Au passage des deux rives
De la presqu’île du Médoc, réputée pour ses irréductibles vignerons de Pauillac, nous embarquons à Lamarque pour la rive nord de la Gironde, Blaye et son remarquable «BlayeCôtes-de-Bordeaux».
Le lendemain matin, changement de décor : l’office de tourisme de Pauillac vous donne rendez-vous d’avril à septembre, à la Cave coopérative de Pauillac, au 44 rue du Maréchal Joffre, pour un spectacle immersif, « l’Odyssée de la Rose », ou l’histoire de ces petits propriétaires pauillacais qui mutualisèrent leurs moyens afin de créer un grand vin, « La Rose Pauillac ». L’idée ? Plutôt que de vendre leurs parcelles au plus offrant, ces irréductibles vignerons et leur descendance, défenseurs de leur terroir, continuent de faire un énorme pied de nez aux spéculateurs assoiffés de gains. Une plongée à 360 degrés au coeur d’un cuvier de 12 m vous en met plein les yeux. Vinification, fermentation, écoulage et assemblage, toutes les étapes de la production du vin sont racontées dans un jeu de sons et lumières somptueux, grâce à des rétroprojecteurs. Réservation très conseillée ! Tangente de la D2 qui file direct sur Bordeaux par le sud, la petite D.5, « La route du port » a les pieds dans l’eau à Lamarque. Au bout de cette « impasse » fluviale, l’embarcadère de Lamarque qui dispose – tant mieux – d’une aire communale de campingcars. Ainsi, installés la veille aux abords du quai d’embarquement, vous ne pourrez manquer le lendemain la première malle du matin. Dans le cas contraire, arrivez au moins 30 minutes avant le départ. Attention toutefois : il n’y a que quatre horaires de traversée dans la journée ! À bon entendeur… Propriétaires de camping-cars, il vous en coûtera moins de 20 € en basse saison et plus de 20 € en haute saison. Le « Sébastien Vauban » – en réalité l’architecte militaire dont nous
allons reparler, se nommait Sébastien Le Prestre de Vauban – flotte sur les eaux terreuses de la Gironde pour une traversée qui double sur son tribord le fort Paté, et sur son bâbord l’Île Nouvelle. La marée, elle, va au-delà de Bordeaux. Ce navire est amphidrome. Entendez par là qu’il est capable d’aller dans les deux sens (aller et retour) sans faire demitour. Le premier bac, lui, était à roue… Avant de débarquer à Blaye nous allons nous intéresser à l’Île Nouvelle car elle se visite. L’île est la conclusion d’un dépôt d’alluvions, fruit de la rencontre entre les eaux douces et salées de l’estuaire. Une sorte de bouchon vaseux. Elle fut cartographiée pour la première fois en 1800. Propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1991, le département de la Gironde assure sa gestion depuis 1999. Elle s’étire sur 6,3 km de long entre Pauillac et Blaye. Charles, guide : « 150 îlouts vivaient ici, dans ces bâtiments, ces maisons ! Un marin se chargeait d’assurer les traversées vers Blaye, de transporter la nourriture et même les morts. » C’est un espace de promenade, avec deux boucles possibles d’1 et 3 km, et une exceptionnelle réserve d’oiseaux. L’accès est gratuit. Seul, le transport assuré par des bateliers privés est payant. Mais ce moment hors du temps vaut bien ce petit sacrifice au départ de Blaye. Blaye justement… Une fois débarqués du bac les camping-caristes habitués au parking de la citadelle vont devoir changer leurs habitudes ! Plus question de stationner la nuit au pied de la forteresse. C’est fini ! La municipalité met désormais à disposition une aire « toute neuve », avec alimentation en eau collective, vidange des eaux usées, barrière automatique. Un site distribuant 90 emplacements, séparés par des haies et des petites traverses. Naturellement, à Blaye, la visite de la citadelle (classée Unesco) est un incontournable. Faites-la avec un guide de l’office. Ainsi Élise nous accompagne. Et elle en connaît un rayon sur cette masse qui impose sa présence dans le paysage de la ville. « Pourquoi une citadelle à Blaye ? C’est une question de portée de tir. Blaye a subi 16 sièges dans son histoire. Une fois la place fut prise par la ruse. Une sorte de cheval de Troie. Les protagonistes s’étaient déguisés en marchands. Le plus étonnant c’est le réseau de souterrains qui permettait une circulation militaire. Seuls quatre habitants, des locataires, vivent ici. » À La Maison du Vin de Blaye, 12 cours Vauban, vous trouverez Cédric. Il a le vin dans le sang, et surtout celui de Blaye-Côtes-de-Bordeaux qu’il défend avec conviction. Il trouvera, dans ce temple dédié à cette A.O.C généreuse, votre bonheur parmi les 300 références, vendues à prix propriété : fruité, croquant, corsé, bio, biodynamie, en conversion… Ces vins d’excellence vous attendent à proximité immédiate du nouvel office de tourisme. Bonne dégustation !