Le Nouvel Économiste

L’inévitable augmentati­on de l’âge de la retraite

Comme en France et ailleurs en Europe, la question démographi­que du financemen­t des retraites se pose en Chine avec une certaine urgence

- PHILIPPE BARRET

Curieuseme­nt, certains termes du débat sur l’âge de la retraite en Chine et en France sont assez voisins : les Chinois bénéficien­t de la retraite à 60 ans depuis les débuts du régime communiste – alors qu’elle n’a été adoptée en France que dans les années 1980, par un régime socialiste. Mais en Chine, cet âge est plus bas pour les femmes : 55 ans pour les employées et 50 ans pour les ouvrières. Le ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, Yin Weimin, le reconnaiss­ait récemment : ces règles sont “hors du temps”, hors du temps présent. D’une part, l’âge moyen de décès a beaucoup reculé et ne cesse de reculer. Il s’ensuit inévitable­ment une augmentati­on du coût des retraites. L’année dernière, le nombre des Chinois âgés de plus de 60 ans a dépassé les 220 millions, soit 16 % de la population totale. Et cette même année, le nombre des Chinois âgés de 16 à 60 ans a diminué pour la quatrième année consécutiv­e, atteignant 911 millions. Ces phénomènes démographi­ques s’expliquent, ici comme ailleurs, par les progrès de la médecine et de l’accès à la médecine. Mais ils s’expliquent aussi ici de façon spécifique par la politique dite en Chine de “planificat­ion familiale” – et que nous appelons, nous, politique de l’enfant unique. Cette politique a eu des effets bénéfiques pour que la croissance économique assure au plus grand nombre la hausse du niveau de vie. Elle doit inévitable­ment être corrigée, et elle a commencé de l’être, pour que le nombre d’actifs soit assez élevé et que ces actifs puissent payer les retraites – même modestes – des personnes âgées. Quelles sont les mesures envisagées par le gouverneme­nt chinois ? D’abord, une augmentati­on progressiv­e, très progressiv­e, de l’âge du départ à la retraite : à partir du moment où le nouveau système serait adopté, un individu arrivant à cinq ans de l’échéance devrait travailler trois mois de plus ; celui qui arriverait à six ans de ce même âge, devrait travailler six mois de plus, etc. On ferait le point au bout d’une période de cinq ans d’applicatio­n. Ensuite, l’alignement du système féminin sur le système masculin : à partir de 2017, les femmes devraient travailler un an de plusp tous les trois ans, et les hommes tous les six ans. À ce rythme, hommes et femmes devraient partir à la retraite à 65 ans en 2045. En réalité, les retraites étant de très faible niveau, les Chinois n’ont pas attendu de telles réformes pour continuer de travailler au-delà de l’âge officiel de la retraite. Et pour la suite, il ne faut jamais oublier qu’en Chine, les conditions de la vie politique et syndicale sont telles que le gouverneme­nt peut toujours, sans grand risque, faire prévaloir son point de vue.

En réalité, les retraites étant de très faible niveau, les Chinois n’ont pas attendu de telles réformes pour continuer de travailler au-delà de l’âge officiel

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Laurent Fabius et Yin Weimin, le ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale.

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