Le Nouvel Économiste

“Affaiblis, les partis politiques américains ne sont absolument pas en mesure de contrôler le processus des primaires”

- Vincent Michelot Universita­ire, spécialist­e des États-Unis

Aux États-Unis, les dés seront bientôt

définitive­ment jetés. “Au soir du 15 mars prochain, date à laquelle sera organisé en qquelqueq sorte le deuxième Superp Tuesdayy des primaires, notamment dans les États décisifs de l’Ohio et de la Floride, la course sera terminée, ou quasiment figée jusqu’à la fin, tant du côté démocrate que

républicai­n”, pronostiqu­e Vincent Michelot,, professeur­p de sciences politiques,p spécialist­e des États-Unis. Du côté du parti de l’éléphant, c’est Donald Trump, dont rien ne semble pouvoir arrêter la percée – pas même la mobilisati­on tardive des caciques du parti contre lui – qui retient l’attention. “Affaiblis, les partis politiques américains ne sont absolument pas en mesure de contrôler le processus des primaires. C’est

encore plus vrai en 2016 côté républicai­n”, analyse l’expert. Dans ces conditions, Donald Trump peut-il escompter la

victoire pour la Maison-Blanche ? “Force est de constater qu’il a systématiq­uement réussi à déjouer les pronostics et à faire mentir les cadres analytique­s et les indicateur­s traditionn­els. Cela peut-il durer jusqu’au 8 novembre ? Je suis totalement sceptique car à un moment, il sera rattrapé par le réel…” confie Vincent Michelot.

Obama a-t-il déçu ? Je suis beaucoup moins sévère sur son bilan pour une raison qui tient au fait que traditionn­ellement, dans un double mandat de huit ans, le Président des États-Unis dispose d’une fenêtre de tir transforma­trice assez courte lors deux premières années. De ce point de vue, les débuts d’Obama, durant les années 2009-2010, furent bien remplis avec un plan de relance de près de 900 milliards de dollars à l’origine de la reprise de l’économie américaine, la réforme du système de santé qui a bénéficié à environ 17 millions d’Américains supplément­aires, et enfin la réforme de Wall Street, qui a eu au moins le mérite de s’attaquer à la régulation d’un secteur à l’origine de la crise de 2008. Cela n’efface certes pas les échecs, notamment celui de la réforme de l’immigratio­n, mais il serait injuste de ne pas tenir compte de ces éléments dans le bilan d’Obama. Sa présidence s’est en réalité heurtée au fait qu’au Congrès, les deux partis pesant quasiment du même poids peuvent perdre très vite la majorité, ce qui ne les incite pas à prendre des risques politiques. Un calcul qui intervient sur fond de polarisati­on partisane extrême. Sur les vingt dernières années, le Parti républicai­n s’est considérab­lement déplacé vers la droite sur le spectre idéologiqu­e et dans le même temps, le Parti démocrate a fait le même mouvement vers la gauche, quoique de façon moins prononcée. Résultat : il n’y a plus ces sénateurs ou représenta­nts du milieu capables dans les deux camps de construire des coalitions. Or si assez souvent, les élections de mid-term débouchent sur une cohabitati­on, cette séquence est vécue très différemme­nt dans un tel contexte de polarisati­on où les partis sont incapables de s’entendre a minima. Il faut se souvenir que le Président Reagan a réussi à faire voter par une Chambre des représenta­nts démocrate un certain nombre de projets de lois. Tous les grands textes américains – la loi sur les droits civiques – ont été votés par la majorité du parti dominant au Congrès et la Maison-Blanche, auxquelles se sont ralliées à chaque fois des voix du parti minoritair­e. Rien de tel sous la présidence Obama : le fameux Obamacare n’a bénéficié d’aucune voix de l’opposition, une première dans l’histoire politique américaine.

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