Une presqu’île dans la presqu’île
Elles encerclent le marais salant. Batz-sur-Mer et Le Croisic, deux balises à l’extrémité sud de la presqu’île de Guérande. Deux voisines aux destins bien différents. Mais un point commun les rapproche : les bains de mer.
De Guérande pour rejoindre Batz-sur-Mer, un quart d’heure vous suffira. Pour rejoindre Le Croisic, impossible d’échapper à la traversée de Batz-surMer, passage obligé par la D245. Le Croisic… Un nom dont l’écho résonne vacances, bord de mer. Voici pourquoi Le Croisic peut s’enorgueillir du label de « petite cité de caractère ». Mais Le Croisic est enfermée dans sa presqu’île. Ajoutez à cela que sa gare est le terminus d’un… TGV en provenance de Nantes et donc de Paris, et en plein été, la circulation peut devenir kafkaïenne ! L’idée sera donc, si vous n’êtes que de passage, de stationner au port, tôt le matin, rue des Chantiers. La solution pour être au plus près de l’ambiance joyeuse qui règne sur les quais du Croisic. Ici, le sel, la pêche à la sardine ont fait la richesse de celle qui est devenue la première station touristique de « Loire inférieure » – comme on disait autrefois ! Ainsi la marge de ses quais est bordée de riches demeures d’armateurs. Curieux et passionnés d’Histoire, revivront de façon chronologique et ludique les
péripéties de « la poche de SaintNazaire » au musée du Grand Blockhaus, racontées à travers des scènes reconstituées, des objets et témoignages au coeur de cet ancien bunker du Mur de l’Atlantique. Quant au sel ? Son histoire est indissociable de celle de la presqu’île. On l’associe souvent à Guérande. Mais c’est à Batz-sur-Mer que cette histoire prend tout son sens. Le « très beau » musée des Marais salants de Batz-sur-Mer – un ancien entrepôt à sel superbement réhabilité – est une mine d’or pour les curieux. Il témoigne de manière remarquable de ce qui fut, et continue de faire, une économie essentielle dans le paysage de la presqu’île. Tableaux, documents d’époque, costumes, outils… Un établissement qui fait la part belle aux nouvelles technolog ies. Enfin, sachez qu’à deux pas du musée, intégrées à un circuit d’interprétation, les ruines romantiques de la chapelle du Mûrier (XVe) impressionnent en plein coeur du bourg, rue de la plage qui, comme son nom l’indique, mène à la plage SaintMichel ! Encore une ! Un homme a lui aussi décidé de faire la part des choses. Gwenaël Rio ! Nous l’avons rencontré sur le lieu même de son travail, dans ses marais. L’homme est humble, mais son savoir est grand ! Et il faut le voir manier « la lousse » pour la fleur de sel ou « le las » pour le gros sel, tout en racontant l’histoire de son marais, pour comprendre combien, entre ce passionné de vieilles pierres, de patrimoine, d’Histoire et surtout de Bretagne et le marais, il y a plus qu’une simple symbiose. M. le Président de Trad Y Sel : « La fleur de sel c’est la fleur d’eau. C’est le plus… tendre des sels ! Elle est légèrement rosée avec sa senteur de violette. Nous sommes paludiers depuis huit générations. Le paludier travaille dans le marais, le saunier vend le sel. Vous savez… C’est l’indivision qui a sauvé le marais. Le marais allait disparaître avec la fin de l’épopée de la sardine : plus besoin de sel ! » Avec sa brouette il passe sur les ponts, dépose son sel sur les oeillets. Le bon conseil : pointez-vous au 9 rue Olivier Guichard, à Batz-sur-Mer, le siège et le magasin de Trad Y Sel : « Aux gourmandises du marais ». C’est ouvert toute l’année. Trad Y Sel a fait le choix de travailler exclusivement le sel issu des marais de Guérande : la qualité du sel est fonction de celle des eaux de ruissellement des bassins versants qui s’écoulent par les étiers. Une bonne partie du bassin guérandais n’est pas en contact avec ces eaux venues des terres et facteurs de pollution. Et un deuxième conseil, glissez dans votre panier un pot de sel fumé aux copeaux de hêtres. Un régal sur des viandes ou des poissons grillés. Et vous savez quoi ? Des visites des salines vous sont proposées par toute cette équipe de sympathiques paludiers.