En terre d’Armagnac
Le Gers ne serait pas le Gers sans l’Armagnac, ses petites routes qui mènent là où on ne s’y attend pas, sans Auch et sa cathédrale, sans ses bastides dont Bassoues, première étape de ce circuit.
Ce parcours débute à Bassoues d’Armagnac, au domaine de Bilé, un exemplaire domaine viticole parmi tant d’autres très accueillants, très… gersois. La propriété arbore le label « Bienvenue à la ferme », intègre le réseau « France Passion » recevant les camping-caristes. Située dans sa campagne vallonnée, à proximité d’un grand étang, Bassoue est à 35 km au sud-ouest de la grande ville, Auch, votre prochain arrêt. Et le domaine ? « Le vignoble est e n rais onné, précise Mar ieClaude, la boss. Un vignoble trois couleurs, axé sur l’oenotourisme. Nous proposons des déjeuners champêtres, des soirée concerts, accordant les mets du menu avec nos bons vins gersois… Cela va de soi ! Et, venez, je vais vous montrer, nous avons même une salle d’exposition d’art. Et pour vos camping-caristes… un conseil : dites-leur d’ar r iver avant 18h ! Obligatoire ! » L’histoire du Domaine débute en 1962, avec l’installation de la famille italienne Della Vedove « Ma famille est originaire du Frioul. Elle a fui Mussolini ! Et naturellement – le Frioul étant une importante région viticole d’Italie — elle est arrivée ici avec un savoir-faire ! » Les Della Vedove ont donc replanté des vignes alors que tout le monde arrachait. « En 1995, 1996, nous avons décidé de devenir vignerons indépendants. Traduction : avoir notre propre chais, souhait de tout vigneron ! Et vous savez, ici, le changement climatique on connaît : il a fait tellement chaud cet été que l’on vendangeait la nuit, à la fraîche, et à la lampe frontale ! » Dès 1968, les premiers rangs de vigne étaient plantés et, en 1973, la première cuvée d’eau-de-vie distillée. Au
jourd’hui Didier et Mar ieClaude, leurs fils Romain et Thibault, continuent l’aventure de Bilé et la partagent avec vous lors d’une visite guidée dans les vignes, des chais de vinification et de vieillissement. Fière de ses vins, de son Armagnac, de son Floc de Gascogne, Marie-Claude est très attachée à son village. Elle s’improvise guide. Un guide qui en connaît un rayon sur l’histoire et le patrimoine de sa commune. Et c’est vrai qu’il est beau ce bourg de Bassoue, avec son marché couvert tout en bois, son château, son donjon, sa basilique Saint-Fris et sa nef à étage, unique, sous laquelle vous verrez une crypte. Elle pourrait presque rivaliser avec Auch, au nordouest, par la D943. Une quarantaine de minutes. Auch c’est la grande ville du Gers, la préfecture d’un peu plus de 20 000 habitants, traversée de part en part, par la rivière, le Gers, qui dans son histoire lui a donné du fil à retordre avec ses inondations. D’emblée sachez-le, Auch a mis les petits plats dans les grands pour les camping-caristes et vous loge dans la nature, au bord de la rivière. L’aire de camping-car de l’île Saint Martin, accessible 24h/24h, a même son propre site internet. Auch c’est un peu la ville de Stendhal, qui trainait ses basques au café « Le Daroles ». « Il allait prendre les eaux à Cauterets ! Et, de passage à Auch, logeait à l’hôtel de France » Ainsi parle Laurent, « guide, pays d’art et d’histoires ». De Laurent, vous aimerez son accent, sa façon de mêler anecdotes et histoires, son incroyable savoir sur celle qu’il côtoie souvent, la cathédrale : « Elle fut la dernière cathédrale gothique const r uite e n France. Deux siècles, pas moins que ça, pour en venir à bout ! Pour une ville comme Auch, l’édifice est carrément disproportionné. 105 mètres de long. 32 mètres de large et… 26 mètres de haut ! Des sacrées mensurations pour un lieu voué à la Vierge. Admirez sa belle porte bleue, aux couleurs de Marie ! Et son choeur, regardez… C’est une église dans l’église ! Impressionnant ! Le tout clôturé par un retable monumental avec ses stalles en chêne. » Cent-douze, et la patine du temps apporte à ce chef- d’oeuvre – car c’en est un – une interprétation de l’histoire d’Auch que seul Laurent sera capable de vous traduire, déambulant avec lui près de la statue de d’Artagnan – encore une –, de l’observatoire du temps, de la halle aux herbes, de l’abri impossible sur les berges du Gers. Un guide vraiment épatant! Et si l’idée vous prend de faire la grasse matinée du lendemain, venez la faire à la ferme d’En Siguès à Aubiet. Pierre Lava, producteur de foie gras, vous y attend pour une sacrée dégustation. Adiu.