Entre mer et rivières
La Vilaine… Voilà un fleuve qui malgré son nom de baptême est majestueux. Et pour s’en rendre compte, constater de l’intérêt de sa partie maritime — celle qui nous intéresse dans ce tracé —, rien de mieux que de partir de La Roche-Bernard. Pour, après avoir franchi le barrage d’Arzal, profiter de l’océan à Pénestin.
ALa Roche-Bernard, la cohabitation du maritime et du fluvial fait bon ménage. Cité patrimoniale par excellence « La Roche » est un modèle du genre en architecture historique. Un concentré d’Histoire dans un « mouchoir de poche ». Son cadastre nous révèle qu’elle est minuscule : 42 ha. Mais sa situation géographique, stratégique sur le fleuve, la métamorphose dès le Moyen Âge grâce au commerce du sel. La suite ? C’est sur ses hauteurs, dans ses ruelles et places piétonnes, qu’il faut aller la chercher, et bien sûr au musée de la Vilaine maritime, à lui seul fleuron de l’architecture rochoise : un hôtel particulier des XVIe et XVIIe siècles construit sur cinq niveaux, à l’aplomb d’un rocher. À l’intérieur, parmi les thèmes abordés : le cabotage, la pêche et l’histoire des ponts, indissociables du passé de cette « petite cité de caractère » au grand caractère. Figurez-vous que même Alexandre Dumas fit souper à La Roche-Bernard son fameux héros, d’Artagnan ! Et pour l’anecdote, Emmanuelle Bercot tourna « Elle s’en va » (2013), avec Catherine Deneuve dans le rôle-titre. Pour profiter de tout cela vous stationnerez dès votre arrivée sur l’aire du chemin du Pâtis. Évitez de traverser le centre-ville. Arrivé de Nantes ou de Vannes en quittant la N165, les ronds-points de la D34 vous guideront, mais, à hauteur du rond-point des Métairies, à droite toute – D34E. Vous ferez ainsi le grand tour, passerez sous la D765 – aujourd’hui boulevard de Bretagne, relié à l’ancien pont – pour entamer votre descente rue Crespel de la Touche et enfin chemin du Pâtis. Votre camp de base sous les frondaisons de chênes séculaires côtoie le port et ses voiliers. Un vrai luxe de tranquillité et de paysage qui nécessite de prendre quelques précautions en réservant à l’avance auprès du camping municipal. À un petit quart d’heure vers la mer, Arzal. Arzal, son port de plaisance, ses chantiers navals, son parking de 110 places souvent utilisé en dépannage de nuit par les camping-caristes et… son barrage, qui régule les caprices du fleuve, marées et débordements, et provoque de joyeux bouchons, résultats d’une écluse et d’une portion de route qui se lève au passage des bateaux, à
heure fixe. Vous pouvez consulter les horaires si vous ne voulez pas être coincés ! Mais n’oublions pas qu’il permet l’alimentation en eau potable de 70% de la presqu’île guérandaise, très fréquentée des touristes ! De l’autre côté, rive gauche de l’estuaire de la Vilaine, Pénestin. Une mine d’or et sa plage font le succès chaque été de cette commune prisée des estivants. De l’or il n’y eut presque jamais : l’exploitation de la mine fut stoppée nette à la Première Guerre. Les paillettes d’or trouvées çà et là n’étaient pas à la hauteur des rendements espérés. Aujourd’hui c’est l’or de sa couleur qui fait la joie des promeneurs et des photographes : au soleil couchant ses deux kilomètres de falaises offrent un spectacle inédit. Et ne soyez pas surpris de voir au-dessus de votre tête des parapentistes : elle est le seul spot du Morbihan. Frédéric Brettier, géographe et chargé de la valorisation de ce patrimoine pénestinois, explique : « Ici pas de granit, mais des couches de sédiments et de sable, sans doute déposées par la Loire – une hypothèse fort probable – qui s’écoulait dans ce périmètre. Un fleuve immense, gigantesque il y a… un million d’années. Une broutille à l’échelle des temps géologiques. Quant à la mine… C’est le résultat du contact entre la forte concentration de fer et les ruissellements de l’eau, tout simplement de la rouille, qui lui confère cet aspect orangé.» Sur les hauteurs du port de Tréhiguier un phare blanc (1881) au charme pittoresque abrite la Maison de la mytiliculture, car ici on vit de l’élevage de moules. Et du haut de ce phare vous découvrirez les jardins des capitaines dont les palmiers rappellent les voyages au long cours.