Le Monde du Camping-Car

Pratique :

comment acheter une occasion ?

- Texte et photos : Anthony Moisson

Avant l’arrivée d’Internet et avant le développem­ent des sites marchands, les personnes qui souhaitaie­nt acheter un camping-car d’occasion allaient, quasi systématiq­uement, chez les concession­naires qui, grâce aux reprises et aux dépôts-ventes, avaient un parc important de véhicules de seconde main. Les petites annonces, alors publiées dans la presse, étaient dérisoires. Mais l’arrivée de sites comme Leboncoin, au milieu des années 2000, a tout bouleversé sur le marché de l’occasion. Aujourd’hui, les possibilit­és sont multiples pour trouver le campingcar de ses rêves. Parallèlem­ent, la demande de véhicules de loisirs a explosé ces dernières années. Et la crise sanitaire a encore accentué ce phénomène. Les gens cherchent à fuir les villes pour privilégie­r la campagne. Et quoi de mieux qu’un camping-car pour profiter pleinement de la nature. Les ventes de véhicules neufs continuent de progresser, même si la production a pris du retard depuis mars 2020. Conséquenc­e : le nombre d’occasions augmente aussi.

Le marché de l’occasion est en plein boom et a encore accéléré sa croissance ces derniers mois (voir encadré). Les ventes progressen­t de façon spectacula­ire, mais l’offre ne suit pas toujours la demande, surtout pour les vans et les fourgons aménagés. C’est tout le paradoxe. « Aujourd’hui, on vit une pénurie de

Toujours plus de demandes

véhicules d’occasion, estime Julien, commercial chez YpoCamp Béarn Loisirs. Il y a une forte demande et moins d’offres. Le virus a accéléré le phénomène. Un véhicule de loisirs, c’est bien du point de vue sanitaire. Les gens en ont ras le bol de rester coincés chez eux. On suppose que ça a amplifié la demande. »

Si la crise sanitaire a accéléré le mouvement, la pénurie ne date pas d’hier. En 2018, un article de Vanlife Magazine abordait déjà le sujet. Audelà d’une demande de plus en plus importante, une autre raison explique ce phénomène : la production de véhicules neufs de série n’est pas suffisante. « Il y a une très forte demande sur les fourgons et les vans à toit relevable. On a une liste d’attente. Sur du neuf, il faut 12 à 14 mois de délai. Pour de l’occasion, c’est quand ça se présente. Il faut être patient. » Même pour un camping-car, il faut parfois attendre près d’un an avant d’être livré.

Des prix élevés

Conséquenc­es de cette pénurie : les gens se tournent aussi vers des utilitaire­s pour les aménager et surtout, les prix restent élevés. « La valeur marché est plus haute, indique Julien. Sur les sites de petites annonces, les particulie­rs ont augmenté leur prix de 2 000 à 3 000 €. »

Sur Leboncoin, de loin le plus utilisé avec des milliers d’annonces, beaucoup de véhicules sont vendus au-dessus du prix de l’Argus. Un Chausson Titanium 640 de 2020 était, par exemple, vendu 10 000 € de plus que la cote officielle, le 26 avril. Les particulie­rs ont tendance à s’aligner sur les tarifs des profession­nels, voire à les dépasser. C’est aussi le cas sur des sites comme Paruvendu ou La Centrale. Mais certains sont trop gourmands. « Depuis un an, le particulie­r sait qu’il y a peu de véhicules sur le marché, donc il propose le sien à des prix incohérent­s, constate Yanick Merioua, dirigeante de Central Camper, concession virtuelle spécialisé­e dans le camping-car d’occasion, créée en 2018. J’ai eu l’idée de faire du dépôt-vente. J’étudie le marché du véhicule que je reprends. J’adapte mon prix en fonction de ces éléments. »

De plus en plus d’intermédia­ires

L’entreprene­use n’est pas la seule à avoir investi le marché du campingcar d’occasion. Certains constructe­urs, comme Pilote ou Rapido, ont créé leur propre site marchand. Les plateforme­s de location en ligne se sont aussi lancées dans la vente. Yescapa propose ce service depuis 2018. Et son concurrent Wikicamper­s s’y est mis, fin février. « Il y avait un réel besoin de la part de nos clients, explique Orane Burel, chef de produit occasion. On était très sollicités pour de la vente. On s’est dit : “Pourquoi pas se lancer ? On a une certaine légitimité.” »

Si toutes ces plateforme­s fonctionne­nt relativeme­nt bien depuis leur lancement, beaucoup de particulie­rs préfèrent vendre leur véhicule directemen­t en publiant une petite annonce. Les concession­naires, qui proposent depuis toujours de l’occasion, sont délaissés.

« Dans notre parc, les reprises représente­nt 75 %, constate Julien de chez YpoCamp. Il y a encore quelques dépôts-ventes, mais ça n’intéresse plus les vendeurs. » A Lescars, la concession propose actuelleme­nt une dizaine de véhicules d’occasion, contre une vingtaine avant la crise.

« On fait la démarche d’aller vers les vendeurs. On leur dit : “On vous amènera plus d’acheteurs.” » Le commercial reste optimiste : « C’est plutôt bon signe. C’est que le marché se porte bien. »

Grâce à un maillage important sur l’ensemble du territoire, les concession­naires restent, malgré tout, des acteurs majeurs sur le marché de l’occasion. Ils ont l’avantage d’offrir des services et des garanties que ne proposent pas leurs nouveaux concurrent­s. Ce qui rassure certains acheteurs. La révision du véhicule avant la vente apporte confiance et sérénité.

Avec les plateforme­s en ligne, il est compliqué voire impossible de réviser les véhicules. C’est un service en moins non négligeabl­e. En revanche, la publicatio­n d’une annonce est gratuite, les échanges et les transactio­ns sont encadrés et sécurisés et les démarches administra­tives sont souvent prises en charge. Pour rassurer les acheteurs, certains acteurs proposent tout de même d’expertiser les camping-cars. Wikicamper­s peut se déplacer pour inspecter le véhicule et réaliser une estimation, par exemple. La plateforme offre aussi un pack de vingt photos réalisées par un profession­nel et propose même de livrer les acheteurs partout en France. De son côté, Central Camper peut exposer le véhicule sur son terrain, à SaintPries­t (dans le Rhône), « pour maximiser vos chances de le vendre ». Car tous les camping-cars ne se vendent pas d’un simple claquement de doigt.

Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, la société a même mis en place des visites virtuelles en vidéo et à distance. De là à acheter un véhicule sans le voir et sans l’essayer, il n’y a qu’un pas que certains ont déjà franchi. Mais à la différence de l’automobile, on ne peut raisonnabl­ement pas acheter un camping-car sans l’avoir vu.

Des acheteurs rassurés

 ??  ??
 ??  ?? Chez Masters Queven Campingcar­s, comme chez tous les concession­naires, les fourgons d’occasion sont rares et partent très vite.
Chez Masters Queven Campingcar­s, comme chez tous les concession­naires, les fourgons d’occasion sont rares et partent très vite.
 ??  ?? Les vieux camping-cars sont aussi très recherchés, comme ici chez Evasion 44, près de Nantes, mais attention aux pièces défectueus­es, parfois difficiles à trouver.
Les vieux camping-cars sont aussi très recherchés, comme ici chez Evasion 44, près de Nantes, mais attention aux pièces défectueus­es, parfois difficiles à trouver.
 ??  ?? Les campingcar­s ne perdent pas beaucoup de valeur. D’occasion, certains se vendent au-dessus de leur cote. Pour un intégral comme celui-là, il faut sortir plus de
85 000 €.
Les campingcar­s ne perdent pas beaucoup de valeur. D’occasion, certains se vendent au-dessus de leur cote. Pour un intégral comme celui-là, il faut sortir plus de 85 000 €.

Newspapers in French

Newspapers from France