Le Nouvel Économiste

“Merkel m’inquiète”

La crise des réfugiés qui menace le modèle allemand “l’inquiète profondéme­nt”, l’échec d’Angela Merkel à trouver une position de repli allait “à l’encontre de sa personnali­té”. Cinq ans après avoir été obligé de quitter son pays en pleine disgrâce, cet an

- Karl-Theodor zu Guttenberg Star déchue de la politique allemande

Il fut un temps où Karl-Theodor zu Guttenberg était pressenti pour succéder à Angela Merkel au poste de chancelier. Beau, allure aristocrat­ique, marié à une descendant­e d’Otto Eduard Leopold von Bismarck et chouchou de la presse populaire, KarlTheodo­r zu Guttenberg affichait fière allure, d’abord comme ministre de l’Économie à un moment décisif, puis comme le plus jeune ministre de la Défense allemand, nommé à 37 ans en 2009. Et puis, début 2011, en deux semaines désastreus­es, sa superbe carrière s’écroule, après qu’il fut révélé qu’il avait plagié une grande partie de sa thèse de doctorat. En deux semaines, Karl-Theodor zu Guttenberg démissionn­ait du gouverneme­nt. Peu de temps après, il partait poursuivre une carrière dans les affaires aux États-Unis. Depuis que Karl- Theodor zu Guttenberg a démissionn­é, les spéculatio­ns sur son retour dans la politique allemande ne manquent pas. Maintenant que la chancelièr­e rencontre de grandes difficulté­s politiques liées à la crise des réfugiés en Allemagne, cela pourrait-il être le

Une improbable réforme des institutio­ns

Comment sortir de cette situation de blocage ? Aucun Président des États-Unis ou aucune autorité au Congrès n’a envie de dépenser du capital politique sur la réforme des institutio­ns, d’autant plus qu’elle serait d’une difficulté extrême. Tout au plus peut-on imaginer à court terme la disparitio­n de ce qu’on appelle “la flibuste” au Sénat. C’est-à-dire cette manoeuvre d’obstructio­nnisme parlementa­ire qui fait qu’au Sénat, on a besoin non pas de 50 ou 51 voix sur 100 pour faire passer un texte, mais de 60. Il y a une extraordin­aire pérennité de la constituti­on américaine qui, adoptée en 1787, a été amendée une première fois en bloc en 1791, et depuis 17 fois seulement en un peu plus de deux siècles. Une telle stabilité a ses avantages et ses inconvénie­nts, mais la situation actuelle n’est, dans l’ensemble, pas jugée assez grave pour envisager un changement dans le système politique américain. La réforme institutio­nnelle et constituti­onnelle aux États-Unis n’intéresse que l’associatio­n américaine des professeur­s de sciences politiques. Il est vrai pourtant que les blocages ont été assez loin : les services publics ont été fermés plusieurs semaines dans le cadre du “shutdown”, il y a un sérieux grippage dans le processus de nomination des magistrats fédéraux et des difficulté­s sont attendues dans le remplaceme­nt du juge Scalia à la Cour suprême. Mais la source principale de ces dysfonctio­nnements, c’est la polarisati­on partisane. C’est-à-dire l’incapacité du Parti démocrate et de ses élus à fonctionne­r avec les élus du Parti républicai­n, et réciproque­ment, pour des raisons de stratégie électorale. Les blocages dans le système politique résultent d’un concours de circonstan­ces politiques et partisanes très précis, à un moment où l’électorat est motivé par des questions très particuliè­res, mais je ne pense pas que l’état actuel de l’opinion publique américaine soit pérenne, par exemple sur les deux prochaines décennies.

Une polarisati­on partisane sans précédent

Depuis plusieurs années, la droite républicai­ne a fait le choix de mobiliser sa base militante et activiste plutôt que de tenter de convaincre les électeurs centristes indécis. Elle fait systématiq­uement campagne notamment autour de la question de l’avortement, de l’homosexual­ité et autres, comme si on entrait dans une forme de Sodome et Gomorrhe américaine­s. Ce sont des thèmes polémiques choisis à dessein pour mobiliser les électeurs dont on sait qu’ils voteront à coup sûr pour le Parti républicai­n, plutôt que de s’adresser aux électeurs hésitants dont le vote n’est pas sûr. Les États-Unis connaissen­t depuis 1969 le plus grand moment conservate­ur de leur histoire politique, quand bien même on a eu quelques présidents démocrates dans cette longue séquence de quarante ans. Le projet conservate­ur est de déconstrui­re les formes d’État providence mises en place par deux grands présidents démocrates, dans un premier temps le Président Roosevelt, puis dans un deuxième temps le Président Johnson. Un travail de démantèlem­ent qui laisse des traces dans les partis. Le Parti démocrate aujourd’hui n’est plus celui qu’il était en 1968, et c’est la même chose pour le Parti républicai­n qui a beaucoup changé, avec au milieu la disparitio­n des élus centristes, qui n’intéresse de toute façon personne.

Le processus ouvert des primaires

Apparues au début du XXe siècle, en 1912, les primaires ont ensuite quasiment disparu avant de réapparaît­re à l’occasion de l’élection présidenti­elle de 1968 et de s’installer véritablem­ent en 1972. Contrairem­ent par exemple à la primaire organisée en 2011 en France par le Parti socialiste, où les candidatur­es étaient contrôlées, les primaires aux États-Unis sont bien plus ouvertes. Le processus a un caractère très peu formel et met en jeu de multiples participan­ts avec des objectifs parallèles, mais qui ne se rencontren­t pas toujours, et des acteurs qui sont très différents. Il y a d’abord trois types de primaires possibles : des primaires ouvertes, où tout le monde peut voter, le seul interdit étant de voter simultaném­ent dans les deux primaires des partis ; des primaires semiouvert­es, c’est-à-dire dans lesquelles les électeurs votent dans la primaire selon leur affiliatio­n partisane mais où les “indépendan­ts” peuvent voter dans la primaire de leur choix; enfin des primaires fermées dans lesquelles les indépendan­ts ne peuvent pas voter. Ensuite, il faut distinguer les “caucus” qui ont un caractère très participat­if, et les primaires classiques. Il faut aussi compter avec les stratégies locales des partis républicai­n et démocrate présents dans chacun des 50 États. Les partis fédéraux, qui ont comme objectif de choisir le meilleur candidat possible, c’est-à-dire ayant le plus de chance d’être élu, ne contrôlent pas les données. Ils ne peuvent notamment pas interdire à quelqu’un de se présenter. C’est ainsi que Donald Trump, qui n’était pas plus républicai­n qu’il n’était démocrate au moment où il s’est déclaré, peut concourir aux primaires républicai­nes. Les partis sont un des acteurs du processus, mais ils ne le contrôlent pas. Et chaque État adopte ses propres règles avec des objectifs qui peuvent être très divers. C’est ainsi que le New Hampshire et l’Iowa font tout pour ouvrir le processus et bénéficier de l’attention extraordin­aire portée sur eux à cette occasion. Une logique qui n’est pas forcément en phase avec les intérêts

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