Vers la Vallée des Saints
Nous sommes aux portes du Finistère. Et comme un dernier baroud d’honneur, le département des Côtes d’Armor (22) s’offre un coup de génie : la Vallée des Saints en Carnoët. Vous êtes dans des terres de légendes, terres sacrées au coeur de l’Argoat !
Pontrieux, ancienne cité du lin, est votre point de départ. Elle fut un important port d’échanges entre l’Argoat et l’Armor, avec ses pêcheries d’anguilles, de saumons, ses moulins à céréales, à papier. On imagine l’effervescence dans cet aval du Trieux. Aujourd’hui, la « petite cité de caractère » conserve son charme grâce à l’eau qui la traverse. Vous posez votre campingcar rue du Port. Les possibilités de stationner le long des quais où sont amarrés de nombreux voiliers ne manquent pas. Et ce, pour rejoindre à pied ou à vélo la rue du Traou Meledern. Pour les autres, le parking de la rue de Kerpontou fera l’affaire ! Empruntez la rue pavée Saint-Yves. Elle relie les places Yves Le Trocquer et de la Liberté. Pourquoi prendre cette direction ? Parce que Pontrieux est réputée pour ses lavoirs. Pas moins de 50, dont trois publics, balisent les berges du Trieux. De « La Petite Venise du Trégor », vous embarquerez, donc, passerelle de l’Embarcadère « À la découverte des lavoirs ». Les bateaux sont superbes. M. Jacopin, votre guide, explique : « Nous avons, avec mes acolytes, réhabilité d’anciennes “Caravelles ”, ces voiliers école à la forme si caractéristique. Ils sont beaux, vous ne trouvez pas ? Ici le lavoir est à l’image de son propriétaire : s’il est beau, il est riche ! C’est la Mère Denis et sa machine à laver qui les a mis au rebut avec sa pub. En 1991 on a donc décidé de les rénover… » Et le résultat est là. Surtout lors de la fête des lavoirs où une fois réglée votre obole, tout est gratuit, y compris les crêpes et les galettes saucisses ! 22250, code postal de Pontrieux, mais 22160, code postal de ? Il faut avouer que celui-là est peu connu du public. Était… Car depuis la création de la « Vallée des Saints » (2008), Carnoët n’est plus anonyme. Vous êtes à 15 mn de Car-haix. Ce « projet fou pour l’éternité » – c’est ainsi qu’on le surnomme – a germé dans l’esprit de Philippe Abjean (créateur du Tro Breiz), cheville ouvrière de l’association à l’origine du projet. Projet qu’il partage avec Sébastien Minguy, directeur de la « Vallée des Saints ». Pour rejoindre cette « île de Pâques » bretonne, de Pontrieux, vous traverserez l’intérieur de la Bretagne : une soixantaine de kilomètres à parcourir, en pas
sant par Guingamp, Callac – D787. Gare de Pénity, vous prendrez à droite toute, la petite D97. Le site est en accès libre, tous les jours, toute l’année, 24h/24. Seul le parking est payant. Sachez-le d’emblée, le stationnement des camping-cars est toléré la nuit : « Ce sont nos anges gardiens. Ils sur veillent le site !, révèle Sébastien. De nombreuses communes étaient pressenties pour accueillir les sculptures. Et puis le maire de Carnoët – un nom qui ne nous était pas familier, il faut l’avouer – nous fixa rendez-vous sur cette colline de Quénéquillec. Un matin brumeux. On n’y voyait rien. Nous étions perplexes jusqu’à ce que le soleil se lève et laisse apparaître ce site exceptionnel : un signe du ciel ! » Du haut de la butte Saint-Gildas, à quelque 230 mètres d’altitude, le panorama à 360° est insolite. Un écrin remarquable pour 133 géants qui regardent vers la ligne de crêtes des Monts d’Arrée. 133… dont les sept saints fondateurs de la Bretagne : Pol-Aurélien, Malo, Brieuc, Tugdual, Samson, Patern, Corentin. Vous passerez sous la grande verrière du hall, cafés, boutiques et n’échapperez pas au bruit d’une meuleuse, d’un burin : dans la cour, un artiste fait naître la prochaine sculpture monumentale. Avant de quitter les géants, marchez vers la chapelle Saint-Gildas. Votre boucle dans ce « Kreiz Breizh » sera complète lorsque de Carnoët, votre camping-car roule vers les gorges du Corong. Un immense amas de rochers dégoulinant sur plusieurs centaines de mètres. Nés de l’érosion, on raconte que ces blocs servaient de refuge à des groupes de Chouans. C’est aujourd’hui une balade extraordinaire, à découvrir surtout au printemps, quand le vert des arbres s’empare des berges de la rivière Follézou.