverez. Entourée de jardins, d’un verger conservatoire qui produit confitures, cidre et jus de pomme, l’abbaye se visite, librement ou accompagné. Lové au fond de l’anse de Paimpol, le domaine révèle ses platanes classés, ses roselières, grèves, préssalés et marais. Enfin son agenda culturel foisonne de rendez-vous, spectacles, rencontres. Sachez-le, à Paimpol on chouchoute les camping-caristes. Les « Dames » de l’office feront tout – un service info par triporteur stationne au port et navigue entre les aires, cinq, dont deux temporaires – pour optimiser le confort de votre séjour. Ainsi, de l’aire Chateaubriand – la gare SNCF – comptez 10 mn pour rejoindre à pied le port. Les quais de Paimpol sont un peu hors du temps eux aussi… Et surtout lors du Festival du Chant de Marin, reporté et programmé mi-août cette année. Nul doute que les spectateurs entameront avec joie un chant de Terre-Neuvas. La pêche à la morue, meurtrière, s’est pratiquée d’ici vers l’Islande et TerreNeuve, provoquant la disparition de 120 goélettes. Pour les disparus en mer, l’Église autorisa les familles à apposer une plaque commémorative rappelant le défunt. Direction Ploubazlanec et son mur des disparus. Et pour partager la vie de ces marins, d’hier mais aussi d’aujourd’hui, franchissez le seuil de Milmarin – qui n’est pas qu’un musée maritime – : c’est un lieu de découverte, d’échange, de conservation et de valorisation des activités maritimes. Collections, archives, mémoire, actualités, innovations futures, vous pourrez naviguer vers de nombreux horizons avec les deux espaces d’exposition et les nombreuses animations proposées, dont des promenades commentées. Milmarin côtoie immédiatement le mur des disparus, qui n’est autre qu’un des quatre murs du cimetière, le mur d’enclos ouest, recouvert de ces panneaux de bois, plaques de marbre et croix en mémoire de plus d’une centaine de goélettes et de leurs équipages disparus au cours des campagnes morutières. Un lieu incontournable qui impose respect, silence et dignité.