De superbes plages baignées d’une eau turquoise et une jolie ville très animée : bienvenue à St Ives, en Cornouailles. A travers les Cornouailles
Il n’y a que de bonnes raisons pour entreprendre un voyage en caravane dans cet extrême ouest anglais. La proximité d’abord : il suffit de quelques heures de bateau, depuis Roscoff (Finistère), pour rallier Plymouth. La nature ensuite, sauvage et magnifique, piquetée de villages typiques & so british. La douceur de vivre, enfin : sous le crachin ou par grand soleil, quel plaisir d’arpenter cette campagne vallonnée et ces plages aux eaux turquoise !
Cornouailles » – Cornwall en anglais – sonne comme notre Cornouaille, partie sud du Finistère. Est-ce un morceau de Bretagne qui aurait poussé en Angleterre, ou le contraire ? En tout cas, les deux régions se ressemblent beaucoup. Limitées à l’est par une ligne qui va de Plymouth, au sud, à Hartland au nord, les Cornouailles forment un triangle d’environ 70 km de long, dont la pointe est formée par la péninsule de Penwith. Plus à l’ouest, en mer, se trouve l’ultime terre britannique européenne, les îles de Scilly, paradis des phoques, des oiseaux de mer et des randonneurs…
Petits ports du sud
Le ferry accoste à Plymouth : c’est l’occasion de visiter ce port qui présente quelques points d’intérêt, comme The Barbican, ancien quartier de pêcheurs rénové. Southside Street descend jusqu’au port (Sutton Harbour), sur lequel on peut se recueillir au Mayflower Steps Memorial. Celui-ci marque l’endroit où ont embarqué en 1620 les passagers du Mayflower, premiers Européens à s’installer sur le continent américain. Après une balade sur The Hoe, la colline qui abrite la citadelle militaire et un agréable parc, on reprend la voiture et la caravane, direction l’ouest, via la A38, 2x2 voies qui permet d’entrer en Cornouailles. Tout commence sur le Tamar Toll Bridge, grand pont double qui franchit la Tamar River, frontière naturelle entre le Devon et les Cornouailles. Première étape, voici Looe, station balnéaire construite au bord d’un estuaire divisé en deux bras, la West et la East Looe River. Une fois la voiture garée, on marche quelques centaines de mètres avant de traverser la rivière. Le village s’étire le long de Fore Street, pleine de cafés, de boutiques et de restaurants, et qui mène à une jolie plage de sable blanc. En remontant depuis celle-ci le long de Buller Street, on longe le port, qui alterne bateaux de pêche et bateaux de promenade. On peut se laisser tenter par une petite croisière, le long de la côte, pour aller visiter les villages de Mevagissey ou Polperro. Justement, Polperro : ce petit village est caché entre deux falaises verdoyantes, plantées de charmantes maisons blanches. Là aussi, il faut laisser la voiture au parking, en haut du village. De là, on peut se rendre sur le tout petit port de pêche à bord de l’un des deux microbus électriques, Maud et Lizzie, qui, depuis les années cinquante, assurent la
liaison moyennant 1,40 livre. Mais on peut tout aussi bien parcourir les 750 m à pied. On découvre alors des ruelles tortueuses bordées de jolies maisons basses et de jolis pubs, comme The Ship Inn, avec son enseigne en figure de proue, The Three Pilchards (derrière le port) ou The Blue Peter Inn, entre le port et la digue. Le port avec son double-bassin, est au bout du village. Deux belles balades partent de part et d’autre du port. Elles empruntent le « Coastal Path », un sentier de randonnée de près de 500 km de long, très bien balisé, qui relie tous les villages, toutes les plages et tous les centres d’intérêt des Cornouailles.
Jardins de rêve
On peut continuer à visiter les villages, Fowey, Polruan, Mevagissey et St Austell. Si elle ne présente pas d’intérêt particulier, St Austell est située entre deux merveilles botaniques, The Eden Project à l’est et The Lost Gardens of Heligan à l’ouest. Créé à la fin des années 90, le premier parc pourrait ressembler à une station spatiale : deux gigantesques serres formées chacune de plusieurs dômes géodésiques. Ces serres, qui seraient les plus grandes du monde, présentent des biotopes de différentes régions. D’un côté, on peut visiter une zone humide (« Rainforest ») qui présente des paysages d’Asie ou d’Afrique équatoriale ; de l’autre, on parcourt le « Mediterranean Biome » qui offre des paysages de régions plus tempérées voire plus sèches. OEuvres d’art, tyrolienne, passerelle dans la canopée, expositions, aires de jeux et jardins extérieurs présentant la végétation des Cornouailles viennent compléter l’expérience. Autre jardin, autre ambiance : voici, à l’ouest de St Austell, The Lost Gardens of Heligan. Cet extraordinaire jardin botanique se déploie autour d’un manoir qui a appartenu pendant plusieurs siècles à la même famille. Abandonnés au XXe siècle, les jardins furent redécouverts par Tim Smit, le créateur de l’Eden Project, qui incita les héritiers à redonner au parc toute sa splendeur passée. Résultat : un patchwork d’univers, d’une forêt de bambous peuplée de « géants verts » (des sculptures géantes à demi enfouies) à d’extraordinaires potagers, en passant par la « vallée perdue » et la jungle, avec son pont suspendu et ses incroyables fougères arborescentes…
En route vers l’Ouest
La route continue, d’abord via Truro, capitale des Cornouailles dont l’agréable centre est tracé de ruelles charmantes ; puis via Falmouth, port réputé pour ses longues plagesainsi que pour son très beau musée maritime (National Maritime Museum Cornwall).
Il faut ensuite aller visiter le point le plus au sud de la Grande-Bretagne, le cap Lizard ou « Lizard Point », célèbre pour les amateurs de voile puisqu’il constitue traditionnellement le point de départ des courses transatlantiques. Au bout d’une longue plaine assez désolée, on arrive au bord de la mer, dans laquelle plongent de vertigineuses falaises de roche noire dont le sommet est parcouru, comme il se doit, par le Coastal Path. Au bout du cap se trouve le phare de Lizard. Construit en 1751, ce long bâtiment immaculé est entouré de deux petites tours dont, à l’est, la tour à feu, avec son fanal à carreaux, typique des phares britanniques. S’avançant vers la mer, un petit bâtiment arrondi supporte deux énormes et menaçantes cornes de brume… Moyennant quelques livres, on peut visiter une exposition d’objets provenant de différents phares et monter au sommet de la tour.
Au bout de l’Europe
Voici la péninsule de Penwith, but ultime du voyage. Une lande battue par les vents, une côte acérée ponctuée de quelques caps
(le surexploité Land’s End et Cape Cornwall, plus nature) et des plages, toutes plus sauvages les unes que les autres. Penwith offre quelques surprises, à commencer par le Saint Michael’s Mount. Accessible à pied à marée basse (en bateau à marée haute), cet îlot héberge depuis le XIe siècle le jumeau de notre MontSaint-Michel, les deux monastères ayant été construits par les mêmes Bénédictins. En longeant la côte, on finit par atteindre Penzance, la ville la plus occidentale d’Angleterre, avec ses jolies rues et son port de pêche, d’où l’on s’embarque pour les îles de Scilly. Si l’excursion vaut vraiment le coup, il vaut mieux prévoir plusieurs jours. Passée Penzance, on croise Mousehole, village ultra-charmant avec son micro port arrondi, Porthcurno et ses plages immaculées et son étonnant théâtre de plein air, le Minack Theatre, planté sur les falaises puis, enfin, Sennen Cove avec son intéressante station de sauvetage en mer… La balade continue, en voiture ou à pied, le long de la côte nord, marquée par l’exploitation minière (voir encadré ci-contre), jusqu’à Zennor, charmant petit village qui déploie ses maisons de granit au pied de l’église Saint Senara, au fond de laquelle on peut voir une étonnante gravure représentant une sirène… Ici, le Coastal Path offre ses tronçons les plus spectaculaires. Enfin, fermant le bout du bout de la péninsule de Penwith, St Ives est assurément la ville la plus charmante des Cornouailles. Traversée de jolies rues pavées, bordées de boutiques d’artisanat et de restaurants, St Ives est constamment animée et l’on y trouve plusieurs musées et galeries d’art, dont une annexe de la célèbre Tate Galery de Londres, la Tate St Ives, où l’on peut admirer des oeuvres d’art de toutes les époques. St Ives, c’est également un port (au fond duquel on peut marcher à marée basse) mais aussi de très belles plages dont Porthmeor Beach, très prisée des surfeurs… Après St Ives, vers le nord, la côte continue, toujours plus découpée et plus sauvage, ponctuée d’agréables stations balnéaires et de petits ports, Peranporth, Padstow, Newquay, PortIsaac, jusqu’à Tintagel et son château en ruines, où serait né le roi Arthur… De là, on peut, en empruntant une autre des plus belles portions du Coastal Path, rejoindre Boscastle, tout petit port vieux de 500 ans, caché au fond d’un bras de mer qui circule entre de hautes falaises...