Finistère :
plein ouest.
Avec ses 330 m plantés à 6 km de la mer, le Ménez Hom semble géant. Cette montagne, qui fut un lieu de culte et de sépulture, est aussi le cadre de nombreuses légendes, avec en tête celle du roi Marc’h et celle de Ys, la ville engloutie. Le sommet fut longtemps une vigie, ce qui lui valut le surnom de « yed », qui signifie « guet » en celte. Une qualité que l’armée allemande utilisa pendant l’Occupation, ce qui lui valut une défaite cuisante en 1944, après trois semaines de combats violents contre les Américains et la Résistance.
Une route mène au sommet, 400 ha de lande protégée, où l’on peut se garer facilement. Bien sûr, on peut monter à pied ou à vélo sur les nombreux circuits balisés de difficulté assez variable. Outre le ballet des parapentes et des avions miniatures – le site est très réputé –, le sommet donne à voir toute la géographie du Finistère. Plein ouest, voici la presqu’île de Crozon, au bout de laquelle se trouve Camaret-sur-Mer, joli port longé par une rangée de maisons colorées. Son vaste bassin est protégé par le Sillon, bande naturelle de galets sur laquelle trône la Tour Vauban. Construite à la fin du XVIIe siècle, elle est recouverte d’un enduit à base de briques pilées, qui lui donne sa couleur si particulière. La tour a hébergé des militaires et des canons jusqu’à la fin du XIXe siècle, afin de protéger l’entrée de la rade.
Comme presque partout en Bretagne, on peut longer la côte à pied, par le GR34. La balade entre le cap de la Chèvre (parking gratuit) et la pointe du Kador est un must. A l’arrivée, en continuant environ 300 m, voici Morgat, jolie station balnéaire, avec sa grande plage et ses terrasses. Si l’on veut visiter les criques qui jalonnent la balade, il faudra le faire en kayak ou en paddle, à louer au Centre Nautique de Morgat. Au port, on peut embarquer pour les extraordinaires grottes marines, grâce aux Vedettes Sirènes.
Une journée à Brest
Sur sa colline qui domine la rade, entourée par ses multiples ports, la capitale du Finistère mérite une visite, pour profiter de ses restaurants, de ses commerces et de son patrimoine. Ouvert en 1990, Océanopolis, parc animalier consacré à la mer, est installé à deux pas du port de plaisance du Moulin Blanc. Tout, ou presque, se passe à l’intérieur, à travers trois pavillons – Bretagne, Polaire et Tropical – dans lesquels vivent des centaines d’animaux, du plancton aux requins, du poisson
scie aux coraux, en passant par les « microcaris fortunata », crevettes qui vivent dans les abysses. Le parc, qui allie les expertises des chercheurs et des professionnels de la mer, est une mine de découvertes pour petits et grands, et ce grâce à une abondance de panneaux et autres outils multimédia. Avant de monter en ville, on peut faire un tour à la marina du Château, port de plaisance aménagé récemment sur des terrains militaires : le quai Eric Tabarly – et sa « Promenade des Records » – est occupé par une ribambelle de restaurants et de cafés. C’est du Parc à Chaînes, tout proche, que s’élancera, le 26 juin prochain, le Tour de France 2021. Au centre-ville, le château domine la rade depuis le IIIe siècle. L’entrée est encadrée par deux gros canons qui tonnaient lorsqu’un bagnard s’échappait, d’où l’expression « tonnerre de Brest ». Le site est notamment le siège d’une des quatre antennes du Musée national de la Marine. A travers les grandes salles voûtées, les tours et le chemin de ronde, on découvre une collection d’objets, maquettes, estampes, tableaux, clichés liés à l’histoire de la marine militaire, mais aussi à celle de la marine civile.
Mais ça n’est pas ici qu’est exposé le Canot de l’Empereur, barque d’apparat construite pour Napoléon 1er, longtemps conservée à Paris. En 2018 le canot a fait son retour à Brest, son port d’attache historique. Restauré au printemps 2020, il est exposé sous un immense miroir aux Ateliers des Capucins. Construites au XIXe siècle, les forges et chaudronneries de l’Arsenal ont fermé dans les années 1980. Après des années de travaux les ateliers et les alentours sont devenus un nouveau quartier. On y accède par le téléphérique, dont la gare se situe en bas de la rue de Siam, la principale artère commerçante de Brest. Les deux halles de 150 m de long regroupent des équipements commerciaux et culturels avec, entre autres, une médiathèque, des espaces d’exposition ainsi que « 70.8 ». Nommé ainsi car l’océan occupe 70,8% de la surface de la planète, cet espace culturel et scientifique, qui devrait ouvrir en 2021, emmènera le public à la découverte des océans grâce à l’interactivité, au multimédia et à la réalité virtuelle. Depuis le bas de la rue de Siam, la balade commence en prenant la rue Saint-Exupéry, troisième à gauche après le pont levant de Recouvrance. Elle est prolongée par la route de la Corniche, qui surplombe l’Arsenal, jusqu’à un gigantesque bunker, l’ancienne base de sous-marins allemande. On croise ensuite la plage de la Maison Blanche et l’on chemine, via le phare du Portzic et le Fort du Dellec, jusqu’au phare du Petit Minou qui marque l’entrée du goulet de Brest. La promenade se poursuit vers l’ouest, en retrait de la côte si l’on est en camping-car : à environ 16 km du Petit Minou, voici la pointe Saint-Mathieu où l’on trouve pêlemêle une abbaye en ruines, une chapelle, un sémaphore militaire, le Mémorial national des marins d’Etat, de commerce et de pêche morts
pour la France et, bien sûr, le phare de Saint-Mathieu. Orienté plein ouest, ce site grandiose est l’endroit idéal pour les couchers de soleil. Le parking gratuit est néanmoins interdit, la nuit, aux camping-cars. A quelques kilomètres se trouve Le Conquet, avec ses ruelles et ses belles maisons de granit qui descendent vers un port aménagé dans l’embouchure d’un « aber » – fleuve côtier – entouré de falaises. De l’autre côté de l’aber se trouve la plage des Blancs Sablons, repère de surfeurs, sable fin, blanc, eaux cristallines, mélange de lande et de dunes…
C’est au Conquet que la plupart des passagers – pas de voitures – s’embarquent sur les bateaux de la Compagnie Penn Ar Bed pour les îles de Molène et Ouessant. Il faut compter une heure pour rejoindre cette dernière, que l’on aborde par le port du Stiff, creusé entre les falaises. La forte digue de béton annonce la couleur : une île perdue, proie des vagues et du vent. S’il y a peu d’arbres à Ouessant – sauf dans le vallon d’Arlan, au sud –, l’île est très verte et fleurie. On y trouve de nombreux pâturages, l’île étant depuis longtemps dédiée à l’élevage ovin (notamment une race typique de petits moutons noirs). Le mouton ouessantin est réputé pour son goût, surtout lorsqu’il est cuisiné selon la recette du ragoût « cuit sous les mottes », un monticule de terre sèches auquel on a mis le feu. On peut déguster ce plat typique dans plusieurs restaurants de l’île.
Du bourg de Lampaul partent la péninsule de Locqueltas au nord et la presqu’île de Feunteun Velen au sud, donnant ainsi à l’île sa silhouette de pince de crabe. La branche sud, réputée pour sa lande d’ajoncs colorés, se termine par la baie de Porz Doun au large de laquelle trône le phare de la Jument. La branche nord, bordée par une côte des plus sauvages, mène à la pointe de Pern, chaos rocheux à la merci du tumulte de la mer. On y voit le phare de Nividic qui, avec Kéréon et La Jument, forme le trio des trois phares de mer qui ceinturent l’île. Il faut dire qu’elle se situe au bord du rail d’Ouessant, route maritime parmi les plus fréquentées du monde. Sur la côte nord se dresse le Creac’h, l’un des phares les plus puissants du monde qui abrite le passionnant musée des Phares et Balises. Enfin, en revenant au port, on peut visiter le phare du Stiff qui jouxte l’impressionnante tour radar construite en 1982 pour surveiller le rail, suite aux marées noires de la fin des années 1970.
Le plus haut des phares
Plus on suit la côte vers le nord, plus elle présente un décor de blocs rocheux, récifs et îlots. A la pointe du Castel Ac’h, à quelques kilomètres de Plouguerneau, la mer est dominée par les 82,50 m du phare de l’île Vierge, le plus haut phare du monde en pierre de taille. On accède à l’île par la mer, en kayak, paddle ou en bateau – avec les Vedettes des Abers – depuis l’Aber Wrac’h ou le port de Lilia. Par grande marée, il est possible de rejoindre l’île à pied. Elle comprend en fait deux phares. En 1902, le plus petit, pas assez puissant, fut remplacé par le grand dont
le faisceau porte jusqu’à 50 km. Pour atteindre le chemin de ronde, à 70 m, il faut gravir les 325 marches d’un escalier vertigineux. Ceux qui ne sont pas rassurés garderont les yeux sur le mur, habillé de 12 500 plaques d’opaline, carreaux constitués d’un mélange de poudre de verre et de poudre d’os de mouton. Passé la chambre de veille et les quelques marches de l’échelle métallique, on profite d’un panorama époustouflant.
La Côte des Légendes
Du Vougo, près de Guissény, à la baie de Goulven, en passant par Brignogan, la Côte des Légendes est jalonnée de jolies plages. On y pratique la pêche à pied ou à la ligne, on s’y essaie au paddle, au surf, au char à voile et même à la marche en mer. La Côte des Légendes se caractérise aussi par ses gros blocs rocheux aux contours lisses, très prisés des amateurs d’escalade.
Sur la plage de Meneham, un groupe de ces rochers enserre une étonnante maison. Il s’agit du Corps de Garde, bâtiment de surveillance du XVIIIe siècle, qui abrite aujourd’hui des expositions consacrées à la défense côtière. Juste derrière se trouve un ancien village où vécut une communauté de paysans-pêcheurs-goémoniers. La récolte des algues s’est éteinte dans les années 1950 et le dernier habitant a quitté Meneham en 1996. On peut aujourd’hui cheminer dans ce village de maisons basses aux toits de chaume, classé puis restauré dans les années 2000. On y découvre la vie au début du XXe siècle, on profite des animations, expositions, spectacles, randonnées théâtrales. On peut aussi y admirer le travail de nombreux artisans, verriers, sculpteurs, potiers, couteliers… Avant de déguster, à l’auberge, le « kig ha farz » traditionnel du Pays du Léon. La balade sur le sentier côtier – éternel GR 34 ! – conduit, plus au nord, au phare de Pontusval, petite maison-phare ultra photogénique, non gardée mais habitée depuis près de vingt ans par Marie-Paule, qui en fut la dernière gardienne.