Bouches-du-Rhône et Var :
La Ciotat, la plus belle baie du monde
Le 27 mai 2019, la baie de La Ciotat est entrée dans le club très fermé des plus belles baies du monde (46 élues). Un label international débutant géographiquement à l’étonnante calanque de Figuerolles pour finir à la Pointe du Défens, soit 7 kilomètres de plages et de falaises. Ce vaste espace où la nature est encore omniprésente s’étire sur les communes de La Ciotat et de Saint-Cyrsur-Mer. A l’ouest de la baie les plus stupéfiantes images sont dans la profonde calanque de Figuerolles, avec son rocher brun, un conglomé
rat de galets imbriqué dans du sédiment. Il y a bien longtemps, un puissant fleuve charria tout ce mélimélo, bien avant la naissance de l’humanité. Aujourd’hui l’érosion livre des formes folles et ce chefd’oeuvre minéral dépasse l’imagination, avec comme sommets emblématiques le Capucin et le Bec de l’Aigle. Pour les aventuriers du XXIe siècle, en posant des rappels et par des itinéraires très escarpés, ils peuvent percer d’autres mystères de ce territoire fascinant et mouvementé. Cette calanque est d’un accès déconcertant. Du parking, en deux minutes, vous êtes face à un paysage magnifique. On peut aussi approcher ce périmètre 100 % authentique grâce au parc du Mugel, avec ses arbres exotiques. Des belvédères permettent d’admirer ces énormes excroissances qui s’appellent Les Trois Secs sous cet angle de vue. Au pied de ces gros mamelons se dessinent des pins d’Alep solitaires et des plages secrètes, comme le Petit et le Grand Mugel. Au large il y a l’île Verte, autrefois très convoitée par les militaires avec de nombreux vestiges de ces faiblesses humaines. C’est la seule île boisée du secteur, toutes les autres sont arides. On l’aborde en bateau de promenade ou en kayak de mer. On se rapproche de La Ciotat avec notamment son chantier naval visible de très loin. Lorsqu’un énorme bateau était mis à l’eau un mini tsunami attaquait les quais du port. Des lignées de sacs de sable limitaient l’impact de cette vague. Aujourd’hui, le chantier est reconverti aux bateaux de luxe. Sur le port
on peut admirer les traditionnelles embarcations de pêche appelées « pointus ». Non loin du port on entrevoit le Théâtre Eden. Avant que le mot cinéma n’existe, c’est ici que furent projetés les premiers films des frères Lumière, dont le lancement d’un navire et l’entrée du train à La Ciotat au début du XXe siècle. Pour les besoins du vaste chantier naval un train arrivait dans le port de La Ciotat. Aujourd’hui la partie finale de cette voie ferrée a été réhabilitée en large Voie Douce (4 km de long) végétalisée pour les promeneurs et cyclistes, avec de nombreux aménagements ludiques.
Un turquoise enchanteur
En continuant la visite toujours plus vers la face orientale de la baie, on découvre la longue suite des plages de sable couleur or de La Ciotat, entrecoupées de jetées protectrices et équipées de douches d’eau douce. Elles s’étalent ainsi jusqu’au port Saint-Jean. Après se présente une côte plus escarpée avec de petites falaises, des grottes et de minuscules plages. Nous sommes au lieu-dit Le Liouquet, avec un littoral d’accès plus confidentiel. C’est la frontière conjuguée des Bouchesdu-Rhône avec La Ciotat d’un côté, et du Var avec Saint-Cyr de l’autre bord. Il faut dépasser le port des Lecques (sur la commune de SaintCyr) pour retrouver des plages de sable fin avec des dominantes blanches et écru. La mer affiche un turquoise enchanteur. Les jours de houle ce secteur est prisé par les surfeurs et autres planches de glisse. Par temps calme il y a des cours de yoga sur paddle à la tombée du jour. Le front de mer est piéton, avec ses boutiques, ses excellentes paillotes et ses espaces de sport aménagés. Dans la partie est de cette longue étendue sableuse des Lecques,
quelques rochers se profilent à nouveau avant la plage du port de la Madrague (toilettes et douche). Celle-ci bénéficie d’un vaste parking (payant) où, enfin, un camping-car peut trouver asile et manoeuvrer facilement, mais hauteur limitée à 2,20 mètres... Comme toutes les plages de la région l’entrée de la baignade est en pente douce avant de perdre pied, et elle est protégée des vents dominants par une longue digue. A l’extrémité du port, la côte sauvage présente un long sentier côtier qui file vers la pointe des Défens. Ce parcours en balcon, vierge de toute implantation humaine, mène à la petite baie d’Alon et, encore plus loin, à Bandol. Pour les plus courageux, de Bandol le train regagne Saint-Cyr où un taxi vous coûtera 30 €. Comptez 3 heures de marche entre Saint-Cyr et Bandol. Saint-Cyr accueille plusieurs sculptures en plein air, dont une petite réplique de la statue de la Liberté au pied de l’église. Sur la route (D 66) qui mène à la plage de la Madrague, on peut admirer la charmante liseuse que beaucoup de badauds ont caressée...
Vélos électriques pour tous
L’autre pièce maîtresse de La Ciotat est la Route des Crêtes (D 141) qui relie la cité à Cassis. Elle est unique en France à 360 mètres au-dessus de la mer et ponctuée de belvédères. Des grimpeurs, souvent invisibles des belvédères, arpentent ces parois verticales. Matin ou soir les atmosphères et les lumières sont totalement différentes. Au départ, non loin de La Ciotat, en contrebas, on aperçoit à droite la Grande Arche blanche de calcaire posée sur un socle brun de conglomérat. Au lointain, au sud-ouest, s’offrent les îles et les reliefs des calanques de Marseille, classées Parc national. C’est le seul parc national français en périphérie d’une mégapole. On peut parcourir cette Route des Crêtes de 30 kilomètres à pied, à vélo électrique (l’autonomie des batteries est parfaite pour cet aller et retour) ou bien sûr en camping-car. En randonnée (un sentier est parallèle à la route), on jongle avec un taxi pour le retour vu la distance. Une vingtaine de films très renommés furent tournés sur cette route mythique. Comme vous avez pu le lire, la baie de La Ciotat frôle la perfection dans l’art de vivre balnéaire. L’ensemble
attire les foules et il faut de suite émettre quelques nuances. Bien sûr les lieux sont abordables en intersaisons mais saturés en juillet et août au niveau de la circulation et de la fréquentation des plages. Nous sommes sur le littoral méditerranéen tant convoité. Les camping-cars n’ont pas le droit de stationner le long de la côte. Il faut trouver une place dans les rues et allées en second plan. Si vous avez un van, tout est permis, votre format au sol étant identique à une grosse berline. Dès que l’on dépasse le format fourgon vous changez de catégorie, avec un centre-ville ancien (La Ciotat) où s’entremêlent d’étroites artères. Les parkings de la calanque de Figuerolles et du parc du Mugel n’acceptent que des petits gabarits.
Dormir sur ses deux oreilles
Evidemment, pour la quiétude, résider dans un camping est de bon augure. Ils ont tous des physionomies très différentes. Celui de la Sauge est ombragé et étonnement presque au coeur de La Ciotat. Non loin il y a un loueur de vélos électriques pour découvrir la Route des Crêtes. De ce camping un marcheur moyen visitera facilement la ville. Il y a, par exemple, 2,7 kilomètres entre ce camping et la calanque de Figuerolles. De cette calanque il n’y a que 850 mètres à marcher pour arriver au parc du Mugel (l’autre perle) et ses plages. Le meilleur positionnement pour profiter de la mer est le camping Les Baumettes, à 50 mètres de la plage aux Lecques. Son emplacement attire les convoitises. Des promoteurs ont voulu acheter ce terrain mais pour le moment les propriétaires résistent. Ils ont une clientèle d’habitués qui sont presque des amis. Les amoureux de la nature profiteront du camping du Port d’Alon (qui est en fait une petite crique, il n’y a pas de port), à l’est de la commune de Saint-Cyr, à 400 mètres du littoral, dans la pinède. Ce site d’Alon de toute beauté propose un vaste parking de 260 places sans limitation de hauteur, sous de grands pins. Il est payant du 3 juin au 30 septembre. Mais un sujet sur une telle concentration de beauté ne peut finir sur une note si pragmatique. Laissons donc la parole à un écrivain, Henri Stendhal, qui écrivit dans « Mémoire d’un touriste » : « S’il fallait habiter une petite ville de France je choisirais Grasse ou La Ciotat. »