La clé des champs
Dans le Gers, de beaux villages ont conservé plus que d’autres leur histoire : Fourcès, Larressingle, Lupiac, village natal de d’Artagnan. Bien dans leurs bottes, ils sont le lien intime qui relie la terre à la pierre.
«Adishatz ! » Vous êtes en territoire gascon, en Ténarèze, terroir d’Armagnac. Et votre escapade gersoise débute par Fourcès, « Plus Beau Village de France » et village circulaire. Et pour vous éviter de tourner en rond, que vous arriviez du nord (Marmande) ou de l’ouest (Mont-deMarsan), l’aire communale de camping-cars vous attend, une fois franchie la rivière Auzoue. Cette formalité accomplie – attention les places sont chères : seulement 10 ! –, vous arriverez à pied dans ce petit bijou de village, réputé pour son marché aux fleurs en avril. Fourcès se trouve dans le triangle d’or et sa grande ville, Condom, sous-préfecture. La Ténarèze est une légendaire voie qui, de ce sud-est de la France, permettait de rejoindre Bordeaux, et donc l’océan, sans franchir de pont, de gué, en passant par… Fourcès. La porte du village est flanquée d’une tour porte de l’horloge du XIVe siècle. Son totem. Fourcès, en gascon, signifie « le lieu planté d’arbres ». Et c’est ce que vous constaterez : le centre de cette belle bastide aménagée d’une place ronde est ombragé d’un bouquet de gros platanes. Un bouquet bordé d’arcades, maisons à colombages, abritant des galeries d’art, d’artisans, de producteurs de vins et d’Armagnac et d’un achalandage de restaurateurs pour une halte gourmande. À 10 km par les D114 et 278, voici Larressingle et ses pierres secrètes. La tolérance est de deux nuits sur le parking du bas de ce village, plus approprié à recevoir 30 campingcars. Hors saison, le parking du haut du village fera l’affaire. Pour rentrer – à pied – dans cette cité médiévale, vous franchissez par
le seul pont de pierre, à l’origine levis, le fossé qui encercle l’une des plus petites villes fortifiées de France. Intramuros, vous admirez les meurtrières, mâchicoulis, l’église romane, et bien sûr le château des puissants évêques de Condom. Franchement, pour découvrir tous les secrets de ce « Plus Beau Village de France », faites appel à un guide. Le petit crochet – allez, un quart d’heure – que vous ferez par Montréal-duGers – dites Montréal – et sa bastide à l’urbanisation ordonnée, étape sur les chemins de Saint-Jacques, permet de faire vos courses et pourquoi pas de vous procurer au tabac-presse « Le Petit Journal », l’hebdo du Gers, un bon moyen de connaître les potins et la vie locale. Montréal organise l’été ses « Médiévales », et l’automne « La Flamme de l’Armagnac », une grande soirée festive à proximité de l’aire. Et dans cette campagne se trouvent deux chapelles bien discrètes. D’ailleurs l’une d’entre elles l’est à ce point qu’elle intègre un parcours, « Armagnac confidentiel ». Mais confidentiel ne signifie pas dissimulé, caché ! L’ église de H eux est une construction improbable. La dénicher, plantée sur son tertre, c’est déjà un vrai plaisir. Et l’endroit est parfait pour une halte déjeuner. Enfin, son architecture en surprendra plus d’un avec son clocher-mur à deux cloches et son emban – sorte de préau – qui dissimule sa façade, mais s’il pleut vous permet d’être à l’abri. Même son de cloche pour la chapelle de Luzanet. Au bout de votre chasse au trésor et au milieu des vignes, son porche s’ouvre à 180° sur les domaines viticoles de la Haille, Pellehaut, Labrit… Vous remonterez ensuite vers le nord-est, à un peu plus de 20 km, Éauze, capitale de l’Armagnac. Votre course aux trésors continue. On ne peut mieux dire : son musée possède un trésor : 28 000 pièces en argent, bronze, or, des bijoux, objets précieux, présentés au sous-sol dans la salle des coffres… d’une ancienne banque ! Plus atypique, vous remarquerez en vous baladant dans ses rues et squares 22 fresques réalisées dans le cadre du festival Street’Art’Magnac. À Lupiac, tous les ans, le 2e week-end d’août, un autre attire la foule des grands jours : le festival d’Artagnan. Ici d’Artagnan est un Dieu. On l’adore, on le vénère, à l’image de Maxime Fillos qui m’accueille en tenue, cape bleue de Lectoure : « Les Mousquetaires, c’était le G.I.G.N de l’époque ! Et d’Artagnan c’est le Français le plus connu au monde. Il a passé sa vie à côté du roi, chassait avec lui. Quand il est mort le roi a dit : “J’ai perdu l’homme en qui j’avais le plus confiance“! » Le village natal du célèbre mousquetaire vous invite à franchir la porte du musée d’Artagnan, une plongée dans le grand siècle aux côtés des mousquetaires. En garde !