Le peuple se soulève au Tour du Parc*
Imaginez plutôt : une manifestation de citoyens, avec de vraies pancartes et des tee-shirts affichant la couleur, à savoir une franche hostilité à un projet d’aire camping-cars. Cette scène cocasse et bruyante ne s’est pas déroulée à Landerneau, mais au Tour du Parc, (habituellement) paisible commune aux portes de la presqu’île de Rhuys, dans le Morbihan. Alors, qu’est-ce qui a bien pu faire descendre les Parcaises et les Parcais dans la rue et les conduire à se constituer en comité citoyen pour la sauvegarde de Rouvran, quartier sud de la commune ? Les 407 signataires – tout de même – de la pétition exigeaient un moratoire, avec la même énergie que s’il s’était agi de construire un aéroport. Les arguments sont d’ailleurs un peu les mêmes – ailleurs c’est mieux que chez moi – même si en l’occurrence les protestataires arguaient d’une voie d’accès à l’aire trop étroite, critère à leurs yeux suffisant pour contraindre le maire à revoir sa copie. Pas de chance, l’élu, resté droit dans ses bottes, affirme sereinement que la commune doit faire face à l’accroissement des touristes en camping-car. Les riverains qui craignaient sérieusement de voir débouler des camping-cars à 80 km/h dans leur impasse en sont pour leurs frais, l’édile leur promet que la vitesse sur la voie d’accès sera réduite à 30 km/h. Mais rien n’y fait, il en faut plus pour calmer la révolte populaire. Vous imaginez bien, Le Monde du Camping-Car ne pouvait rester indifférent à pareille bronca. Nous avons donc interrogé le maire et voulu en savoir plus sur son impopulaire projet. Ses motivations nous sont plutôt apparues d’intérêt général. Sanitaires, notamment : lutter contre les vidanges sauvages à proximité immédiate d’élevages d’huîtres. Ou économiques : faire vivre les commerces. Et puis, au détour d’une phrase, on apprend que l’espace naturel était déjà classé zone de loisirs depuis des décennies, qu’il avait même par le passé accueilli un camping et que rien n’empêchait a priori l’installation d’une aire camping-cars répondant aux normes sanitaires les plus strictes. D’autant que les légitimes préoccupations écologiques des manifestants étaient moins vives quand leurs pavillons en construction grignotaient des terres agricoles…
Pancartes et tee-shirt aux slogans hostiles aux camping-cars.
* Ces lignes ont été écrites le 27 avril et ne prennent pas en compte les dernières avancées du dossier.