Sirènes souverainistes
Embarquement pour l’aventure
Porté par les événements – crise grecque, crise migratoire –, jamais le vent souverainiste – et l’idée que la France s’en sortirait mieux en restaurant le protectionnisme à ses frontières – n’a soufflé aussi fort. Les souverainistes de tous poils, qu’ils soient de gauche ou de droite, se retrouvent pour critiquer “l’Europe supranationale” qui sacrifie, selon eux, “les intérêts nationaux”. Mais le sérieux de leurs contre-propositions reste encore très largement à démontrer. Ils n’ont toujours pas élaboré de plan B alternatif à l’euro véritablement crédible. Alors prêts pour l’aventure ?
Des ralliements inattendus d’intellectuels, à l’instar du philosophe libertaire Michel Onfray, de l’économiste de gauche Jacques Sapir ou du consultant ancien barriste Hervé Juvin ; une estrade inédite sur laquelle on a vu côte à côte le républicain JeanPierre Chevènement et le leader de Debout la France, Nicolas Dupont Aignan ; enfin, la violente charge de Marine Le Pen au Parlement européen traitant François Hollande de “vassal” d’Angela Merkel : jamais la mouvance souverainiste n’a autant occupé le terrain. Et son credo – la France arriverait à mieux régler seule ses problèmes en restaurant le protectionnisme à ses frontières – reçu autant d’écho. Cette vision nationale de l’avenir n’est certes pas une exception française. Au RoyaumeUni, les premiers sondages sur le référendum à propos de l’appartenance du pays à l’Union européenne donnent la majorité aux partisans du “Brexit”. Et quasiment tous les pays européens sont plus ou moins touchés par le virus de la tentation du repli sur soi euro-sceptique. Mais parce que notre pays s’est historiquement construit, plus que tout autre, autour du concept d’État-nation, il n’est pas surp prenant de voir la thématique souverainiste y prospérer à nouveau, surtout en temps de crise.