La merveille de l’Adriatique
Avec sa longue côte bordée de plus 1 000 îles et îlots, la Croatie est le paradis des vacances à la mer. Ajoutons à cela quelques cascades de toute beauté, une kyrielle de joyaux architecturaux et une gastronomie généreuse et nous obtenons un cocktail complet pour tout campingcariste.
Comme beaucoup de Français, nous entrons en Croatie par la route du littoral après un passage par Trieste et une rapide traversée de la Slovénie. Nous première halte est la belle cité de Porec, en Istrie. C’est une station balnéaire fréquentée par les Allemands et les Autrichiens, très proches géographiquement. C’est l’univers des grands terrains de camping mais aussi des très nombreuses pistes cyclables (carte éditée à disposition dans les offices de tourisme et les campings). Pour un clin d’oeil à l’Histoire, tous les matins à 7 h 30 un catamaran rapide part pour Venise. De quoi visiter la Cité des Doges sans les problèmes de stationnement. Pour les amoureux du patrimoine, la seconde halte sera à
Pula, connue pour ses arènes romaines monumentales. Le stationnement est un casse-tête, comme dans toutes les villes anciennes. Il faut se garer sur le parking du supermarché Plodine ou aller directement au camping à Stoja. Un service de bus mène au centre-ville. Pour honorer ce concept de la Croatie nature, nous filons vite au sud de l’Istrie pour le minuscule port de Brestova. De là, un ferry mène à l’île de Cres, tout en longueur. Les billets se prennent au dernier moment pour ces courtes traversées. Après la foule de l’Istrie, Cres est bien calme, avec peu de circulation. La ville principale, qui porte le nom de l’île, offre son port, ses longs quais, ses restaurants et ses petites plages confidentielles. À Punta Kriza, le camping Baldarin est au bout du monde avec son loueur de kayaks et de vélos.
4 millions d’habitants accueille 20 millions de visiteurs chaque année. Le tourisme est une des grandes locomotives de l’économie.
Le règne de l’eau et du végétal
Changement d’univers avec l’incontournable et magnifique site des cascades de Plitvice et son incroyable méandre de petits lacs et de longues passerelles qui zigzaguent sur les eaux. L’écoulement des eaux se réalise du sud vers le nord. Deux entrées sont proposées avec de vastes parkings payants. L’entrée au site est assez chère: 27 € par personne au coeur de l’été, et de 8 à 16 € suivant les autres périodes. L’atmosphère est somptueuse. Nous arrivons par l’entrée Urlaz 1 à l’ouverture, à 7 h du matin, avant la foule. Après 5 minutes de marche se dessine une cuvette entourée de grandes chutes d’eau sur un couvert de mousse verte. Ce tableau ravira les photographes. Dans ce vaste espace, un plan vous oriente et des parcours fléchés offrent plusieurs options. Des navettes fluviales (comprises dans le prix d’entrée) permettent de relier les lacs répartis en deux secteurs (supérieur et inférieur). Nous passons la journée dans ce monde végétal et aquatique. Pique-nique (et quelques restaurants) sur les grandes clairières. La prochaine étape est dédiée au
parc national de Krka. Le site est très étendu avec plusieurs portes d’accès. Nous optons pour Lozovac et son très agréable auto-camp (camping) à dimension humaine (bancs et grande table à chaque emplacement) qui partage la piscine de l’hôtel. L’entrée du parc et celle des restaurants très sobres sont à deux minutes à pied. Une fois acquitté le droit d’entrée, des bus vous descendent (et vous remontent) vers un plan d’eau où des passerelles vous mènent aux cascades de Skradinski Buk, le clou du spectacle. Le débit des eaux sera en fonction de la saison. Des cygnes complètent ce tableau idyllique. Tantôt ils sont nonchalants, tantôt ils décollent et se posent lourdement. Par une route à 12 kilomètres au nord de Lozovac, un belvédère permet d’admirer l’îlot de Visovac et son monastère franciscain du XVIe siècle. Les environs de Lozovac regorgent d’itinéraires de VTT et VTC (larges pistes), de quoi découvrir d’autres paysages depuis des belvédères plus confidentiels au coeur d’une végétation basse. Entre Split et Dubrovnik, c’est une succession de villages aux toits rouges et de petites stations balnéaires. Certaines sont coincées entre la montagne et l’Adriatique comme Omis, réputée pour ses activités outdoor (rafting, kayak, escalade, via ferrata, randonnée ou traditionnels bateaux de promenade). On peut monter vers les deux châteaux qui surplombent la ville. Le plus haut, celui de Stari Grad, à une bonne heure de marche, servait de guet et de point d’appui en cas d’incursion musulmane. La Croatie fut longtemps un des remparts entre le monde occidental et le monde oriental. L’auto-camp Liscina est presque en centre-ville, dans un écrin de verdure entouré de gros blocs rocheux.
Toujours et encore le Lion de Venise
De Split, un ferry mène à la très belle île de Hvar. Nous accostons dans la capitale du même nom. Le lieu est connu des plaisanciers et des croisiéristes. La ville médiévale est un bijou avec son pavage lustré par des siècles de déambulation. En cas de pluie, cela devient la piste aux étoiles avec glissades promises. Plusieurs Lion(s) de Venise sont visibles. Les étroites ruelles ombragées montent à la massive forteresse en quinze minutes de marche. Plus haut, du fort Napoléon, on observe la grandeur de cette cité avec son golfe et ses îlots. Non loin la petite baie de Milna se trouve un havre de paix avec son auto-camp à 5 mètres de la plage. Dans les quelques maisons en bord de mer se dissimulent d’excellents restaurants. À l’ouest, une route en gravier (carrossable à basse vitesse) permet d’accéder à la région viticole de Sveta Nedelja. Nous quittons l’île par l’est, au port de Sucuraj flanqué de son magnifique phare. La traversée est courte pour Drevnik, petite station balnéaire très prisée des autochtones avec un dense alignement de pins massifs en bord de mer. Les restaurants proposent une cuisine locale à l’excellent rapport qualité/prix, loin de toute clientèle étrangère.
La longue route côtière (E 65) file vers le sud-est avec un court passage en Bosnie-Herzégovine. Aux postes frontières, les contrôles sont précis avec carte grise, passeport et pass sanitaire (s’il y a une nouvelle vague de covid). Solitaire un énorme hôtel de luxe habille cette enclave. La dernière étape de ce voyage gorgé de soleil est Dubrovnik, que certains considèrent comme l’une des plus belles villes du monde. Pour un
camping-cariste, vu la densité de la circulation, il faut tout de suite prendre position au camping Solitudo Sunny, à 5 minutes à pied d’une petite plage de fin gravier. De l’entrée du camping, en 2 minutes de marche, nous prenons le bus pour le centre-ville, ou un taxi (moins de 10 €), pour admirer la puissance militaire d’antan de cette cité. Effectuer le tour des murailles est un ravissement pour les yeux, tôt le matin ou tard le soir. À mi-chemin, sur les remparts, un bar vous accueille. Les échauguettes composent des images graphiques avec le passage permanent des bateaux et autres kayaks de mer en contrebas. Après ce parcours en hauteur, arpenter les ruelles est la dernière touche indispensable. Pendant le dernier conflit, les Bosniaques bombardèrent Dubrovnik depuis les sommets environnants mais en prenant soin d’épargner la cité historique. Ils auraient aimé conquérir cette ville qui représente une manne financière indéniable. C’est la fin de ce long périple de 900 km de Porec à Dubrovnik avec les variantes. C’est l’heure du choix: remonter la côte avec d’autres pauses (le nombre d’îles et de lieux magnifiques permet de se construire un tout autre programme), prendre un ferry pour regagner l’Italie (exemple: Split – Ancône ou Dubrovnik – Bari) ou poursuivre le voyage vers le Monténégro, pays voisin et tout aussi accueillant. Une autre aventure tout aussi sereine.